Le programme de lutte contre l'abandon des enfants nés hors mariage initié par l'Association INSAF avec l'appui financier de la Fondation Drosos, il y a 5 ans de cela, a pris fin. L'heure est aujourd'hui au bilan. L'ONG lance une étude d'évaluation pour apprécier l'impact de ce programme sur la vie des mères célibataires et de leurs enfants. Les objectifs du programme ont-ils été atteints ? Quelle est la situation post-prise en charge des bénéficiaires de ce programme ? Quels sont les changements intervenus dans la situation du couple « mère-enfant » ? Les mères célibataires ont-elles réussi à développer leur autonomie ? Les actions menées ont-elles réussies à convaincre les mères célibataires à maintenir leurs bébés avec elles au lieu de les abandonner ? L'étude devra répondre à ces questions entre autres pour déterminer les facteurs de réussite du programme à consolider ou les lacunes à combler. Elle permettra ainsi « d'améliorer la gestion des futures interventions ou le développement de nouvelles politiques et de stratégies d'intervention d'INSAF pour la prévention de l'abandon des bébés ». Une réinsertion sociale et professionnelle pour les mères Il faut dire que le phénomène des mères célibataires au Maroc a pris de l'ampleur. De 2003 à 2009, 210 343 femmes célibataires ont donné naissance à au moins 340 903 enfants. «La situation est alarmante et nécessite une action urgente de la part du gouvernement pour prévenir ce phénomène», ne cesse de revendiquer les acteurs associatifs. La société civile à elle seule ne peut pas résoudre ce problème. « De nombreuses femmes, souvent très jeunes, voient leurs vies détruites lorsqu'elles se savent enceintes, hors mariage. Rejetées par leur famille, exclues de la société, ces jeunes « mères célibataires » envisagent parfois le suicide, l'abandon de leur bébé, voire l'infanticide », regrette INSAF, qui fait de la lutte contre la discrimination et l'exclusion des femmes et leurs enfants son cheval de bataille. Créée en 1999, INSAF concentre son intervention sur trois champs d'action à savoir la prévention de l'abandon des enfants nés hors mariage par leur protection contre l'abandon, l'adoption sauvage, voire l'infanticide, en leur donnant la chance de grandir dans un milieu sain avec leur maman et dans le respect de leurs droits. L'ONG soutient les mamans à travers leur réinsertion sociale et professionnelle. Les mères célibataires bénéficient d'une formation qui leur permet d'apprendre un métier et de travailler pour obtenir leur autonomie financière. Une démarche qui leur permettra de prendre en charge leurs bébés. INSAF offre ainsi un projet de vie aux mères célibataires et à leurs enfants. Au cours d'une période déterminée, l'association prend en charge les mères célibataires et leurs enfants en leur proposant un espace, un lieu et du temps, un niveau de protection et de prévention de risques. Un chiffre éloquent : depuis sa création, INSAF a pris en charge plus de 10 000 mères célibataires. L'ONG réclame la suppression de l'article 490 du code pénal Le deuxième axe d'intervention de l'association INSAF est la lutte pour l'éradication du travail domestique des filles âgées de moins de 15 ans par leur prise en charge et leur réinsertion en famille et à l'école. Les militantes de l'association vont à la rencontre des parents pour les sensibiliser aux dangers du travail domestique et à l'importance de la scolarisation de leurs enfants en particulier pour les petites filles. Le troisième axe d'intervention de INSAF est le plaidoyer pour la défense et l'amélioration des droits des femmes et des enfants. L'ONG plaide surtout pour l'amélioration du cadre législatif relatif à la mère célibataire et son enfant. Elle réclame entre autres la suppression de l'article 490 du code pénal ou sa révision en introduisant « une immunité » à la mère célibataire. « Sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles », stipule l'article 490. Cet article est jugé discriminatoire au niveau des poursuites engagées à l'encontre des femmes, lesquelles, par leur grossesse, prouvent une sexualité hors mariage, l'homme pouvant y échapper lorsqu'il nie.