La finance participative a été, jeudi à Casablanca, au cœur d'un débat lors de la 3ème édition du Meeting sur l'information financière, tenue sous le thème : « Instruments financiers alternatifs : Finance verte et finance participative, leviers de croissance pour le Maroc ». C'était l'occasion pour les opérateurs, les régulateurs, les professionnels et les experts de discuter de ce secteur récemment lancé au Maroc. Ce n'est, en effet, qu'en janvier 2017 que Bank Al Maghrib a autorisé à cinq banques marocaines (CIH Bank, BMCE Bank of Africa, Banque centrale populaire, Crédit agricole du Maroc et Attijariwafa Bank) d'exercer l'activité bancaire participative. Elles ont été autorisées ainsi à commercialiser les produits bancaires dits alternatifs (Mourabaha, sukuk et produits assimilés...). Murabaha est « un contrat de vente aux termes duquel un vendeur vend un actif à un financier islamique qui le revend à un investisseur moyennant un prix payable à terme (vente à tempérament) ». Les sukuk et les produits financiers assimilés sont « des titres représentant pour leur titulaire un titre de créances ou un prêt dont la rémunération et le capital sont indexés sur la performance d'un ou plusieurs actifs par l'émetteur ». « La finance participative étoffera l'offre de financement existante et dynamisera la demande pour permettre à de nouveaux besoins de trouver des offres adaptées », a affirmé le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, à l'ouverture de la 3è édition du Meeting sur l'information financière. « Il s'agit d'un secteur complémentaire aux secteurs conventionnels, permettant de développer de nouveaux instruments financiers afin de drainer plus d'épargne et compléter la panoplie des produits offerts par le système bancaire marocain », a ajouté M. Boussaid. Autre élément soulevé par le responsable gouvernemental : la finance participative est un chantier "lourd" qui a nécessité des années de maturation et de réflexion pour la mise en place du cadre réglementaire. 23 textes de loi ont été en effet publiés. Sans oubli la publication en mars dernier, de la part de la banque centrale, de trois circulaires relatifs aux caractéristiques techniques des produits. Evoquant la finance verte, M. Boussaid a appelé à multiplier les efforts pour favoriser l'émergence d'une finance verte sur le plan régional et continental. « Le contexte mondial actuel est marqué par un engagement planétaire pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre surtout après le succès éclatant de la 22ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), tenue en novembre dernier à Marrakech », a-t-il dit, ajoutant qu'avec les engagements pris par le Maroc pour prendre part à cet engagement mondial, il est capital de poursuivre le processus du lancement de projets ayant trait à la réduction du gaz à effet de serre et à l'adaptation aux changements climatiques. Selon Novethic, un portail électronique spécialiste en économie responsable, la finance verte rassemble l'ensemble des opérations financières ayant pour finalité de favoriser la transition énergétique et de lutter contre le réchauffement climatique. Il s'agit d'un marché qui s'est considérablement développé et qui continue à croître. Insignifiant au début des années 2010, le marché de la finance verte devrait dépasser les 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. « L'outil principal de la finance verte demeure les obligations vertes ou Green bonds, émises dans le but de financer les initiatives participant à lutter contre le réchauffement climatique et assurer la transition énergétique. Un autre outil dont dispose les investisseurs est la dé carbonisation de leurs portefeuilles en finançant des entreprises enclines à limiter leur empreinte écologique. La Finance verte s'inscrit dans le cadre de l'investissement socialement responsable (ISR) qui a pour finalité d'ajouter le respect des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à la simple recherche du profit. Si elle a le vent en poupe, la finance verte a besoin d'un véritable cadre structurant, notamment par le biais de critères qualifiants, pour poursuivre son essor et diffuser les bonnes pratiques qu'elle soutient et recommande », ajoute la même source.