Depuis son installation en février dernier, le Conseil économique et social (CES) "a avancé" sur deux sujets prioritaires: "la charte sociale et l'emploi des jeunes", a indiqué le président du conseil, M. Chakib Benmoussa, qui se félicite de voir les missions de l'institution étendues au développement durable avec la nouvelle constitution. "La nouvelle constitution, adoptée le 1-er juillet, vient étendre les missions du CES, puisqu'il sera sollicité sur les questions touchant au développement durable en devenant un conseil économique, social et environnemental", a-t-il précisé dans un entretien paru dans le dernier numéro de l'hebdomadaire "Jeune Afrique", paraissant en France. En outre, "en consacrant la démocratie participative et sociale", le nouveau texte souligne le rôle des syndicats, des organisations professionnelles et de la société civile, qui "constituent les principales composantes du CES", a ajouté M. Benmoussa qui voit dans la nouvelle constitution "une avancée majeure dans les droits et libertés garantis, dans le renforcement de la place et du rôle des institutions". "Nous avons là l'armature d'un édifice prometteur. Il s'agit maintenant de consolider celui-ci et de le faire vivre. Tous les acteurs devront se mobiliser pour cela (...) Les défis sont grands et il est fondamental de renforcer la confiance entre l'Etat et la société", a-t-il souligné, en se disant "très optimiste" pour l'avenir. S'agissant de l'action future du conseil, M. Benmoussa a indiqué que le CES s'attèlera à quatre nouveaux chantiers: "la gouvernance des services publics et les relations entre administration et citoyens", "l'inclusion des jeunes par la culture", "l'économie verte" et "la cohérence des stratégies sectorielles". Interrogé sur le risque d'interférence entre les compétences du CES avec celles du Parlement ou encore du gouvernement, M. Benmoussa a tenu à rappeler d'abord que le conseil n'a pas pour vocation à interférer dans la compétition politique qui reste du ressort du Parlement. Mais cela n'empêche pas le conseil d'user de tous les leviers d'influence mis à sa disposition, "précisément parce qu'il n'est pas directement dans l'action gouvernementale". "Il s'agit à la fois d'écouter la société et ses attentes, de prendre en compte son expertise, de suggérer une action, tout en attirant l'attention de tous quand un décalage existe entre les attentes et l'action", a-t-il précisé. "Nous voulons être la caisse de résonance des signaux faibles de la société. Nous ne sommes pas un contre-pouvoir, mais plutôt le lieu où s'expriment des sensibilités différentes, ainsi qu'un espace entre acteurs ayant des positions différentes sur certaines réformes structurelles", a insisté M. Benmoussa. "Nous ne serons pas un bureau d'études. Nous nous appuierons sur les études et publications existantes, mais nous les mettrons en débat", a-t-indiqué, avant de conclure que "pour que nos avis soient pris en compte et ne soient pas simplement rangés dans les tiroirs, ils doivent être pertinents".