Les routes marocaines continuent à faire des victimes dans une guerre sans merci, alimentée par plusieurs facteurs, tels que le comportement des usagers, piétons et conducteurs, et la qualité des infrastructures routières. Les accidents de circulation s'avèrent ainsi un véritable cataclysme socio-économique, de par leurs coûts et de leurs effets et impacts sociaux sur les familles des victimes. Les conséquences de ce fléau, dont l'ampleur est fortement corrélée à la gravité de l'accident et la fragilité socio-économique, se caractérisent par un aspect multidimensionnel, causant aux victimes des dégâts sur plusieurs niveaux, notamment la santé, l'emploi, le logement et la situation financière. En cas d'incapacité à exercer leurs activités professionnelles, ces individus subissent, en plus de la douleur et de la souffrance physique, une perte de revenu, ce qui leur complique la vie davantage, puisque la prise en charge des dépenses de santé est souvent tardive et les procédures pour y bénéficier sont longues. En effet, la multiplicité des impacts des accidents de la route met la victime dans une situation difficile, où elle doit faire face à plusieurs procédures (travail, assurance et indemnités, médicale, juridique...). Face à la recrudescence de ce phénomène, devenu de plus en plus inquiétant notamment avec l'accroissement que connait le parc automobile, à travers le monde entier, la communauté internationale a manifesté sa volonté et détermination pour lutter contre les accidents de route, en particulier lors de l'Assemblée générale des Nations Unis en mars 2010, où une résolution a été adoptée afin de proclamer la période 2011-2020 une décennie d'action pour la sécurité routière. Cette résolution avait pour objectif principal de stabiliser et puis de réduire le nombre de décès imputables aux accidents de la circulation dans le monde, à travers les différentes actions menées sur les plans national, régional et mondial. La mise en œuvre de cette décennie s'inscrit dans le prolongement des actions de lutte contre l'insécurité routière, menées par le Maroc, qui a élaboré en 2003 une stratégie nationale de la sécurité routière de dix ans, visant à inverser la tendance haussière du nombre annuel des tués et blessés graves et à réduire ce nombre d'une manière durable et continue. Afin d'activer la réalisation des objectifs de cette stratégie, trois Plans stratégiques intégrés d'urgence de sécurité routière (PSIU) triennaux, ont été mis en place durant les périodes 2004-2006, 2008-2010 et 2011-2013. Ces plans s'articulent autour de 7 axes stratégiques à savoir, "la coordination et gestion de la sécurité routière à haut niveau", "la législation", "le contrôle et sanction", "la formation des conducteurs et examen du permis de conduire", "l'amélioration des infrastructures routières et voiries urbaines", "l'amélioration des secours dispensés aux victimes des accidents" et "la communication, sensibilisation et éducation routière". En effet, le PSIU I consistait à stabiliser le nombre des tués et des blessés graves sur les routes marocaines et à montrer que le fléau de l'insécurité routière pouvait être contrecarré, à travers la mise en œuvre intégrée des sept axes retenus, tandis que le PSIU II avait comme but d'instaurer une tendance continue à la baisse du nombre de décès et des blessés graves des accidents de la circulation. Dédié à la mise en œuvre de toutes les dispositions de la loi 52-05 portant code de la route, à l'acquisition de l'ensemble des équipements et au renforcement en ressources humaines requises, le PSIU III (2011-2013) visait à inscrire, de manière durable, cette baisse des indicateurs de sécurité routière. Cependant, l'augmentation du nombre des accidents et des décès persistait, poussant les autorités publiques à déployer plus d'efforts pour contrecarrer ce phénomène, à travers notamment l'introduction de nouvelles approches de sensibilisation novatrices et créatives. Et c'est dans ce sens que la nouvelle stratégie de sécurité routière 2016-2025, dont le projet sera soumis prochainement au Comité interministériel de la Sécurité routière (CISR) pour validation et adoption, a été élaborée. Cette stratégie a pour ultime objectif de réduire le nombre de décès sur les routes de 25% à l'horizon 2020 et de 50% à l'horizon 2025. Durant l'année 2016, le nombre des accidents de la circulation se sont élevées à 81.827 contre 78.864 un auparavant, faisant ainsi 3.593 morts, soit plus de 0,79% par rapport à 2015, et 8.950 blessés graves (-10,11%), indiquent les statistiques provisoires de la Direction des transports routiers et de la sécurité routière, relevant du ministère de l'Equipement, du transport et de la logistique. En périmètre urbain, 58.546 accidents ont eu lieu au cours de 2016, un chiffre en hausse de 4,61% par rapport à 2015, causant 984 morts (+3,36%), alors qu'en périmètre hors-urbain, le total des personnes tuées a baissé de 0,15%, passant de 2.613 en 2015 à 2.609 en 2016, malgré l'augmentation du nombre des accidents de circulation de 1,68% à 23.281. Selon le secrétaire permanent du Comité national de prévention contre les accidents de circulation (CNPAC), Benaceur Boulaajoul, les accidents de circulation de l'année 2016 ont été "moins dangereux" que ceux de 2015. Des propos confirmées notamment par les statistiques provisoires qui font état d'une légère diminution de 0,13% des accidents mortels, en relation avec la baisse de 1,02%, hors périmètre urbain. Dans une déclaration à la Map à l'occasion de la journée nationale de la sécurité routière (JNSR 2017), M. Boulaajoul a souligné l'importance des efforts déployés par les secteurs concernés par la lutte contre les accidents de circulation, ajoutant qu'"en tant qu'agent marqueteur du gouvernement en matière de la sécurité routière, le CNPAC plaide pour la poursuite de la mobilisation des intervenants publics et privés, des composantes de la société civile et des acteurs médiatiques". Le Comité, a-t-il poursuivi, lance un certain nombre d'initiatives au profit des acteurs institutionnels et de la société civile, telle que la série de concours lancée dans l'objectif de mobiliser et valoriser les bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité routière. M. Boulaajoul a estimé que l'éducation routière constitue l'une des valeurs sûres sur laquelle il faut miser pour l'amélioration de la sécurité routière. "En assurant un accompagnement de qualité auprès des enfants avec un système d'éducation adapté à chaque catégorie d'âge et de niveau scolaire, je pense, qu'à la fin de leur cursus, ils auraient accumulé un bagage assez important de règles concernant la sécurité routière qu'ils appliqueraient le restant de leur vie", a-t-il estimé. Sur un autre volet, M. Boulaajoul a fait savoir que le CNPAC lance annuellement des concours de dimension nationale pour l'élection des "meilleur moniteur d'auto-école", "meilleur agent visiteur technique", "meilleure entreprise engagée pour la sécurité routière", "meilleur projet d'école en matière d'éducation routière", "meilleure affiche", "meilleure chanson", "meilleure production journalistique" et "meilleur projet digital". L'objectif étant de rayonner les bons comportements et les bonnes pratiques dans l'usage des routes. Célébrée le 18 février de chaque année, la JNSR constitue un rendez-vous annuel pour évaluer les diverses opérations et programmes réalisés en matière de sécurité routière, mesurer les progrès, identifier les contraintes qui empêchent la réalisation des résultats escomptés et valoriser les efforts fournis en matière de lutte contre l'insécurité routière au Maroc. La JNSR constitue ainsi l'occasion d'une mobilisation générale au niveau national, régional et local, mais aussi de lancer de nouveaux programmes et projets, à forte valeur ajoutée, à mener à court et à moyen termes.