Me Jean Chevais, l'avocat français de l'association marocaine "Touche pas à mon enfant", a fait part de son "espoir" que la plainte déposée mercredi à Paris dans le cadre de l'affaire de pédophilie présumée à Marrakech, puisse aboutir. L'affaire qui défraie la chronique en France depuis la semaine dernière a été déclenchée par l'ex-ministre de l'Education nationale français, Luc Ferry, qui a accusé à la télévision, sans le nommer, un ancien collègue de s'être livré, avant 2002, à des actes pédophiles avec de jeunes marocains, assurant qu'il n'a pas de preuves, mais qu'il en avait été informé par un ancien Premier ministre français. "J'ai de l'espoir" que la plainte aboutisse, "parce que le Parquet de Paris a ouvert une enquête et le gouvernement marocain a donné l'ordre au procureur général de Marrakech d'ouvrir une enquête", a confié l'avocat français jeudi à la MAP. Il a rappelé avoir déposé au Parquet de Paris une plainte contre X pour "exploitation sexuelle de mineurs" et "non dénonciation" et que l'adjointe du procureur de la République a dit en "prendre bonne note" et promis de la joindre à l'enquête préliminaire en cours. La plainte a été déposée au nom de l'association "Touche pas à mon enfant", active au Maroc dans le domaine de la lutte contre la pédophilie, l'inceste et les abus sexuels, à laquelle se sont jointes deux autres associations marocaines enregistrées en France. Une plainte identique avait été déposée la semaine dernière auprès du Parquet général de Marrakech par Me Mustapha Errachdi au nom de la même association. Me Chevais, auteur du livre "L'innocence profanée" qui a défendu une dizaine d'affaires similaires en France, a justifié cette double plainte par la nécessité d'une "cohérence" dans l'action, surtout que "les victimes seraient marocaines et les auteurs présumés français". De son côté, Mme Najat Anwar, présidente de "Touche pas à mon enfant" s'est dite "révoltée" et "outrée" par cette "exposition médiatique" d'enfants marocains en France. Elle a, d'autre part, averti les pédophiles étrangers que le Maroc dispose désormais d'un arsenal juridique renforçant la protection des mineurs. "Faites attention, le Maroc est devenu très sévère", a-t-elle lancé à leur égard, mercredi lors d'une conférence de presse à Paris. Mme Anwar en veut pour preuve la peine de 30 ans de prison ferme dont a écopé récemment un pédophile espagnol au Maroc. Pour leur part, les autorités marocaines ont dit "suivre avec sérieux" cette affaire et avoir ordonné l'ouverture d'une enquête pour "élucider les circonstances de cette affaire entachée d'ambigüité", a indiqué jeudi le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. M. Naciri qui a dénoncé un "crime abject" a soutenu l'action de la société civile. "La société civile a réagi et elle a raison de le faire", a-t-il affirmé. Revenant sur la polémique née en France de cette affaire, le ministre a relevé qu'"au début, le sujet faisait partie d'un débat politique interne en France dans lequel le gouvernement marocain ne pouvait intervenir" Cependant, a-t-il poursuivi, cela n'a pas été sans interpeller l'opinion publique nationale puisque "les victimes présumées du harcèlement sexuel sont des Marocains" et "l'éventuel crime a eu lieu sur le territoire marocain".