Dans son discours à l'occasion du 42e anniversaire de la Marche Verte, le Souverain a fait référence au discours de son grand-père, le Roi Mohammed V, prononcé en 1958 à M'Hamid El Ghizlane près du territoire algérien. Dans ce discours, le père de la Nation déclarait notamment : «Nous proclamons solennellement que nous poursuivrons notre action pour le retour de notre Sahara dans le cadre du respect de nos droits historiques et selon la volonté de ses habitants (...). Ainsi, nous accomplirons la mission que nous nous sommes engagés à remplir et qui consiste à restaurer notre passé et à édifier un avenir prospère qui permettra à tous nos sujets de connaître le bonheur et la tranquillité». Ces propos pèsent lourdement sur la balance et leur rappel se veut d'abord un renvoi historique au soulèvement par le Maroc de la question du parachèvement de son intégrité territoriale dès son accession à l'indépendance en vertu des accords d'Aix-Les-Bains. La référence rappelle aussi à la bonne mémoire des gouvernants algériens et, à travers eux, à la communauté internationale tout entière, que la revendication du Maroc sur ses provinces sahariennes est antérieure à l'indépendance de l'Algérie qui est à l'origine du conflit et de son enlisement, et à la création même du Polisario. Autrement dit, lorsque le Roi Mohammed V s'était rendu à M'Hamid El Ghizlane, ni la communauté internationale, ni les anciennes puissances coloniales dans la région, ni aucun pays dans le monde n'étaient au courant d'une quelconque revendication d'indépendance dans le territoire dit "Sahara occidental" pour la simple raison que cette revendication n'existait pas et qu'elle ne pouvait exister, le Maroc étant le seul ayant droit légitime. Et c'est en cette qualité que Rabat avait inscrit, dès 1963, la question de la décolonisation du Sahara à l'ONU. Le Roi Mohammed V était allé à M'Hamid El Ghizlane, à la rencontre des représentants de l'ensemble des tribus du Sahara, scellant ainsi la légitimité nationale de la revendication territoriale par la symbiose entre le roi et le peuple marocain, les habitants du Sahara en tête. Le Maroc avait ensuite inscrit à l'ONU la question de la décolonisation du territoire pour asseoir la légitimité de la revendication sur les bases du droit international. La Marche Verte, après l'arrêt de la Cour Internationale de Justice reconnaissant l'existence de liens d'allégeance entre les populations et les rois du Maroc, preuve s'il en faut de la base juridique et de la légitimité historique, n'a fait que donner forme, de manière civilisée, à la mise en oeuvre de toutes ces légitimités réunies. Voilà où réside la forte symbolique de la référence par SM Mohammed VI au discours de 1958 prononcé par son auguste grand-père à M'Hamid El Ghizlane. Une façon de dire que le Maroc est bien chez lui, que la légitimité de sa présence est sans équivoque et que c'est irréversible. Jamal HAJJAM