.L'économie africaine, sérieusement affectée par la récession économique mondiale, a retrouvé son rythme de croissance en enregistrant un taux de 4,7 pc en 2010, une performance qui marque la résilience des économies africaines face au tsunami financier mondial. Par Hicham El Alaoui Le redressement de l'économie africaine a été bien plus rapide que ceux qui firent suite aux récessions mondiales précédentes dans la mesure où l'économie de l'Afrique devrait afficher une croissance de 5 pc et de 5,1 pc respectivement en 2011 et 2012, selon le rapport annuel de l'ONU intitulé: "Situation et perspectives de l'économie mondiale 2011" (WESP-2011). Cependant, le redressement n'est pas encore assez "solide " pour réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté, note le rapport, qui prévoit une croissance de 2,7 pc en 2011 et de 2,8 en 2012 per capita en Afrique, ce qui est en dessous du seuil de 3 pc généralement considéré comme nécessaire pour ouvrir une brèche véritable dans la pauvreté. La persistance de hauts niveaux du chômage et du travail éphémère, ainsi qu'une sous-alimentation chronique, continuent d'assombrir les perspectives immédiates dans le continent.
+Un redressement inégal+ La bonne reprise de la région dans son ensemble cache des différences substantielles dans les performances des pays pris individuellement. Ainsi, les économies à croissance lente sont surtout caractérisées par une instabilité ou une insécurité politique avec leurs effets négatifs présumés sur les investissements et autres facteurs de croissance. Dans certain pays, comme le Tchad et le Niger, ces conditions furent encore conjuguées avec des conditions climatiques défavorables, entrainant une réduction importante de la production alimentaire et un ralentissement général de l'activité économique. Les économies à croissance rapide, par contre, affichèrent de la résilience pour des raisons variées notamment la solidité des secteurs manufacturiers et des services, l'accroissement des investissements dans les secteurs des infrastructures et l'augmentation des activités minières. Par ailleurs, l'inflation a été "maintenue sous contrôle" dans la plupart des pays en 2010, grâce aux bonnes récoltes des pays d'Afrique australe et orientale qui ont permis de maintenir les prix des denrées alimentaires à des niveaux modérés, précise le rapport onusien. Cependant, l'inflation restera, dans certains pays, comme l'Ethiopie, le Mozambique et la Sierra Leone, relativement élevée entre 10 et 20 pc en 2011. Le rapport indique que les faibles tensions inflationnistes générales ont permis à de nombreuses banques nationales de la région d'adoucir leur politique monétaire ou au moins d'éviter les rigueurs monétaires.
Les politiques budgétaires ont continué de soutenir le redressement tout en s'attaquant aux obstacles infrastructurels, fait observer le rapport, ajoutant que le nombre de budgets déficitaires a cependant augmenté forçant certains pays à adopter des rigueurs budgétaires. De même, l'équilibre extérieur de la région s'est considérablement amélioré en 2010, dû aux prix plus élevés des matières premières et à la reprise du commerce mondial. Le niveau des exportations des marchandises est cependant encore inférieur à ce qu'il était avant la crise. Selon les auteurs du rapport, l'assistance officielle au développement de l'Afrique a augmenté de près de 4 pc en termes réels en 2010, tout en restant bien au-dessous des objectifs par rapport aux engagements formulés par la communauté internationale, avec un manque à gagner de 16 milliards de dollars en 2010. Les investissements directs étrangers, surtout en provenance de l'Asie et de l'Amérique du Sud, se sont remis de leur déclin de la fin 2008- début 2009 et ont repris avec intensité, même si la plupart de ces investissements se dirigent vers les industries minières, fait remarquer le rapport WESP-2011. +Les perspectives sont bonnes mais des risques significatifs sont encore présents+ Même si les perspectives macro-économiques en Afrique pour 2011 et 2012 sont généralement " positives ", les risques d'une réduction substantielle de la croissance économique mondiale par suite des faiblesses des pays développés pourraient sérieusement affecter les perspectives économiques de l'Afrique, met en garde le rapport de l'ONU. Cependant, la croissance restera en dessous du potentiel et n'atteindra pas le niveau critique de 3 pc per capita, estime le document. Selon les auteurs du rapport, le manque d'efforts à combler les déficits infrastructurels et à améliorer les conditions de la production agricole nuirait aux perspectives de croissance de la région et à l'établissement d'une meilleure résilience économique. Si la crise mondiale a posé aux pays africains un grand défi de développement, elle leur a offert également une occasion unique de poursuivre des politiques qui leur permettront non seulement de sortir de la récession mais également de jeter les bases d'une transformation économique porteuse de croissance viable à long terme qui crée des emplois et réduit rapidement la pauvreté. Le défi à court et moyen termes que les pays africains doivent relever est de trouver des solutions aux fléaux élevés et en progression de pauvreté et de chômage. Il est grand temps que les pays africains adoptent et mettent en oeuvre des stratégies de développement dans lesquelles les ressources sont orientées vers l'investissement dans des secteurs à forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois.