Le soulèvement du 29 janvier 1944 dans plusieurs villes du Maroc pour dénoncer l'arrestation par les autorités coloniales de leaders du mouvement national se situe dans la dynamique de l'élan de libération créé par la présentation le 11 janvier 1944 du Manifeste de l'Indépendance du Royaume, a souligné samedi à Fès, M. Mustapha El Ktiri, Haut commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération. Intervenant lors d'une conférence, initiée sous le thème "Fès et la consécration des valeurs patriotiques: évènements des 29, 30 et 31 janvier 1944", M. El Ktiri a rappelé que ces manifestations, qui ont eu lieu à Rabat, Salé, Fès, Azrou, Meknès et Marrakech, constituaient la réponse la plus appropriée aux campagnes d'arrestation et de répression, menées par les autorités du protectorat contre tous ceux qui soutenaient les revendications contenues dans le Manifeste d'Indépendance. A Fès, où cet acte fondateur a été signé, ce soulèvement sanglant a duré pendant trois jours (29,30 et 31 janvier 1944), durant lesquels plusieurs manifestants, hommes et femmes ont été tués ou arrêtés, comme ce fut le cas à Rabat et Salé, a-t-il dit. A Rabat, les manifestations qui ont eu lieu le 29 janvier 1944, s'étaient distinguées par la participation de Feu SM Hassan II, alors Prince héritier, a-t-il noté. Après avoir pris connaissance de ces manifestations, Feu SM Hassan II, alors Prince héritier, qui se trouvait au Collège royal, a escaladé le mur de l'enceinte du Collège pour aller rejoindre les manifestants, a rappelé M. El Ktiri. Plus tard, a-t-il ajouté, le regretté Souverain, exprimant ses impressions sur cet événement, avait souligné que ce jour, au cours duquel les manifestants ont envahi les rues de Rabat pour réclamer l'indépendance, a marqué à jamais sa mémoire, rappelant qu'il était accompagné ce jour-là par trois de ses camarades du Collège Royal et qu'ils criaient tous d'une seule voix: "Nous obtiendrons l'indépendance". M. El Ktiri a souligné aussi que Feu SM Mohammed V, réagissant à la répression menée par les autorités du protectorat a demandé, avec insistance, la libération de tous les détenus, mais les autorités du protectorat, prétextant la mort d'un Européen, ont choisi la fuite en avant en déployant leurs forces pour encercler la ville de Rabat et tirer sur les manifestants, dont un certain nombre ont été tués, alors que d'autres ont été arrêtés et condamnés à des peines d'emprisonnement. Défiant les autorités du protectorat, d'autres villes ont organisé des manifestations similaires pour dénoncer l'attitude répressive des autorités et réclamer de manière claire et sans équivoque l'indépendance du pays, a-t-il expliqué, rappelant que c'est dans ce cadre qu'il convient de situer les événements sanglants de 1944, qui ont contribué à la consolidation de l'esprit nationaliste chez l'ensemble du peuple marocain. D'autres intervenants ont également mis en exergue la portée de ces évènements de 1944 et qui ont été suivis par une série d'actions ayant abouti le 20 août 1953 à l'exil forcé du héros de la libération et du Père de la nation, Feu SM Mohammed V. Et c'est précisément cet acte, ont-ils dit, qui a déclenché une série d'actions politiques et d'opérations de l'armée de libération qui se sont intensifiées jusqu'au retour de Feu SM Mohammed V et de la famille Royale de l'exil le 16 novembre 1955, annonçant ainsi la fin de l'ère du protectorat et de l'oppression et l'avènement d'une ère de liberté. Cette conférence est organisée en partenariat entre le Haut Commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération et la faculté des lettres et des sciences humaines relevant de l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, à l'occasion de la commémoration du 66ème anniversaire du soulèvement du 29 janvier 1944 avec la participation de chercheurs universitaires et d'étudiants.