Quelques jours à peine après la prise de fonction du Président Donald Trump, le Conseiller à la sécurité nationale, le lieutenant-général Michael Flynn, a procédé à la réorganisation de la structure qu'il dirige, une démarche qui constitue, dans son volet géopolitique africain, «un signal très positif pour les objectifs stratégiques à long terme de la stratégie de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Afrique». Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) à la Maison Blanche a tenu à préciser que conformément à ce nouveau «réalignement interne» le Maroc et les autres pays d'Afrique du nord, à l'exception de l'Egypte, relèvent désormais du Département Afrique (Senior Directorate) plutôt que de celui en charge du Moyen-Orient, «avec pour objectif d'assurer une meilleure gestion de la charge du travail et d'encourager à la fois une meilleure intégration et une fonctionnalité trans-régionales». Pour l'ancien Directeur de la lutte anti-terroriste en Afrique au Pentagone, le colonel à la retraite Rudolph Atallah, «cette nouvelle réorganisation est sans aucun doute de nature à s'inscrire en droite ligne des objectifs stratégiques à long terme du Maroc en Afrique, notamment avec le retour du Royaume au sein de l'Union africaine». «Le Maroc, a-t-il poursuivi, a un rôle essentiel à jouer dans le continent et beaucoup à offrir aux pays africains en termes d'expertise et de savoir-faire dans le domaine de la lutte anti-terroriste», ajoutant que le Département Afrique au sein du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche «permettra ainsi aux Etats Unis de dégager les fonds nécessaires pour la mise en œuvre de programmes effectifs en vue de barrer la route à l'extrémisme violent aussi bien en Afrique du nord que dans la région sahélo-saharienne». «Le Maroc, a-t-il souligné, s'est toujours distingué par son approche proactive en matière de lutte anti-terroriste dont peuvent bénéficier grandement les pays africains». Il convient de rappeler, à ce propos, que le Maroc et les Etats Unis, avaient signé, à Washington au mois d'août 2014 en marge du premier sommet Etats Unis-Afrique, un accord-cadre bilatéral sur l'assistance antiterroriste, visant notamment une coopération triangulaire en matière de formation sécuritaire. Au titre de ce mémorandum, les deux pays s'engagent à renforcer les capacités régionales, particulièrement dans le domaine de la formation du personnel des services de sécurité civile des pays partenaires dans les régions du Maghreb et du Sahel à travers la mobilisation de l'expertise mutuelle dans des domaines tels que la gestion des crises, la sécurité des frontières et les investigations. Commentant cette nouvelle configuration, J. Peter Pham, Directeur de l'Africa Center relevant de l'Atlantic Council, a fait observer qu'»il s'agit d'un réalignement interne au sein du Conseil de sécurité nationale dans le but d'aider l'administration du Président Trump à mieux appréhender ses politiques dans le continent africain», notant, toutefois, qu'»il est clair que cette décision n'est pas née du vide et tient bien évidemment compte des nouvelles réalités géopolitiques et économiques dans le continent africain d'aujourd'hui». «Il s'agit aussi d'un choix stratégique clair fait par le Conseiller à la Sécurité nationale, le lieutenant-général, Michael Flynn, qui est bien au fait des enjeux et qui plus est n'aurait pas procédé à cette réorganisation sans l'aval préalable du Président Trump». En fait, J. Peter Pham, également vice-président de l'influent think tank basé à Washington, avait appelé l'actuelle Administration à procéder à une telle réorganisation, dans un papier d'analyse publié peu après le dernier scrutin présidentiel. «Un premier pas décisif serait de procéder à une réorganisation des différents départements (directorates) du NSC de telle manière à ce que la couverture de l'Afrique soit calquée sur les zones de couverture du commandement de combat relevant du Pentagone», avait écrit l'expert US, en faisant remarquer que «de toutes les différentes divisions relevant du gouvernement US, celles concernant l'Afrique sont les plus conformes aux organisations régionales africaines, et aussi de manière plus générale aux modèles social, économique, politique et sécuritaire à travers cette partie du monde». Peter Pham a indiqué que «la récente visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Addis Abeba, à l'occasion du sommet de l'Union africaine et du retour du Maroc au sein de l'organisation pan-africaine après une longue absence consécutive à une injustice historique perpétrée à l'égard du Maroc, souligne la justesse de cette nouvelle réorganisation du Conseil de sécurité nationale américain». «L'Afrique est Une. Un message exprimé clairement et sans équivoque par la majorité écrasante des Etats africains, qui ont voté massivement pour le retour du Royaume», a-t-il dit, rappelant qu'»en dépit de l'absence du Maroc du cadre institutionnel de l'UA, le Royaume s'est érigé en une force agissante de stabilité et de progrès dans le continent, une dimension qui prendra une trajectoire encore plus ascendante avec le Maroc au sein de l'Union». Il convient de rappeler «évidemment que le Maroc est un allié distingué des Etats Unis, dans le cadre d'une relation d'amitié qui date de l'indépendance des Etats Unis d'Amérique», a souligné M. Pham. Et de conclure : «Le fait que les Etats Unis au plus haut de la structure de l'Administration US engagent le Maroc et son voisinage africain dans une vision globale constitue un signe très positif pour le Royaume».