Paraphé le 1er janvier 2014, sous la présidence effective de SM le Roi Mohammed VI, le Projet quadriennal 2014 – 2017 Marrakech, Cité du Renouveau Permanent, qui a consacré 6,3 milliards de DH à la transformation de la ville ocre en pôle urbain durable et équilibré, est très en retard sur l'échéance fixée, faute de fonds et de manque de volonté des Autorités Locales et de la Mairie. Huit mois seulement nous séparent de 2018 et bien des chantiers d'envergure attendent toujours leur lancement, quand ils ne sont pas tombés dans l'oubli. Bien entendu, ce méga projet a permis à la cité ocre de faire un élan qualitatif énorme. L'accueil de la Cop 22 aidant, Marrakech a subi une admirable métamorphose, se présentant désormais dans un environnement durable et attractif. Toutefois, la symphonie supposée devoir renforcer l'attractivité et le rayonnement de la cité et lui donner son entière plénitude par la réalisation de projets structurants en termes de transversalité et d'intégration, demeure inachevée. On en veut pour preuve la chape de silence sur la création de la cité des arts populaires, le musée du patrimoine matériel, le conservatoire de musique, le transfert de la gare routière ou encore sur la réhabilitation du théâtre royal qui fait du surplus parce qu'il s'agit d'un bâtiment beau de l'extérieur, mais quasi inopérant dans son intérieur. Je sais que nombre de citoyens préfèrent soulever en priorité le problème chronique de la mobilité urbaine et la mise en place d'un nouveau système de régulation de la circulation comme il était convenu. A mon sens, la priorité des priorités à Marrakech est indiscutablement le secteur du tourisme qui constitue le principal levier économique de la région et qui a été à son tour victime de promesses pieuses restées à nos jours sans lendemain. Ce jour du 1e janvier 2014, lors de la cérémonie de la présentation du Projet Marrakech, Cité du Renouveau Permanent, une convention s'inscrivant dans le cadre de la promotion du rayonnement de la destination Marrakech et sa région portant sur la création d'un fonds régional d'un montant global de 400 million de DH a été solennellement signée par Mohamed Faouzi alors Wali de la région, Abderrafie Zouiten, DG de l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT), Ahmed Touizi, ex-président du Conseil Régional, et Fatima Ezzahra El Mansouri qui était à la tête de la mairie. Ce qui a suscité un air d'euphorie dans les milieux des professionnels du tourisme, soucieux de voir leurs homologues turcs, tunisiens et égyptiens mettre le paquet dans la promotion pour leur damer le pion, les abandonnant sur le quai parce qu'ils manquent de carburant, le nerf de la guerre voulons-nous signifier. Zoom sur quelques réactions pour la petite histoire Apparemment, le DG de l'ONMT semblait le plus enthousiaste des signataires et ne cachait pas sa satisfaction, déclarant que « c'est une démarche novatrice et participative fruit d'un travail consensuel avec les autorités locales et que ce fonds s'inscrit dans le cadre des Hautes Orientation Royales par rapport au soutien de la Vision 2020 et également en terme de régionalisation » avant d'ajouter qu' « en matière d'aérien, il s'agira d'essayer de développer de nouveaux marchés, notamment le long courrier, et de consolider les marchés existants et en matière de communication ce fonds permettra de renforcer la présence de Marrakech à l'international à travers la mise en place de quatre ou cinq grands événements dans les grandes capitales étrangères » avant de conclure que c'est une première étape vers plus de proximité avec la région, les autorités locales et les professionnelles (sic). Venons-en au montage financier de ce fonds qui doit s'étendre sur 4 ans à raison d'une enveloppe annuelle de 100 millions de DHS / an. La mairie devait contribuer avec un montant de 30 millions de DHS, la Région doit s'acquitter de 10 millions et l'ONMT des 60 millions restants. A la suite de la signature de cette convention, les professionnels du tourisme piaffaient de joie, particulièrement le collège du Conseil Régional du Tourisme qui voyait en cette démarche participative un moyen de renforcer sa présence sur d'autres marchés émetteurs potentiels plutôt que de se contenter d'exhiber ses atours dans des sentiers battus. L'arrivée d'un puissant homme d'affaires à l'activité hôtelière aux premières loges de la mairie, en l'occurrence le 1er vice-président, le péjédiste Youness Benslimane, les conforte encore davantage dans leurs attentes. Simple illusion. Nos professionnels ont pris des vessies pour des lanternes en constatant la fuite en avant des signataires qui ont failli à leurs engagements. C'est ainsi que le président du Conseil Régional du Tourisme, M. Hamid Bentahar, qui avait fait vite de jubiler, s'est retrouvé devant le mur, astreint à réduire son programme de promotion et le nombre des membres de l'expédition de son équipe de promotion à sa plus simple expression. Il y a un mois, un seul représentant du bureau du CRT s'était rendu à Berlin, pourtant c'est le plus grand Salon du tourisme d'Europe, voire du monde. Vint ensuite le Salon de Milan. Pour la première fois dans ses annales, il a enregistré un zéro rond dans la rubrique des CRT présents, pendant que Tunisiens, Egyptiens, Turcs et Grecs s'affichaient ostensiblement dans leurs stands de promotion. Heureusement que la délégation de l'ONMT en place, en la personne de Mme Jazia Santissi, a réussi à sauver la mise in extremis. Ce sera une lapalissade que de dire que la promotion nécessite un budget conséquent et ce ne sont pas les modestes cotisations des hôteliers qui vont permettre au CRT de réaliser un programme de la dimension d'une ville de la taille touristique de Marrakech. Nous pensons qu'il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. Il suffirait de tourner la page du gouvernement précédent qui s'était montré incapable de donner au secteur touristique sa pleine mesure en le dotant de moyens financiers et technologiques requis et espérer une nouvelle ère avec l'avènement du nouveau gouvernement qui a eu l'ingénieuse idée de désigner un seul ministre pour le tourisme, le transport aérien et l'artisanat, les segments phares du produit touristique. Dès lors, il serait souhaitable que M. le ministre Mohamed Sajid se rende à Marrakech et se mette à table avec les opérateurs dans ce domaine en vue d'établir une feuille de route et d'évaluer les besoins de tous genres nécessaires à son application. Plus vite sera le mieux.