Le Maroc, par la voix du Premier ministre, M. Abbas El Fassi, a plaidé, samedi à Montreux, pour la mise en place d'une gouvernance mondiale politique et économique à visage humain. En tant que pays africain, arabe et membre dynamique de la famille francophone, le Maroc plaide pour la mise en place d'une gouvernance mondiale politique et économique à visage humain, a souligné le Premier ministre, qui intervenait lors du XIIIème Sommet de la Francophonie, ouvert dans la matinée à Montreux. Il a indiqué que cette mondialité rénovée, qui vise à garantir la paix et la prospérité pour tous, doit se prévaloir de la nécessité de respecter et de préserver la diversité politique, économique, sociétale et culturelle, ajoutant que cette posture a été une fois encore, rappelée solennellement par SM le Roi Mohammed VI dans son message à la troisième World Policy Conference tenue à Marrakech le 16 octobre dernier. Et de rappeler à ce propos que le Souverain avait affirmé que "le Maroc avec les pays du Sud et notamment ceux du continent africain, appelle de tous ses voeux une nouvelle mondialité, juste, équitable, participative, cohérente, durable et humaine, une mondialité dont l'épicentre est la personne humaine, une mondialité qui honore les humains, préserve leur fierté, proscrit les humiliations et les discriminations et élimine les causes de la pauvreté, l'exclusion et la marginalisation". M. El Fassi a réitéré, à cet égard, le soutien du Maroc à l'ambition légitime de la Francophonie pour se doter d'une plus grande visibilité au sein des instances de la gouvernance mondiale aussi bien politique qu'économique et ce, à travers une concertation régulière et une solidarité agissante et effective au sein de la famille francophone. Notre action, a-t-il insisté, se doit de se prévaloir de la nécessité de consolider l'unité et la souveraineté des Etats, d'assurer leur immunité et de favoriser leur intégration régionale pour les prémunir contre les effets pervers du sous-développement, du démembrement, du terrorisme et de l'instabilité. C'est dans cet esprit, a poursuivi le Premier ministre, que le Maroc, qui a toujours privilégié le multilatéralisme dans la gestion des relations internationales, a constamment valorisé le rôle de l'ONU comme étant le principal instrument de la légalité internationale et soutient le renforcement du rôle des Nations unies pour que cette organisation puisse accomplir sa responsabilité dans le maintien de la paix et la sécurité internationales face aux nouveaux défis que le monde connaît. Il s'est félicité, dans ce contexte, de l'intérêt manifesté pour la coopération entre la francophonie et les Nations unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, soulignant à ce titre, le soutien du Maroc aux efforts déployés pour l'encouragement d'une plus grande participation francophone aux opérations de maintien de la paix engagées notamment au sein de l'espace francophone, y compris l'accès aux postes de commandement de ces opérations. Il a estimé que le rôle et la place que la francophonie institutionnelle devra occuper lui seront reconnues à la mesure de sa capacité à s'ériger en tant que partenaire crédible et efficace doté d'une capacité effective à prévenir l'émergence de conflits et à contribuer d'une manière effective et efficiente à leurs résolution. M. El Fassi a fait remarquer que dans un monde en mal de gouvernance équitable, ouverte à tous et redevable à la contribution de chacun, tout ce qui est susceptible de promouvoir la démocratisation des relations internationales revêt une importance décisive pour le devenir de l'Humanité. C'est ainsi, a-t-il dit, que la Francophonie qui englobe plus du tiers des Etats membres de l'ONU et fédère autour de valeurs communes des pays de cultures diverses, a toute la légitimité pour revendiquer un statut d'acteur international à la contribution positive et pertinente. Pour la remise en question des règles du jeu à l'échelle mondiale et la mobilisation d'idées et projets visionnaires pour la refonte de la gouvernance mondiale, a expliqué le Premier ministre, la voix de la Francophonie a en effet l'autorité de l'expérience de longue haleine, la crédibilité de son combat pionnier en faveur de la diversité culturelle et la force de ses valeurs dédiées à la solidarité, à la paix et au renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit. M. El Fassi a, d'autre part, souligné que l'instauration d'une paix juste et durable au conflit du Proche-Orient constitue une préoccupation majeure pour toute la communauté internationale et doit interpeller la Francophonie pour agir effectivement en faveur de sa résolution. Il a affirmé, à ce propos, que le Maroc, dont le Souverain, SM le Roi Mohammed VI, préside le Comité Al Qods, engagé concrètement et pragmatiquement depuis de nombreuses années pour l'atténuation des souffrances du peuple palestinien et pour la sauvegarde des caractéristiques identitaires, civilisationnelles et culturelles de la ville sainte d'Al Qods, vénérée par les trois religions, appelle à davantage de mobilisation pour une issue juste à ce conflit. Le Maroc, a-t-il ajouté, estime que le processus de paix au Proche-Orient est une question internationale qui devrait être traitée à ce niveau, conformément à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies et que la seule voie à suivre pour le règlement de ce conflit est celle de la solution de deux Etats vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité. Il a invité à cette occasion, la famille francophone à relancer un appel à la Communauté internationale pour appuyer le processus de négociations directes qui est en cours et qui constitue une occasion propice pour trouver un règlement définitif à ce conflit qui met en péril la sécurité et la stabilité de toute la communauté internationale. Le Premier ministre s'est, en outre, félicité pour l'action menée par la Francophonie aussi bien dans le domaine de la gestion de conflits et de la consolidation de la démocratie, et de la promotion de la culture de l'Etat de droit, des droits de l'Homme et de l'égalité entre les hommes et les femmes au sein de l'espace francophone que dans celui du développement, à travers les actions prévues dans le cadre de la programmation quadriennale 2010-2013. Il a enfin réitéré le soutien du Maroc aux efforts qui visent à faire de la Francophonie un acteur dynamique et crédible de la gouvernance mondiale, soulignant que le Royaume demeure convaincu que cette bonne gouvernance mondiale doit nécessairement s'articuler et être appuyée par des niveaux de gouvernance locale, nationale et régionale. Le premier ministre conduit, lors de ce sommet, une délégation composée notamment de Mme Latifa Akharbach, secrétaire d'Etat aux affaires Etrangères et à la Coopération (MAEC), de M. Mohammed Said Benryane, ambassadeur du Maroc en Suisse, de Mme Farida Jaidi, ambassadeur directeur au ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération et représentante personnelle du Premier ministre au Conseil permanent de la Francophonie, de M. Imani Youssef, directeur général de l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) au MAEC, et de Bouziani Fatima, Conseiller auprès de la représentation diplomatique marocaine à Berne.