La Conférence régionale sur la liberté des médias dans l'espace Euromed, organisée lundi et mardi à Marrakech par la Commission européenne et le Centre pour la liberté des médias en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (CMF MENA), a aidé à clarifier le débat sur la liberté de la presse et son instrumentalisation, a souligné M. André Azoulay, président de la Fondation Anna Lindh. Intervenant mardi à la clôture de cette Conférence, M. Azoulay a déclaré que "la réunion de Marrakech nous aura fait progresser collectivement en nous aidant à clarifier le débat sur la liberté de la presse et l'instrumentalisation de cette liberté par ceux qui prêchent la haine et la fracture de nos sociétés". Il s'est également félicité du consensus exprimé par les participants à cette Conférence pour opposer aux discours régressifs de la rupture culturelle et sociale, le discours de la raison et de la maturité. En faisant ce choix et en inscrivant leur démarche dans cette perspective, les médias de notre région sont en parfaite cohérence éthique et déontologique avec les exigences qu'impose la responsabilité d'informer, a ajouté le président de la Fondation Anna Lindh. Pour M. Azoulay, c'est en "résistant avec la même détermination à l'islamophobie et à toutes les formes d'exclusion et de racisme que l'on donne ses vraies chances à un espace euro-méditerranéen réconcilié avec la profondeur de ses valeurs fondatrices". Il a salué, dans ce sens, la présence dans la salle de la jeune journaliste égyptienne Ethar El-Katatney, dont le travail sur "les identités en crise" lui a valu le Prix 2009 du meilleur journaliste méditerranéen décerné par la Fondation Anna Lindh et dont le jury était présidé cette année par l'écrivain Amin Maalouf. "Je suis heureux à cet égard que ce soit à Marrakech, au cœur de l'histoire et de la civilisation marocaine, que des dizaines de journalistes venus d'une trentaine de pays aient décidé de s'organiser pour mettre en place les réseaux et les instruments de veille et de pédagogie qui vont redonner au dialogue des cultures, des religions et des civilisations sa vraie légitimité", a-t-il noté. Il a fait observer que les recommandations de la Conférence de Marrakech seront débattues, du 4 au 7 mars prochain à Barcelone, dans le cadre du grand Forum organisé par la Fondation Anna Lindh pour faire entendre la voix des sociétés civiles des 43 pays de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Près de 600 ONG participeront dans la capitale catalane à ce rassemblement exceptionnel, dont le programme prévoit plusieurs débats qui feront une large place au rôle et à la responsabilité des médias "dans la construction d'une société euro-méditerranéenne lucide, ambitieuse et sans complexe", a estimé le président de la Fondation Anna Lindh. Auparavant, le chef de la délégation de la Commission européenne au Maroc, M. Eneko Landaburu, avait brossé un tableau sur les libertés de presse et d'expression en Europe. Tout en relevant l'existence d'une longue tradition de liberté de presse dans certains pays européens, il a fait observer que l'un des vertus du processus d'intégration a été de canaliser nombre de pays sur des bases, des valeurs et des principes qui affirment la démocratie, le respect des droits de l'homme et les libertés fondamentales. La liberté d'expression et de presse reste tributaire de l'existence d'un "cadre légal clair", a-t-il dit, estimant que cette liberté "ne tombe pas du ciel mais elle est un combat permanent quelque soit le cadre dans lequel évolue le journaliste". M. Landaburu a, d'autre part, souligné la nécessité de faire montre de vigilance et de lutter politiquement en vue de parachever cette liberté de presse et de combattre les dangers qui entravent son élargissement. La défense des libertés fondamentales est une partie intégrante du projet de politique extérieure de l'UE, a-t-il, en outre, affirmé. La séance de clôture, animée par M. Jamal Eddine Naji, président du CMF MENA, s'est déroulée en présence notamment des ambassadeurs de Grande-Bretagne et du Portugal, ainsi que des représentants des ambassades d'Allemagne, d'Espagne, de la République tchèque et d'Egypte à Rabat. Cette Conférence régionale de deux jours a connu la participation de plus de 80 journalistes qui ont débattu de problématiques en relation avec plusieurs thématiques, dont la liberté d'expression des journalistes, le discours de la haine et le rôle des médias dans le dialogue interculturel, ainsi que les modèles de formation des journalistes. Des thèmes relatifs à la problématique de la déontologie, aux contraintes à la liberté du mouvement des journalistes dans la région euro-méditerranéenne, la protection et la sécurité des journalistes en zones de conflits et de tensions, le droit des journalistes à l'accès à l'information publique dans leurs pays et par rapport aux institutions intergouvernementales du partenariat Euromed ont été aussi au menu de cette rencontre.