L'écrivain romancier Mokhtar Chaoui a présenté, jeudi soir, à la médiathèque de l'Institut français de Tétouan son dernier roman "A mes amours tordus" (éditions Afrique orient). Présenté devant un parterre d'académiciens, d'étudiants et de critiques de littérature, le dernier né de Mokhtar Chaoui, par ailleurs professeur à la faculté des lettres et des sciences humaines à Tétouan, se veut, comme l'explique le directeur de l'Institut français de Tétouan Mikael Mohamed, un ouvrage d'une écriture prenante et incisive, qui explore les rapports familiaux (père/fils, mère/enfant, frère/sœur), les rapport sociaux, le rapport à la religion et décortique leurs travers. L'humour acerbe de l'auteur n'est jamais départi de tendresse. L'écrivain indique que dans ce roman, il se raconte lui-même à travers le vécu d'un jeune homme, dans les années 80, qui ressemble un peu à monsieur tout le monde, dans une société marquée par le tiraillement entre les extrêmes. L'auteur qui se dit incapable d'écrire en situation de gaieté et de joie, préférant des moments de colère, invite, à travers ce livre interactif, le lecteur à devenir auteur et à transcrire ce qu'il ressent face aux tares de la société, son hypocrisie et son incohérence, le tout avec lucidité et raison-garder, loin de tout esprit de vengeance, du réquisitoire et de la vulgarité gratuite. Mais derrière cette colère, se cache la tendresse, celle d'un homme marqué par le décès de son petit frère, d'où cet hymne à l'amour pur. Ce qui ne l'empêche pas de régler un peu ses comptes avec la mère et le père, mais sans haine, une manière de se soulever contre cette dominance et cette mainmise sur sa vie, ses actes, ses décisions. Il laisse à cet effet des pages vierges et numérotées au lecteur sous le titre "lettre du lecteur à sa mère", "lettre du lecteur à son père", pour qu'il puisse exorciser ses démons intérieurs, une sorte de thérapie sans psychiatre. A la fin, si le lecteur accepte de jouer le jeu, le livre devient son journal intime. Né à Tanger en 1964, Mokhtar Chaoui a, en plus de plusieurs articles et de quelques nouvelles, publié "Refermez la nuit", recueil de poèmes paru en février 2007 et un premier roman "Permettez-moi, madame, de vous répudier", paru en juin 2006 chez les éditions Non lieu.