Des représentants de régions et de collectivités territoriales de plusieurs pays, réunis mardi à Dakar, ont plaidé pour un rôle de premier plan pour les entités territoriales dans les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire et enrayer l'avancée de la malnutrition dans les pays du sud. Le Sommet des régions du monde, organisé par le Forum Global des Associations des Régions (FOGAR) et la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe (CRPM), intervient dans le cadre des recommandations de "la deuxième convention pour une approche territoriale du développement", tenue en mai 2008 à Tanger. Lors de ce sommet, les réseaux des régions du monde se sont engagés à concourir à l'amélioration de la sécurité alimentaire des populations. La rencontre de Dakar s'assigne ainsi pour mission de se pencher sur les moyens de réaliser l'ambitieux objectif de la communauté internationale de diviser par deux le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015. Les représentants des régions du monde ont ainsi traité à Dakar de plusieurs questions relatives à la mise en avant des régions dans la lutte contre la faim, la coopération décentralisée nord-sud pour la sécurité alimentaire et la gestion décentralisée des questions du développement intégré des régions avec un rapport direct entre les intervenants locaux et les institutions de financement et des bailleurs de fonds. De l'avis de plusieurs experts, le sommet de Dakar intervient dans un contexte marqué par une situation alimentaire mondiale critique avec les effets de la crise économique, les changements climatiques, la croissance démographique et l'amenuisement des ressources naturelles et énergétiques. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) ont communiqué, à cette occasion, des chiffres alarmants quant à la situation de la sécurité alimentaire à travers le monde. Les statistiques de la FAO indiquent que le nombre de personnes qui souffrent de la faim a atteint 1 milliard et celui des personnes concernées par la malnutrition a dépassé les 2 milliards. Des chiffres qui s'inscrivent en porte à faux avec la décision prise par les chefs d'Etat, il y a douze ans, lors d'un sommet mondial sur la sécurité alimentaire, de réduire de moitié le nombre de personnes qui souffrent de sous-alimentation d'ici 2015, a-t-on souligné lors des travaux de la rencontre de Dakar. Depuis cet engagement solennel de la communauté internationale, les résultats sur le front de la sécurité alimentaire et la concrétisation des objectifs escomptés ont été décevants. Pire, la situation s'est plutôt dégradée et plusieurs régions du monde ont intégré les statistiques des populations souffrant de la faim ou de la malnutrition.
Il aura fallu l'éclatement des émeutes de la faim dans une vingtaine de pays pour susciter de nouveau des rencontres sur la question de la sécurité alimentaire, a déploré le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade à la séance inaugurale de cette rencontre. Les résultats attendus des travaux de ce Sommet sont la mobilisation pour booster le travail des régions avec l'ensemble des acteurs de la Coopération décentralisée pour formuler les besoins et ébaucher des pistes d'action afin d'améliorer la situation alimentaire des populations affectées. Il s'agit aussi de faire émerger la plus-value de la décentralisation dans l'amélioration de la sécurité alimentaire. Les gouvernements doivent aider les régions à élaborer et mettre en oeuvre une politique efficiente de sécurité alimentaire, a dit le vice-président du FOGAR et président de la région de Bretagne (France) Jean-Yves le Darian, qui a plaidé pour "une approche multisectorielle des collectivités locales dans le domaine agricole". Le vice-président du FOGAR, a ainsi invité les gouvernements à entreprendre une approche plus décentralisée dans la mise en oeuvre de leur politique de sécurité alimentaire avec un rôle central accordé aux intervenants de la région. De concert avec l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), les régions devraient valoriser les approches décentralisées de politique agricole, a-t-il précisé à ce sujet. Parmi les plus importantes recommandations faites lors de ce sommet de Dakar, figurent notamment "la mobilisation des ressources propres pour les régions", "l'expérimentation de la double planification pour la région et la nation", et "la mise en place d'un groupe de pilotage des régions du Nord et du Sud pour travailler avec le forum global des associations de régions du monde". Des intervenants à cette rencontre ont aussi plaidé pour une coopération Nord-Sud décentralisée et impliquant directement les opérateurs locaux. En effet, la région comme moteur de développement, aux côtés de l'Etat central, ne sera pas un vain mot et peut donner lieu à un développement harmonieux si les pouvoirs publics mettent en association la planification régionale avec celle de l'Etat, a-t-on souligné en séance plénière à ce sujet. Le Forum Global des Associations de Régions regroupe plus de 17 réseaux des régions sur les cinq continents. Le Forum a été lancé en mars 2007 à l'occasion de "la première Convention pour une approche territoriale du développement". Ont pris part à la rencontre de Dakar, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'Agence Française de Développement (AFD) et la Commission de l'Union Européenne.