Si l'emploi et le chômage semblent à peu près aussi fréquents chez les migrants de retour qu'au sein de la population générale, les migrants de retour contribuent probablement de manière disproportionnée à l'offre de main-d'œuvre qualifiée. En effet, leur niveau d'éducation a non seulement tendance à être supérieur à celui de la population générale, mais les diplômés du supérieur sont également particulièrement susceptibles d'occuper un emploi. Ce résultat est valable tant pour les femmes que pour les hommes. Le taux de chômage est toutefois particulièrement élevé chez les personnes possédant un niveau d'éducation intermédiaire, hommes ou femmes. Par exemple, le taux de chômage des femmes nées au Maroc qui rentrent dans leur pays d'origine avec un niveau d'éducation secondaire inférieur est de 48 %, alors qu'il n'est que de 21 % chez celles qui sont diplômées du supérieur. Cette tendance vaut également pour les hommes, bien que leur taux de chômage soit inférieur. Il atteint 28 % chez ceux qui ont un niveau d'éducation secondaire inférieur, en comparaison avec 13 % chez les diplômés du supérieur. L'emploi des émigrés marocains qualifiés de retour dans leur pays est vraisemblablement associé à un transfert des compétences qu'ils ont acquises à l'étranger, pour le bénéfice de leurs employeurs, collègues ou partenaires commerciaux au Maroc. Alors que de nombreux facteurs peuvent contribuer ou nuire au transfert de compétences et de savoir-faire par les migrants de retour, Wang (2015) démontre que la mesure dans laquelle les migrants de retour sont intégrés dans des structures au Maroc joue probablement un rôle considérable dans ce processus, outre la présence d'autres migrants de retour. Cela souligne l'importance d'une réintégration réussie au Maroc. L'enquête du CERED de 2003/04 révèle que les bénéfices de l'expérience acquise à l'étranger profitent aux migrants de retour eux-mêmes . les trois quarts des migrants principaux qui rentrent au Maroc sont convaincus qu'elle constitue un avantage. Sur l'ensemble des migrants de retour, 60 % indiquent que l'expérience acquise à l'étranger a amélioré leurs perspectives d'emploi (FEF, 2013). Envois de fonds et investissement Les investissements des émigrés marocains dans leur pays d'origine (probabilité, ampleur) ont été l›un des principaux sujets de l'enquête susmentionnée, menée par CERED, réalisée auprès d'émigrés marocains venus en visite au Maroc à l'été 2005. Les informations portent sur 2 800 ménages, soit près de 11 000 personnes. Les résultats indiquent que 44 % des ménages enquêtés ont réalisé au moins un investissement au Maroc. Ces investissements sont principalement immobiliers (81 %), puis dans le commerce (8 %). Les émigrés marocains installés en Italie et en France investissent beaucoup plus au Maroc que dans leurs pays d'accueil, près de deux tiers de leurs investissements sont dirigés vers le Maroc (le reste étant vers leur pays d'accueil). La plupart (70 %) de leurs investissements dans l'immobilier ont lieu d'ailleurs au Maroc plutôt que dans leur pays d'accueil. Mis à part les investissements dans l'immobilier, le reste des investissements concerne plutôt des transferts de savoir-faire. En effet, les émigrés marocains ont tendance à investir dans leur domaine de compétences. Devenir propriétaire d'un logement au Maroc constitue une composante fondamentale de l'attachement des émigrés marocains à leur pays d'origine : les épargnes lors de leur séjour à l'étranger semblent souvent avoir pour but l'achat de biens immobiliers au Maroc, parfois avant leur retour (FEF, 2013). Un tel investissement permet aussi de valoriser leur épargne dans la croissance économique du Maroc. Les émigrés marocains nés au Maroc en milieu rural ont tendance à investir plus que ceux nés en milieu urbain, et plus encore que les descendants d'émigrés. En revanche, si le niveau d'éducation des émigrés marocains augmente la capacité et la probabilité d'investir, cette augmentation du niveau d'éducation diminue la probabilité que l'investissement se fasse au Maroc. Les émigrés marocains des premières vagues d'émigration, des années 60 à 70, sont ceux qui investissent le plus au Maroc. Dans leur analyse empirique, Hamdouch et Wahba (2013) tiennent compte des facteurs tels que l'âge, qui diffère entre les générations émigrées. Néanmoins, ils peuvent confirmer que la deuxième ou troisième génération émigrée est moins susceptible d'investir au Maroc que la première génération émigrée. Les liens économiques entre le Maroc et ses émigrés tendent ainsi à s'estomper dans le domaine de l'investissement.