A peine son retour au sein de l'UA officialisé, le Maroc a adressé une demande officielle pour devenir un membre à part entière de l'organisation de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).Une opportunité de développer de plus en plus son économie, le Maroc affirme ainsi sa volonté à apporter sa plus-value à la structure sous-régionale. La demande d'intégration fait suite aux 23 visites dans 11 pays de la CEDEAO, ces dernières années, effectuées par S.M. le Roi Mohammed VI pour créer ou consolider les liens entre le Maroc et les pays de la CEDEAO. Le Maroc, jouissant déjà d'un statut d'observateur, manifeste ainsi son engagement à relever, conjointement avec les pays membres de la CEDEAO et de manière solidaire, les défis auxquels la région est confrontée. L'intégration du Maroc pourrait toutefois opter pour une démarche plus progressive à travers la mise en œuvre, dans un premier temps, d'une libéralisation des échanges commerciaux avant d'entamer la libre circulation des personnes, le tarif extérieur commun et la monnaie unique. En effet, le Royaume du Maroc a d'ailleurs informé la présidente en exercice de la CEDEAO, Ellen Johnson Sirleaf, de sa volonté d'adhérer à cette entité régionale en tant que membre à part entière. Et ce, en conformité avec les dispositions du Traité fondateur de la CEDEAO et en satisfaction totale de ses critères d'adhésion en vigueur. Dès que les instances de la CEDEAO statueront sur la suite à donner à cette demande, et qu'une validation officielle de l'adhésion du Maroc soit acceptée, il serait question du modèle d'intégration à adopter. Si le traité d'Abuja défini l'État-membre comme celui «ayant ratifié le traité», toute la question est de savoir si un État membre devient de facto partie de la communauté dans son niveau d'intégration actuel ou si celui-ci peut opter pour une progressivité dans la démarche d'adhésion. Etant une zone de libre circulation des biens et des personnes, une adhésion du Maroc à cette intégration en l'état, suggérerait une mise à niveau. Car cette zone économique dispose déjà d'un passeport et d'une carte d'identité uniques. Et donc, le Maroc devra procéder à de grandes mutations administratives et sera même amené à adapter sa politique migratoire. Par ailleurs, la Communauté économique régionale ayant appliqué les principes fondateurs d'une Union douanière, le Maroc devra faire appliquer le tarif extérieur commun (TEC) en vigueur dans la zone depuis 2015. Il s'agira, en outre, d'harmoniser les politiques budgétaires, surtout dans la perspective de l'adoption d'une monnaie commune à l'horizon 2020. Face à ces défis, les experts nationaux penchent plutôt pour une approche progressive tant sur la forme que sur le contenu. Il s'agirait pour le Maroc de démarrer son intégration en accédant dans un premier temps à la Zone de libre-échange (ZLE) avec un partenariat consacré principalement à la libre circulation des biens et marchandises et éventuellement des services. Un accord de partenariat économique (APE) suivant les modèles d'un accord de libre-échange devrait dans ce cas de figure être signé et adopté entre le Maroc et les pays de la CEDEAO. Le Royaume procéderait ensuite à l'élargissement de ce partenariat à travers l'intégration de la libre circulation des personnes et l'adoption d'un tarif extérieur commun dans le cadre d'une Union douanière. Les efforts pourront ensuite être déployés afin de réussir la transition vers une Union monétaire et la mise en place d'une monnaie unique. Par ailleurs, il paraît que les économistes opteraient pour une intégration en plusieurs étapes en vue d'éviter les grands chocs que peut engendrer une ouverture économique, monétaire et douanière trop précipitée. Cette volonté affichée par le Maroc de devenir membre de la CEDEAO répond également à l'intérêt porté par le Maroc aux négociations autour de la mise en place d'une Zone de libre-échange continentale (ZLEC) actuellement en cours de discussion au sein de l'Union Africaine. La ZLEC constitue une étape importante vers la mise en place du marché commun africain et de la communauté économique africaine, avec comme objectif l'intégration continentale visée par le Traité d'Abuja ainsi que l'acte constitutif de l'Union Africaine. La zone constitue également une étape stratégique pour renforcer l'insertion de l'Afrique dans l'économie mondiale. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération affirme que la volonté du Maroc d'intégrer la CEDEAO est nourrie par un certain nombre de visions. Cette demande s'inscrit dans « la vision royale de l'intégration régionale comme clé de voûte du décollage économique de l'Afrique». « Le Maroc veut ainsi contribuer, de manière encore plus directe, aux activités de la CEDEAO et apporter une contribution dans les domaines de la stabilité, du progrès économique et du développement humain durable », ajoute-t-il. Selon Hassan Sentissi (Président de l'ASMEX) : « Cette adhésion sera extrêmement positive pour nous et nous permettra de nous ancrer davantage en Afrique. Elle facilitera les échanges dans les deux sens, dans un esprit gagnant-gagnant». Quant à Adil Douiri (PDG Mutandis), il affirme que : « L'adhésion du Maroc à la CEDEAO est une initiative très intéressante pour l'industrie marocaine. Elle se traduira par une sensible amélioration de notre compétitivité puisque nous subissons aujourd'hui des droits de douane très élevés. Mais cette adhésion n'empêchera pas les industriels marocains d'aller investir sur place».