Le rideau est tombé dimanche sur la 16-ème édition du festival des musiques sacrées du monde après 9 jours de spectacles et de concerts musicaux dédiés à la spiritualité, à la culture de l'esprit et à l'élévation de l'âme. Par Abelmajid Hassani, envoyé spécial
Mais le ''Voyage initiatique'', avec et par la fusion des arts et des cultures religieux et profanes et les dialogues enclenchés par cette manifestation, est loin d'être arrivé à terme et devra incontestablement être poursuivi par les uns et les autres sur le chemin de la concrétisation de l'Esprit de Fès, celui de la cohabitation et de la tolérance Les introspections que ce festival a suscitées, l'envie de la découverte de l'autre qu'il a revivifiée et les rencontres auxquelles il a donné lieu entre intellectuels de tous bords et artistes de toutes les sensibilités et genres musicaux auront sûrement un pendant, voire des suites vers la quête de soi et de l'autre, de l'entendement et de la spiritualité communiante et communicante. Les chiffres, qui ne sont pas définitifs, dénotent l'intensité de cet évènement qui a suscité un engouement réel. Le festival a drainé plus de 750 artistes nationaux et étrangers, qui se sont produits 9 jours durant sur 8 scènes. Plus de 60 spectacles ont été donnés et vont du Blues du Mississipi et au Ballet du Cambodge, de la percussion du Burundi aux chants soufi du Zanzibar, du Samaa selon l'art syrien à l'interprétation soufie/jazzie des poésies d'Abou Nawass, du Gospel d'Alabama aux chants mystiques d'Afghanistan, de Turquie d'Egypte ou du Maroc. Ce furent des moments forts et intenses ''d'apprentissage du monde, de découverte de l'autre, de connaissance de soi et de quête de spiritualité'' comme l'a souligné le président du Festival M. Mohammed Kabbaj. Des concerts qui, selon leurs genres musicaux, ont, tour à tour, endiablé le public (Amadou et Mariam), mis en transe l'assistance (veillées soufies), charmé les spectateurs (danseurs indiens) et fait vibrer les présents (Jil Jilala, Rouicha et autre Stati), artistes qui aux côtés des autres ont chanté la sacralité, la diversité et la tolérance. Autre moment musical fort fut l'investissement de la Médina par le festival qui a déserté ses scènes traditionnelles, pour s'installer dans cinq espaces de la cité antique et donner 9 spectacles. A la multiplicité des scènes (Riyad Moqri, Dar Tazi, Musée Batha, synagogue Ben Danan, Dar Tazi) est venue s'ajouter la variété des prestations musicales d'Orient (Turquie, Egypte, Iran, Mongolie, Afghanistan), d'Afrique noire (Tanzanie, Zanzibar) ou d'Occident ( France , Canada). L'idée de l'organisation est de recréer cette activité d'antan et ''cette atmosphère des anciens caravansérails'' où les voyageurs de différentes contrées, rencontraient, échangeaient, partageaient et s'influençaient. Fès qui a été 9 jours durant la capitale de la musique sacrée et de la spiritualité, s'est également transformée en une sélecte agora de discussion qui a réuni plus de 70 intellectuels qui ont défriché les voies vers les voyages intérieurs, traité de la quête de spiritualité à travers le pèlerinage, commenté les causes et les apports de l'exil, décortiqué les initiations par et dans les écritures et revisité les voyages mythiques d'Ulysse, d'Ibn Batouta ou de Marco Polo. Des rencontres qui ont réuni, cinq jours durant sous le tentaculaire chêne du Musée Batha des intellectuels de toutes les disciplines et de tous les horizons. Sous l'ombre de ce chêne ancestrale, imposant mais accueillant, les chaînes forgées par la méconnaissance de l'autre ont été déliées comme ont été déchaînées discussions et réflexions sur l'homme et ses rapports avec Dieu, avec ses semblables et avec son environnement. Un forum qui a fait de l'ombre de cet arbre un espace, de dialogue et d'espérance et maintiendra vivace la magie la ville de Fès comme cité spirituelle et de ''lumière'', thématique qui a été choisie pour la prochaine édition des musiques sacrées du monde.