Quelque cinq millions d'Azerbaïdjanais prennent, ce mercredi 11 avril, le chemin des urnes pour élire leur prochain président. Initialement prévu pour le 17 octobre 2018 en accord avec la loi électorale azérie, le scrutin a été exceptionnellement avancé au 11 avril de la même année par décret présidentiel signé le 5 février dernier. La raison de cette anticipation n'a toutefois pas été officiellement explicitée, mais dans les milieux médiatiques, on avance la concomitance de nombreux événements culturels et sportifs de taille. Le président sortant, Ilham Aliyev, du Parti du nouvel Azerbaïdjan, candidat pour un quatrième mandat, est le grand favori de ce scrutin qui se veut celui de la continuité et de la poursuite des réformes enclenchées depuis 1991, date du détachement d'Azerbaïdjan de l'ex-Union Soviétique moyennant une révolution qui avait fait de nombreuses victimes parmi les civils tombées sous les balles de l'armée rouge. Une fois l'indépendance acquise, l'Azerbaïdjan s'est décliné en république à régime présidentiel fort dans lequel la famille Aliyev occupe une place centrale. L'actuel président a lui-même succédé à son père et ancien président, Heydar Aliyev, qui s'était désisté à l'élection présidentielle de 2003. Ilham Aliyev a été réélu le 15 octobre 2008 puis le 9 octobre 2013 à une confortable majorité. Ayant une large tête d'avance sur sept autres candidats en lice : deux représentants des partis d'opposition, trois des partis de la coalition gouvernementale et deux indépendants, Ilham Aliyev pourrait même, selon les estimations des observateurs et des médias, l'emporter dès le premier tour du scrutin. Il a à son crédit d'avoir conduit son pays vers la modernité faisant de l'Azerbaïdjan un pays moderne tourné vers l'Occident, dont la culture est dynamique et l'économie, autrefois appuyée sur les seuls hydrocarbures, est de plus en plus diversifiée vers l'export. La tendance populaire en sa faveur s'est par ailleurs fait valoir en 2016 à l'occasion du référendum constitutionnel renforçant les pouvoirs du président et par lequel le peuple azéri a entériné, entre autres mesures, la création du poste de vice-président et l'extension du mandat présidentiel de 5 à 7 ans. Les Azéris comptent aussi sur un président possédant, outre un programme de développement global et conséquent, une vision géostratégique à même de garantir au pays son indépendance, sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale. L'Azerbaïdjan, faut-il le rappeler, est en prise avec l'élan expansionniste arménien qui lui a valu l'occupation d'une partie de ses terres à l'Ouest du pays, un génocide et une guerre (conflit du haut Karabakh) stoppée en 1994 par un accord de cessez-le-feu toujours en vigueur. Pour les Azéris, après le développement tous azimuts du pays, la question de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale demeure d'actualité brûlante. La majorité d'entre eux voient quelque part en Ilham Aliyev, qui a acquis par ses différentes fonctions antérieures des alliances fortes à l'international, l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Le scrutin présidentiel d'aujourd'hui, qui connaît la présence d'observateurs étrangers dont une délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), d'observateurs de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE et du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'Homme (BIDDH) de l'OSCE, a été précédé par une campagne électorale calme et sereine. Toutes les mesures organisationnelles et logistiques ont été prises pour le bon déroulement de l'opération. Les bureaux de vote dans les différentes circonscriptions que nous avons pu visiter dans la capitale Bakou répondent aux critères internationaux et aux exigences de la transparence et de la régularité de l'opération votative. Le climat qui a régné tout au long de la campagne électorale et les dispositions techniques et réglementaires prises laissent entrevoir le succès de l'opération dans ce pays séculaire également connu sous le nom Terre de feu, tant son sous-sol regorge d'hydrocarbures. Riche d'une Histoire fascinante et d'un patrimoine culturel extraordinaire, l'Azerbaïdjan, plus grand pays des trois Etats du Caucase du Sud (Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie), est un pays qui constitue la passerelle entre l'Orient et l'Occident, aux confins de l'Europe et de l'Asie occidentale. Il a joué un rôle important sur la Route de la soie et il est d'une importance tout aussi grande de nos jours dans le cadre du projet de couloir de transport Europe-Caucase-Asie (TRACECA). C'est un pays qui s'est aussi ouvert sur le reste du monde prônant une politique de coopération fondée sur l'intérêt partagé et le respect mutuel. Une vision qu'il partage avec le Maroc et dont l'illustration s'est fait valoir au mois de mars dernier, lorsqu'une première réunion de la Commission mixte sur la coopération bilatérale entre l'Azerbaïdjan et le Maroc a eu lieu à Bakou. Plusieurs accords de coopération ont été signés entre les deux pays à cette occasion. Jamal HAJJAM