D'après l'UNICEF, 153 bébés naissent chaque jour hors mariage au Maroc et 24 d'entre eux sont abandonnés, soit une moyenne de 8.760 par an. Les enfants abandonnés handicapés présentent une prévalence beaucoup plus élevée que la normale (18,5%). Les facteurs qui pourraient expliquer ce taux si élevé sont entre autres les séquelles des tentatives d'avortements clandestins. Il y a plus de 27000 mères célibataires, rien qu'à Casablanca. Et selon les chiffres officiels, les ménages de petite taille (1 à 3 personnes) représentent 20,1% du total des familles, parmi elles, "les familles monoparentales ne constituent que 8,1% avec une fréquence plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural : 9,1% contre 6,8%. Une légère hausse par rapport à ce qui a été observé en 1982". L'augmentation des cas de familles avec un seul parent, généralement la mère, est une réalité de plus en plus saillante dans tous les pays du monde. En plus, les études associatives concordent : les grossesses de 89% de mères célibataires âgées de 24 à 32 ans, sont le fruit des liens établis à partir de promesses de mariage non tenues et selon les données de l'Association Solidarité Féminine : 73% des grossesses sont issues de promesses de mariage non tenues. De même pour INSAF qui avait publié en 2003 les résultats d'une enquête sur 684 mères, et a fait valoir que 74% des grossesses hors mariage sont dues à des promesses. Dans le cadre de ce Rapport, seuls 54 cas (7,6%) de grossesses sont à l'origine de relations fortuites. Seulement, aucun programme de prévention des grossesses chez les adolescents/es n'a été mis en place dans les écoles ou dans les centres de santé, ni d'éducation sexuelle. De 2003 à 2013, 5000 mamans célibataires sont passées par Solidarité Féminine sur leurs deux jambes avec leurs enfants, avec des possibilités de rattachement familial et de reconnaissance paternelle. L'UNICEF chiffre le nombre d'enfants nés hors mariage au Maroc à 6 480 en 2008, soit 2% du total des naissances, pendant que l'étude de 2010, élaborée par l'association INSAF, indique que « 27.199 mères célibataires avaient donné naissance à 45.424 enfants en 2009. Pour la seule ville de Casablanca, l'effectif estimé des mères célibataires ayant au moins un enfant a été de 21.135, entre 2003 et 2010, soit 4 fois plus que dans la période 1996-2002». La même étude a recensé 210.343 femmes qui ont accouché de 340.903 bébés en dehors des liens du mariage au cours de la période 2003 – 2009. Toutes les régions du Maroc, sans exception, sont touchées par ce fléau. Casablanca et Rabat sont plus visibles parce que les filles migrent vers les grandes villes pour y travailler. Les agents de placement informel leur trouvent facilement un travail. La majorité des mères cheffes de familles monoparentales n'ont pas eu accès à l'éducation secondaire. Bien que l'éducation au Maroc soit gratuite et obligatoire de 6 ans jusqu'à 15 ans, un grand nombre de parents pauvres retirent leurs enfants de l'école pour aider à l'économie de la famille, mais aussi parce qu'ils ne valorisent pas l'éducation des filles, ils pensent qu'il n'y a pas de nécessité, car elles vont bientôt se marier et devenir des femmes au foyer. Elles travaillent très souvent comme domestiques et leur revenu est nécessaire pour soutenir leurs familles. Ainsi, les associations estiment qu'environ 90% des mères cheffes de familles monoparentales au Maroc étaient des domestiques dans leur enfance et selon les résultats de l'enquête nationale sur l'emploi menée par le HCP en 2009, sur 8,9 millions d'enfants âgés de moins de 15 ans, environ 174.000 sont exploités dans le travail précoce (soit 3,8%), dont 44% sont des fillettes. En 2013, le chiffre avait diminué à 69.000 enfants âgés entre 7 et 15 ans. Les associations fournissent de gros efforts pour la reconstitution des familles. A Tanger, environ 300 mères ont pu reprendre le contact avec leur famille, 33% reçoivent un soutien de type affectif ou même parfois économique grâce au travail de médiation des associations. A Casablanca, 88,4% des mères ont rétabli le contact avec leurs familles et sur ce, presque la moitié ont pu se réinsérer à nouveau dans leurs foyers d'origine. Faute d'informations officielles, selon les données des associations, 81% d'enfants déclarés en abandon par les tribunaux et placés dans leurs structures sont âgés de moins de 5 ans. D'autres sources confirment que le secteur associatif gère à la fois 63,5% de la prise en charge de l'enfance, et en même temps, accompagne, à différents niveaux, le plus grand nombre des enfants en besoin de protection de remplacement âgés entre 0-5/6 ans. Bouteina BENNANI