Le Maroc, qui dispose déjà d'un dispositif juridique important réglementant la greffe d'organes,œuvre pour le perfectionner à travers la révision ou l'amendement de certaines de ses dispositions, a indiqué jeudi à Fès un responsable au ministère de la Santé. Intervenant lors d'une journée, organisée par le CHU Hassan II de Fès sur "la greffe d'organes au Maroc entre Islam et éthique", M. Zadmari Mohamed, chef de la division de la réglementation à la direction de la réglementation et du contentieux au ministère de la Santé, a précisé que cette réglementation concerne un secteur qui a pour objectifs de sauver des vies humaines, d'éviter le trafic d'organes et de protéger l'action des professionnels. Il a fait savoir de même que ce dispositif juridique à connotation bioéthique doit être considéré non pas comme un frein mais plutôt comme un cadre qui permet de baliser la voie à suivre pour le développement de la médecine et de la recherche de greffes d'organes et de tissus humains. Les textes adoptés dans ce cadre constituent un ensemble quasi complet, qui est venu combler un vide juridique ayant pendant longtemps contribué au ralentissement de la greffe au Maroc, a-t-il noté, ajoutant que le projet d'arrêté fixant les règles de bonnes pratiques de prélèvement, de transplantation, de transport et de conservation des organes et tissus humains est en cours de finalisation. Evoquant le dahir N0 1-99-208 du 25 août 1999 portant promulgation de la loi N0 16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d'organes et de tissus humains, il a rappelé que celle-ci définit les conditions dans lesquelles ces opérations peuvent s'effectuer, s'agissant du don et du prélèvement d'organes sur une personne vivante ou sur une personne décédée et du prélèvement sur une personne décédée dans certains hôpitaux publics. Selon les dispositions de cette loi, il est nécessaire de respecter un certain nombre de principes en matière de don d'organes relatifs à la gratuité de l'acte, au consentement global du donneur, au respect de l'anonymat, à l'information du receveur et à la confidentialité de l'opération, a-t-il souligné. Pour sa part, le Pr Nabil Kanjaa, chef du service de réanimation au CHU Hassan II de Fès, a appelé les oulémas à se prononcer de "manière claire" et "définitive" sur la légitimité ou pas des greffes d'organes pour libérer la conscience des professionnels". "Nous sommes des médecins marocains musulmans et nous avons besoin de savoir de manière claire la position de notre religion" sur cette question, a-t-il martelé, soulignant que les prélèvements d'organes ne s'effectuent que sur des donneurs décédés en état de mort encéphalique. Répondant aux interrogations soulevées à ce sujet, il a précisé qu'il n'ya pas "une seule publication scientifique au monde qui a fait savoir qu'une personne, dont la mort encéphalique a été confirmée, a retrouvé la vie. C'est faux car la réglementation en vigueur est précise et claire pour éviter tout dérapage à ce sujet ", a-t-il dit, notant que les expériences dans des pays européens et musulmans (Tunisie et Arabie Saoudite) montrent la nécessité de recourir à de telles greffes pour sauver des vies humaines et alléger les souffrances de nombre de patients, comme c'est le cas de la transplantation du rein qui fait éviter de lourds traitements (dialyse). En général, a-t-il noté, les transplantations les plus fréquentes sont celles du rein, du foie, du cœur, du poumon, du bloc cœur/poumon, du pancréas et plus rarement de l'intestin, ainsi que les greffes de cornée,os,valves cardiaques ou vaisseaux sanguins et de la moelle osseuse. Cette journée est organisée par le CHU Hassan II de Fès à l'occasion de son 1er anniversaire. Elle a pour but d'approfondir la réflexion sur la greffe d'organes au Maroc avec la participation de professionnels de la santé, d'oulémas, de juristes et d'intellectuels de divers horizons.