L'ancien combattant marocain Mohamed Aouich, grand mutilé durant les combats de la Seconde guerre mondiale pour la libération de la France, a été promu officier dans le rang de la Légion d'honneur, la plus haute distinction de la république française. Ancien caporal au 4ème Régiment de tirailleurs marocains (RIM), Mohamed Aouich, âgé aujourd'hui de 92 ans, a multiplié les actes de bravoure en tant que démineur pendant la guerre 39-45, dans laquelle il a perdu une jambe. Né en 1918, à Meknassa, près de Taza, il rejoint l'armée à l'âge de 21 ans, en 1939, soit au début de la grande guerre mondiale. Formé au déminage, il s'applique avec passion à la recherche des mines pour les désamorcer et ouvrir la voie aux soldats et au matériel. Dans sa spécialité, il bat un record quand il détecte 17 mines dans la maison d'un général allemand en Italie. Durant la guerre, Mohamed Aouich a participé aux campagnes du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, d'Italie et de France. Il est blessé une première fois en Italie, en mai 1944 par des éclats d'obus au niveau de sa jambe droite. Quelques mois plus tard, il va perdre son pied, posé sur une mine dans la forêt de Granges, près de Belfort (est de la France) alors qu'il tentait de venir en aide à un camarade blessé. "C'était le 17 novembre 1944, il y avait de la neige, de la pluie. Le matin, à 8 h, j'ai voulu aider un soldat blessé près d'un grillage. J'ai fait un pas, j'ai marché sur une mine et ça a sauté ! Mon pied droit a été arraché. Quatre brancardiers m'ont pris et conduit vers l'hôpital. On m'a coupé la jambe au niveau de la cheville", racontait-il en 2009 au journal régional français "Ouest-France". Il a été transféré à l'hôpital de Limoges (centre) où il a vécu la célébration de l'armistice, le 8 mai 1945, qui a mis fin à la guerre, avant d'être conduit dans son village natal au Maroc. Il a quitté l'armée française en 1946, avec une invalidité de 85 pc, passée maintenant à 100 pc. Père de 23 enfants, issus de ses quatre mariages, il vit actuellement entre le Maroc et la France où vivent trois de ses fils. Décoré pour la première fois des insignes de Chevalier de la Légion d'honneur en 1980, Mohamed Aouich est titulaire de la médaille militaire (1945) et de deux "citations" mentionnant ses faits d'armes honorables, selon le décret présidentiel, publié mercredi au Journal officiel.