Sur une liste de 50 pays, le Maroc est classé 12ème en matière d'indice de complexité du recouvrement, fraîchement publié par le spécialiste de l'assurance-crédit Euler Hermes. Avec un score global obtenu de 60, le Royaume figure ainsi dans le rang des pays où le type de complexité de recouvrement des impayées par les entreprises est très élevé. C'est dire que le recouvrement reste un véritable parcours du combattant pour les entreprises marocaines. Pour l'élaboration de cet indice, qui vise à aiguiller les entreprises dans le choix de leurs destinations d'export, Euler Hermes procédé á l'analyse de trois facteurs : les pratiques locales de paiement, l'efficacité des procédures de recouvrement avant insolvabilité du débiteur, et l'existence d'un dispositif efficace de procédures collectives. En résulte une note, comprise entre 0 et 100, qui donne une vision des modalités de recouvrement pour un pays donné. Au Moyen-Orient et en Asie, le recouvrement des impayés est également un véritable parcours du combattant pour les entreprises. C'est le cas, entre autres, á l'Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis obtiennent ainsi les moins bons scores, avec respectivement 94 et 81. En revanche, l'Europe Occidentale figure de bon élève puisqu'elle simplifie la vie des entreprises souhaitant récupérer les sommes qui leur sont dues. Sur les 16 pays européens cités par l'étude, 14 figurent parmi les pays où le recouvrement est le moins complexe à l'échelle mondiale. La Suède (30), l'Allemagne (30) et l'Irlande (31) occupent le podium des pays où le recouvrement est le moins complexe. « En matière de délais de paiement, le comportement des entreprises suédoises, allemandes et irlandaises est très bon. En 2016, ces dernières payaient en moyenne leurs fournisseurs respectivement sous 54, 53 et 50 jours, alors que la moyenne mondiale était de 64 jours. Sans surprise, dans ces 3 pays, la résolution des impayés avant insolvabilité du débiteur est efficace : les tribunaux compétents résolvent les litiges dans des délais raisonnables. Ainsi, l'efficacité du système judiciaire influe directement sur le comportement de paiement des débiteurs », explique Eva Sebban, Responsable du département Procédures Collectives chez Euler Hermes France. A l'inverse, la situation est compliquée en Asie-Pacifique, qui compte pas moins de 4 représentants parmi les 10 plus mauvais élèves avec la Malaisie (78), la Chine (73), l'Indonésie (67) et la Thaïlande (60). Complexité du recouvrement à l'international, un sujet d'intérêt général L'étude d'Euler Hermes montre ainsi que même les économies les plus développées, les marchés les plus dynamiques ou les pays les moins vulnérables connaissent des difficultés en matière d'efficacité du recouvrement. Les poches de complexité existent dans le monde entier, même en Suède. Pour un créancier isolé, la première difficulté consiste à bien cerner le système local pour décider des actions à entreprendre. A l'échelle Européenne, de vrais efforts ont été réalisés pour créer un système harmonisé et simplifié de recouvrement des créances dans les pays de l'UE (sauf le Danemark) mais l'application de ces règles reste aléatoire en fonction notamment des tribunaux compétents. A l'échelle mondiale, il apparait que le plus gros problème réside dans la protection des droits du créancier après l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité. Quel que soit le pays, les formalités à respecter par les créanciers sont très disparates et souvent complexes. Les chances de recouvrer une créance due auprès d'un débiteur en procédure collective sont quasiment nulles pour un créancier isolé. L'accompagnement par un tiers expert devient alors primordial pour limiter la casse. A. CHANNAJE