Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation du traité de l'atlantique Nord réunis les 19 et 20 à Lisbonne à l'occasion du 22ème sommet de l'Alliance, ont entériné une série de décisions cruciales pour l'avenir de l'Otan dont le nouveau concept stratégique et la transition en Afghanistan. Dès le premier jour, les alliés ont adopté un nouveau concept stratégique, devant guider l'action de l'alliance au cours des dix prochaines années et lui donner les moyens de répondre aux menaces et aux défis de sécurité. Ce texte de 11 pages, qui remplace un précédent document datant de 1999, souligne que la dissuasion demeure un "élément central" de la stratégie de l'alliance et mentionne un système antimissile destiné à protéger les populations et les territoires de l'Alliance atlantique, qui sera un des éléments centraux de la défense collective. Le texte souligne également que la coopération Otan-Russie revêt une "importance stratégique". Cette coopération a été suspendue après la brouille liée à la guerre russo-géorgienne d'août 2008. La Russie qui avait dans le passé fait part de sa méfiance vis-à-vis d'un tel dispositif, a accepté de coopérer ave l'Otan sur la défense antimissile. Le président russe, Dmitri Medvedev, qui s'est rendu à Lisbonne à l'occasion d'un sommet Otan-Russie, a toutefois prévenu que la réponse positive donnée par la Russie à l'Otan concernant la coopération au bouclier antimissile en Europe était conditionnée à la qualité de cette collaboration. La transition en Afghanistan a été également l'une des décisions très attendues lors de ce sommet. Les dirigeants de l'Otan ont ainsi décidé de lancer l'année prochaine le processus de transfert des responsabilités en matière de sécurité à la police et à l'armée afghanes, un passage de relais qui s'achèverait fin 2014, tout en s'engageant à soutenir à long terme le gouvernement de Kaboul. "Cette stratégie consiste à transférer la responsabilité de la sécurité du pays aux forces afghanes "district par district", à partir au plus tard de l'été 2011, et jusqu'à fin 2014", a souligné M. le Secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, tout en affirmant qu'un accord de partenariat à long terme a été conclu entre l'Otan et l'Afghanistan et doit se prolonger au delà de la fin de la mission de combat. Pour sa part, le président afghan M. Hamid Karzai s'est félicité de la signature de cet accord de partenariat avec l'Otan et salué la contribution et l'assistance de l'Alliance de l'Atlantique Nord pour assurer le bien être et la sécurité du peuple afghan. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que "l'Onu est déterminée à jouer un rôle de soutien au peuple afghan sur le long terme", ajoutant que "les institutions afghanes ont montré qu'elles peuvent assurer un rôle de plus en plus important et avec plus de responsabilité pour soutenir ce processus". La Russie a pour sa part décidé de collaborer avec l'Otan sur l'Afghanistan à travers notamment la signature d'un accord sur le transit ferroviaire d'équipements vers l'Afghanistan via le territoire russe. Le président américain Barack Obama a tenu à souligner que l'Otan était en train d'atteindre son "objectif de briser l'élan des talibans" en Afghanistan. La guerre en Afghanistan entamée en 2001 demeure le principal terrain d'action de l'Otan. Neuf ans plus tard, l'Alliance est enlisée dans le bourbier afghan et 2010 est de loin l'année la plus meurtrière pour ses troupes. L'Alliance intervient principalement par l'intermédiaire de sa Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), agissant sous mandat de l'ONU. Près de 150.000 soldats américains et de l'Otan sont actuellement déployés en Afghanistan pour soutenir le gouvernement face à la rébellion menée par les talibans, qui a multiplié attaques et attentats sanglants malgré l'envoi régulier de renforts occidentaux, notamment américains. Sur un autre registre, le président américain a assuré avoir obtenu un "large soutien" de ses alliés de l'Otan pour la ratification du traité russo-américain de désarmement nucléaire START, affirmant que ce traité constitue un "élément essentiel pour la sécurité européenne et américaine". Une grande partie des républicains au Sénat bloque la ratification du nouveau traité START, signé en avril dernier à Prague, par M. Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev. Ce dernier a appelé samedi le Sénat américain à faire preuve de "responsabilité" en ratifiant ce traité, tout en mettant en garde contre une "réciprocité" de la position russe. Dans la foulée du sommet de l'Otan, M. Obama a enchaîné un sommet USA-UE, tenu six mois après l'annulation d'un premier sommet qui devait avoir lieu à Madrid. Les Etats-Unis et l'UE qui ont débattu de plusieurs questions économiques notamment la crise en Irlande et le climat ont appelé, dans une déclaration conjointe, leurs partenaires du G20 à "éviter les politiques de dévaluation compétitive et de taux de change ne reflétant pas les fondamentaux économiques". Le prochain sommet de l'Otan se tiendra en 2012 aux Etats-Unis.