Feu Mohamed Berdouzi fut l'un des principaux artisans de l'ombre des grands chantiers de réforme de la dernière décennie, a affirmé le président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), M. Driss El Yazami. Le défunt avait deux passions, à savoir la défense des droits humains et la réforme de l'éducation, écrit El Yazami dans un article publié dans le dernier numéro de l'hebdomadaire "Jeune Afrique". Membre de la commission consultative de révision de la Constitution, ce docteur en droit et en sciences politiques n'en ratait presque jamais une séance malgré la maladie, poursuit EL Yazami, notant que ses collègues de la commission Mennouni savent tout ce que le texte fondamental marocain, adopté par référendum le 1er juillet, lui doit, tout comme ses amis de la commission Azziman, chargée auparavant de réfléchir sur la régionalisation avancée. Emprisonné au début des années 1970, rappelle le président du CNDH, feu Berdouzi était l'un des fondateurs de l'extrême gauche. Il rompt très vite avec le dogmatisme de cette première école politique sans renoncer pour autant à son idéal démocratique. C'est ainsi, ajoute-t-il, que M. Berdouzi poursuit le combat pour le respect des droits humains au sein du Conseil consultatif des droits de l'homme (CCDH), puis comme membre de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) et y tient un rôle essentiel, notamment dans l'élaboration des recommandations de réformes institutionnelles garantissant la non-répétition des violations, recommandations reprises quasi intégralement dans la nouvelle Constitution. Il occupa aussi une place centrale dans la rédaction du rapport sur le cinquantenaire, piloté par le conseiller de SM le Roi feu Meziane Belfkih et qui dresse un bilan sans concession de cinquante ans d'indépendance. Pour ce qui est de son autre passion (la réforme de l'enseignement), feu Berdouzi fut, à ce titre, l'un des principaux contributeurs à la rédaction de la Charte nationale d'éducation et de formation, et siégea au Conseil supérieur de l'enseignement, ajoute M. El Yazami, précisant que la contribution du défunt aux grands chantiers de réforme était assurée avec efficacité et discrétion, grâce à une capacité de travail rare et un appétit pour le savoir dont témoignent ses divers travaux.