Des chercheurs marocains ont mis en valeur la dimension historique, la richesse et la diversité du patrimoine immatériel marocain en général et sahraoui en particulier. Ces chercheurs qui participaient à un séminaire sur "le patrimoine oral immatériel: quel rôle dans le développement durable?", organisé dans le cadre de la 7è édition du festival culturel et touristique de Tan Tan, ont souligné la nécessité de compiler, répertorier ce patrimoine et l'intégrer dans les plans et stratégies de développement. Ainsi, le Pr. Ahmed Saber, doyen de la faculté des lettres d'Agadir, a mis en avant le rôle prépondérant des femmes âgées dans la mémorisation et la préservation du patrimoine culturel immatériel, au moment où la globalisation tend à normaliser les différents aspects de la vie quotidienne. Dans son intervention intitulée "le patrimoine oral, entre globalisation, continuité et problématique de codification", il a appelé à compiler et catégoriser les différentes formes et manifestations de ce patrimoine, en utilisant les nouvelles technologies, tout en veillant à en faire ressortir les spécificités et les fructifier au service du développement. Pour sa part, le pr. Mohamed Dahmane a tenu à préciser que la culture "hassanie" ne se limite pas à la poésie et aux contes populaires, mais englobe également le panégyrique et le récit de voyage ainsi que différents aspects de la vie quotidienne, tels la gestion de la rareté des ressources, la pêche maritime, l'artisanat et l'art vestimentaire. Dans son exposé intitulé "protection et valorisation du patrimoine immatériel", le chercheur a évoqué la rupture provoquée par les nouvelles technologies dans la relation entre les anciennes générations et les jeunes, expliquant, par exemple, que les dessins animés se sont substitués aux contes jadis racontés par les grand-mères qui agissaient comme un stimulus de l'imaginaire des enfants. Dans ce contexte, il a estimé nécessaire de s'inspirer des expériences d'autres pays dans l'adoption d'une approche fonctionnelle du développement du patrimoine, mission qu'il a impartie aux établissements universitaires, aux corps élus et à la société civile. Le chercheur Ismail Hammouni a, dans son intervention axée sur "le patrimoine hassani et la problématique du sens", évoqué certains aspects de la présence du patrimoine dans la vie quotidienne des individus et dans leur conscience collective, signalant, à titre d'exemple, que le port de la "daraiya est considéré comme une étant contingent à l'espace et à l'environnement sahraoui, avec le renvoi à diverses composantes et représentations culturelles." Le patrimoine est "témoin de notre identité en tant que nation ancestrale", a-t-il ajouté, relevant que pour conférer son plein sens à ce patrimoine, il faut mettre en valeur le lien entre le passé et l'avenir. Il y a lieu d'intégrer la dimension culturelle dans l'acte de développement, a, pour sa part, plaidé le pr. Houssein EL Arabi qui a mis en exergue l'importance de tenir compte des soubassements culturels dans l'élaboration de toute stratégie de développement. A défaut d'intégrer la dimension culturelle dans les plans de développent, les populations risquent d'en être désengagés et de ne pas s'en approprier la mise en œuvre, surtout si ces plans vont à l'encontre des spécificités culturelles locales, a-t-il mis en garde, saluant, toutefois, le succès remporté par nombre de projets inscrits dans le cadre de l'Initiative nationale de développement humain qui a tenu compte de la donne culturelle locale. La 7è édition du festival culturel et touristique de Tan Tan qui prendra fin le 13 décembre se tient sous le thème "patrimoine immatériel culturel entre authenticité et défis de la mondialisation".