Le bilan de l'année 2017 n'augure rien de bon concernant les défaillances d'entreprises. Celles-ci ont augmenté de 15 % en moyenne en glissement annuel au premier trimestre 2017. C'est ce qui ressort d'une nouvelle édition de l'enquête annuelle de Coface sur le comportement de paiement de 256 entreprises de différents secteurs d'activité au Maroc. Le groupe d'assurance-crédit français attribue cette hausse à plusieurs facteurs. D'abord, la baisse de la croissance de près de 3% et la contraction du PIB agricole de plus de 10 % qui ont eu des répercussions sur l'activité des entreprises. Ce qui explique l'allongement des délais de paiement des entreprises. Une situation qui est due aussi au manque de liquidités et à la difficulté d'accès au financement des entreprises. Chiffres à l'appui, le nombre de répondants dont la situation de trésorerie s'est dégradée sur les six derniers mois est en augmentation par rapport à 2016 (43 % au lieu de 37%). De même, la part des entreprises qui affichent une situation de trésorerie mauvaise est en hausse. Les entreprises sont, en effet, plus nombreuses à se couvrir contre le risque de crédit : 57% font appel à un professionnel, contre 43% en 2016, commente Sofia Tozy, économiste de Coface en charge de la région Afrique du Nord. L'enquête de Coface fait montrer, par ailleurs, que ce sont les secteurs de la construction, de la distribution et la négoce, des services et de l'agro-alimentaire qui observent le plus des délais de paiement traditionnellement longs. « Au 1er semestre 2017, l'allongement des délais semble toucher la quasi-totalité des secteurs : en moyenne, il s'agit de 105 jours pour la construction, de 102 jours pour la distribution et le négoce, de 98 jours pour les services et de 90 jours pour l'agroalimentaire. Ils étaient respectivement de 87, 89, 64 et 63 jours en 2016. La part des délais de paiement supérieur à 120 jours a donc augmenté significativement. Elle atteint 45% pour les entreprises issues de la construction (38 % en 2016), 46 % pour celles du secteur de la distribution (29 % en 2016), 33 % pour les entreprises agroalimentaires et 47 % dans les services aux entreprises », explique-t-on. Les services est un secteur où les délais de paiement sont généralement plus courts, tient à noter Coface. Retournement de tendance en 2017 Autre élément soulevé par Coface : En 2016, les retards de paiement s'amélioraient. 2017 voit un retournement de tendance. En effet, alors que la part des répondants faisant face à des retards moyens de 30 à 60 jours est stable (28%), les entreprises affichant des retards de plus de 120 jours sont en augmentation (21,4% pour des retards de 120 à 210 jours et 5% pour des retards supérieurs à 210 jours). Force est de noter également qu'en dépit d'une dégradation des conditions de paiement de leurs clients, 83% des entreprises n'appliquent pas de pénalité de retard face à un défaut de paiement de leur clients et 36% favorisent la mise en place d'un accord à l'amiable. 30% optent cependant pour un arrêt des livraisons. Pour les entreprises exportatrices, il semblerait que les retards de paiement à l'étranger se concentrent principalement en Afrique subsaharienne (27 %) et en Europe (22 %), ajoute la même source. Malgré l'allongement des délais de paiement au 1er semestre 2017, les entreprises ne s'attendent pas à une nouvelle dégradation. Plus de 50% des entreprises espèrent une stabilisation des comportements de paiement, et seulement 25% craignent une dégradation. 23,8% des entreprises, s'activant surtout dans les secteurs de la chimie, de l'énergie, de la construction et de la distribution. Globalement, les entreprises marocaines restent pessimistes quant à l'évolution du climat des affaires, et cela en dépit de la mise en place d'un nouveau cadre réglementaire sur les pratiques de paiement. Elles sont relativement positives sur l'évolution de la conjoncture pour les mois à venir. 30% d'entre elles s'attendent, en effet, à une amélioration de la situation conjoncturelle et 42% anticipent une situation sans changement, conclut Coface. A. CHANNAJE