Hissés au rang de stars, les acteurs sont des demi-dieux vénérés par le public. Cette vénération date de la période antique quand le théâtre offrait un spectacle unique et parfait drainant les foules de partout en vue d'une identification perdue. Beaucoup plus tard, le cinéma viendra prolonger ce plaisir collectif. Cherchant des surnoms beaucoup plus fort que "comédien", "acteur" ou "artiste" pour définir ce métier au statut singulier et spécificités particulières. On trouvera les noms de "stars", "vedettes" et "étoiles" en vue de mieux estimer et valoriser ces serviteurs de l'art. Cependant, cela ne les rend pas invulnérables et leur métier est loin d'être parfait. Nombreux sont les acteurs et actrices qui, à travers divers festivals qui inondent le monde, sont proposés aux prix d'interprétation masculine et féminine et qui rentrent le soir bredouilles, déçus des jurys, du public, et de leur propre prestation. C'est parce qu'ils estiment qu'ils n'étaient pas tout à fait à la hauteur des attentes du public légitime juge des destinées. Et ce public s'est toujours montré dupe quant aux véritables exploits de ces acteurs stellaires. Quand on prend en considération les conditions matérielles des tournages, les trucages devant les caméras et lors du montage, les effets spéciaux de toutes sortes, on se rend vite compte que ces acteurs-vedettes sont, en réalité, sans véritable gloire. Ce sont des tigres en papier incapables du moindre exploit. Tous leurs gestes d'héroïsme, de bravoure et d'audace ne sont que des leurres à l'adresse de spectateurs enveloppés naïvement dans leur torpeur. C'est ce qui explique l'engagement indispensable de doublures et de cascadeurs qui, eux, se livrent dangereusement aux véritables périls au risque régulier de leur vie. Nombreux d'entre eux furent fatalement et accidentellement victimes d'excès de leur courage et disparus dans un ignoble anonymat tout à l'honneur de l'acteur qui, lui, est éternisé à vie à la place d'un autre. Telle est l'injustice du cinéma à favoriser des noms de vedettes et de stars sans le moindre mérite, exception faite pour ces rares noms du septième art qui, assumant pleinement leur métier d'acteur, avec ses risques et périls, vont jusqu'au bout de leur oeuvre. Révolu le temps de Chaplin, Keaton et autre Belmondo, des acteurs qui ne toléraient aucune doublure lors des tournages, mieux encore, leur seule présence était considérée comme un affront à leur métier d'acteur. Aujourd'hui, le dur travail des acteurs est effectué par des machines conçues et montées à se livrer aux plus extraordinaires des exploits dont ils tirent un inestimable et injuste profit.