L'Union européenne tente de détendre les relations avec la Turquie malgré le malaise provoqué par le référendum sur l'extension des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan et la répression de l'opposition, qui semble avoir mis n aux ambitions d'Ankara d'intégrer un jour le bloc communautaire. Une réunion prévue, vendredi à Malte entre les ministres des A aires étrangères européens et leur homologue turc Mevlut Cavusoglu a pour principal objectif d'apaiser les tensions après les invectives qui ont marqué la campagne référendaire turque, pendant laquelle Recep Tayyip Erdogan a notamment comparé certains gouvernements européens, dont l'Allemagne, aux nazis. Mais en dépit de la colère suscitée par ces outrances et d'appels à la suspension du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE), cette dernière a besoin de maintenir la coopération avec Ankara, qui reste un allié au sein de l'Otan et détient la clé du contrôle des ux de migrants et réfugiés en provenance du Proche- Orient. «On ne peut pas faire comme si de rien n'était», souligne le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn, qui supervise le processus d'adhésion de la Turquie et participera à la réunion à La Valette. «Gardons notre sang froid et discutons d'une solution qui nous permette de travailler avec la Turquie», ajoute-t-il en allusion, par exemple, à une relation basée exclusivement sur une coopération en matière de commerce et de sécurité. La candidature de la Turquie, lancée o ciellement en 2005, est dans les faits au point mort en raison, notamment, des obstacles politiques posés par la situation de Chypre et de la résistance exprimée par de nombreux pays à l'adhésion d'un pays majoritairement musulman de 80 millions d'habitants, bien avant les récents évènements. Si l'Autriche a réclamé l'abandon pur et simple du processus d'adhésion, d'autres pays du bloc sont plus prudents par crainte de la réaction du président turc, qui a menacé à plusieurs reprises de dénoncer l'accord sur les migrants conclu l'an dernier. «Ce n'est pas à l'UE de fermer la porte», estime un haut diplomate européen. «C'est à la Turquie de faire ce choix.» Recep Tayyip Erdogan a déclaré à Reuters qu'il pourrait renoncer à adhérer à l'UE si Bruxelles n'accélère pas le processus, mais il s'est dans le même temps dit prêt à poursuivre les négociations. Les Vingt-Huit demeurent le premier partenaire commercial de la Turquie et le plus gros investisseur étranger dans ce pays.