Une chaîne humaine de plus de 1.000 personnes a réuni samedi des représentants de la Mosquée et de la Synagogue de Cordoue (Andalousie, Sud) en signe de soutien à la candidature des Mauresques au prix Prince des Asturies de la concorde 2010, l'une des plus prestigieuses distinctions en Espagne. La Fondation Prince des Asturies, patronnée par le prince héritier d'Espagne, Felipe de Bourbon, décerne chaque année huit prix (Communication et Humanités, Recherche scientifique et technique, Sciences sociales, Arts, Lettres, Coopération internationale, Concorde, Sports), chacun doté de 50.000 euros. Cette action a été "une authentique merveille" au cours de laquelle l'entente et la concorde ont régné en maître mot en ce jour symbolique du 11 septembre, ont souligné les organisateurs dans des déclarations rapportées par les médias espagnols. Plus de 1.000 personnes ont parcouru, avec une ceinture verte "couleur de l'espoir", les 400 mètres séparant la mosquée et la synagogue de Cordoue dans un acte qui se veut également un hommage aux Mauresques d'Andalousie expulsés d'Espagne et une reconnaissance à leurs descendants qui ont préservé la mémoire mauresque. La cérémonie s'est déroulée aux rythmes de la musique Andalouse de l'orchestre de Tétouan-Asmir, sous la direction de Amine Chaachoo. La candidature des Mauresques au prix Prince des Asturies entend souligner l'importance et la nécessité de l'entente entre les cultures et les religions et se veut également un acte en hommage aux Mauresques expulsés d'Espagne il y a 400 ans et à leurs descendants qui ont su préserver leur mémoire historique et culturelle. Cette initiative émane de plusieurs fondations et organisations de la société civile espagnole appuyée par des associations islamiques et judaïques d'Espagne. Plus de 3.000 personnes, parmi lesquelles des personnalités du monde de la culture et des lettres du monde entier, soutiennent cette initiative. Parmi ces personnalités figurent Amin Maalouf (Prix Prince des Asturies des Lettres 2010), Federico Mayor Zaragoza, Sophie Bessis ou encore Juan Goytisolo (Prix Quijote 2010). Des professeurs de plusieurs universités notamment de la Sorbonne, Rome, Harvard, Complutense (Madrid), Séville, Barcelone, Grenade, Buenos Aires, Tétouan, Rabat, Casablanca, Tunis et du Caire soutiennent eux aussi cette initiative. L'Espagne avait commémoré tout au long de 2009 le quatrième centenaire marquant l'expulsion des descendants des Musulmans d'Andalousie, contraints de quitter la péninsule ibérique pour se réfugier au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Une série de manifestations, de congrès et d'expositions avait été retenue pour la commémoration de cet anniversaire. Cette commémoration s'inscrit dans le cadre d'un travail de "Mémoire Historique" entrepris en Espagne où le groupe parlementaire socialiste avait entamé, fin 2009, une procédure inédite dans l'Histoire de l'Espagne en demandant au Congrès des députés Espagnol (Chambre basse) "la reconnaissance institutionnelle de l'injustice commise à l'encontre des Mauresques expulsés d'Espagne", à l'occasion de la commémoration du 4ème centenaire de l'expulsion des Mauresques d'Espagne.