Mokhtar Chaoui vient de publier son premier roman intitulé «Permettez-moi madame de vous répudier». Il y décrit, entre autres, les problèmes des universités marocaines. «Permettez-moi madame de vous répudier». C'est ce que propose Mokhtar Chaoui pour cette rentrée littéraire. Un roman, édité conjointement par Eddif Paris et Non Lieu, qui relate une histoire d'amour entre un professeur et une étudiante. En toile de fond, l'écrivain passe au peigne fin les problèmes socioéconomiques de la société marocaine. Salman et Abire, les héros de «Permettez-moi madame de vous répudier», serviront donc à ce professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Tétouan de publier son premier roman. «Ce livre a été conçu, au tout début, sous forme d'une nouvelle dans laquelle j'avais décidé de décrire un homme souvent cynique, sadique parfois, égocentrique toujours, un peu misogyne, qui aspire à écrire un best-seller mais qui n'est jamais parvenu à terminer une seule page. Qui continue d'écrire des romans virtuels qu'il est le seul à apprécier puisqu'ils sont sans corps, sans mots, sans écriture, donc sans existence», note M. Chaoui. «Cette aspiration dont il s'éloigne de plus en plus le hante et gâche sa vie. Il est alors victime d'un dilemme cornélien : choisir de vivre un bonheur ordinaire, voire ennuyeux, avec une femme en chair, ou se consacrer corps et âme à ce qu'il appelle la plus chère des femmes : l'écriture. Pour concrétiser son voeu d'être écrivain, il choisit de martyriser ses compagnes. Et de la souffrance jaillit la création». Né en 1964 à Tanger, cet écrivain affirme que «Permettez-moi madame de vous répudier» n'a rien d'une autobiographie et qu'il s'est inspiré pour sa rédaction de sa proximité avec le «monde» qu'il y décrit. «J'ai fait de cet homme un professeur et de sa compagne une ex-étudiante à lui, car c'est un domaine que je connais parfaitement, étant moi-même professeur, et je n'ai pas eu à faire des recherches pour placer les personnages dans leur espace/temps qui m'est familier, ni à comprendre leur état d'esprit et leur façon de penser», précise-t-il. L'histoire d'amour entre Salman et Abire sert donc de trame pour tisser un ouvrage dont on applaudit «la qualité d'une écriture qui porte l'empreinte de la fréquentation des écrivains français du XVIIIème siècle, à commencer par Sade et Laclos». Dans ce roman de 300 pages, cet enseignant de littérature française et de la communication a voulu aussi lever le voile sur les problèmes dont souffrent nos universités : manque criant d'infrastructures, inculture des étudiants, laxisme des professeurs, inefficacité de l'administration, mais aussi et surtout le problème du harcèlement sexuel. «Au-delà de l'histoire du couple qui ne manque pas de rebondissements, c'est l'éternelle et oh combien complexe la problématique homme/ femme qui est traitée, dans une société marocaine qui est assise entre deux chaises et qui ne sait pas sur quel pied danser, celui de la tradition ou celui de la modernité», souligne M. Chaoui.