Que serait le western sans le cheval? Les chiens-vedettes existaient déjà au début du cinéma: un colley fut, à partir de 1907, le héros de plusieurs courts métrages. Certes, les animaux domestiques sur l'écran continuaient là une tradition scénique. Cependant, le cinéma a innové en montrant sur l'écran l'animal sauvage, sans barreaux et sans risque pour le spectateur, sinon pour l'équipe de tournage. L'animal est un acteur très incommode et souvent imprévisible: il a besoin non seulement d'un vétérinaire, mais aussi d'un répétiteur, c'est à dire d'un dresseur. En revanche, il a ceci de pratique qu'on peut facilement lui substituer une doublure, voire plusieurs doublures. Dans des films qui prennent pour héros un chien, un chat, un éléphant, un dauphin ou même un ourson, il est des plus courant que l'animal-vedette soit en réalité joué par plusieurs exemplaires différents de la même espèce ayant à peu près la même apparence et se relayant: certains étant réservés aux plans rapprochés, d'autres aux plans larges. Il est courant aussi que l'on mélange sans vergogne notamment dans les histoires avec des singes, des animaux réels à des cascadeurs déguisés. Le partenaire canin de Charlot dans "Une vie de chien"(1918) n'eut pourtant qu'un seul interprète: un sympathique bâtard nommé "Mut" qui, prenant l'histoire au premier degré, s'attacha à son maître et mourut lorsque celui-ci partit en voyage après le tournage. Les japonais sont depuis longtemps férus d'histoires animales: certaines productions japonaises, contant l'odyssée de chiens ou de chats, lâchés dans un monde hostile, ont même fait le tour du monde. Akira Kurosawa se souvient d'avoir versé, tout enfant, des torrents de larmes en voyant un drame muet sur d'héroïques chiens de traîneaux. Les chevaux sont certainement les bêtes qui, à titre anonyme et interchangeable, se sont le plus dévoués pour le cinéma. Ils ont couru, rué, sauté sur commande. Dans les batailles et les poursuites, ils ont fait des milliers de chutes forcées, par un système de courroie attachée autour du ventre et tirée par une ficelle invisible. Certains amis des animaux se sont d'ailleurs émus de ces traitements. Depuis, on trouve dans les génériques des films un avertissement mensonger signalant que le tournage a été surveillé et que les animaux n'ont subi aucun sévice. Certains chevaux de western ont acquis une célébrité liée naturellement à celle du héros qu'ils portaient sur leurs flancs: Roy Rogers avait"Trigger", Gene Autry avait "Champion" et Lone Ranger avait " Siver". Là aussi, plusieurs animaux à peu près semblables pouvaient se relayer sous le déguisement d'un même nom. La présence de l'animal impose sur le tournage une sorte de second directeur d'acteur: c'est le dresseur ou le maître-chien, qui a souvent fort à faire pour aider à se concentrer une pauvre bête émue par toutes ces lumières et ce remue- ménage. dans "Au hasard Balthazar"(1966), Robert Bresson s'imposa un défi conforme à sa réputation de directeur d'acteurs exigeant: il prit pour héros un âne et le choisit volontairement non dressé au départ, tant il craignait une attitude mécanique et soumise. Un des plus célèbres dresseurs du cinéma fut spécialisé dans la gent ailée: ce fut Ray Berwick qui débita au cinéma dans "Le prisonnier d'Alcatraz"(1962) de John Frankenheimer. Alfred Hitchcock fit appel à lui pour "Les oiseaux"(1963) après avoir essayé de s'en sortir avec des animaux mécaniques. Pour le film, Berwick dut non seulement dresser des hordes de mouettes et de corbeaux à piquer de leurs becs la pauvre Tippi Hedren et à s'habituer aux projecteurs, mais il lui fallut aussi les capturer en foule dans ses filets. Sa mascotte sur le tournage était un corbeau noir surnommé "Nosey".