L'apnée (l'arrêt respiratoire subit et répétitif) pendant le sommeil augmente de façon importante le risque de maladie cardiovasculaire. Car chaque pause respiratoire entraîne un déficit d'oxygénation du cerveau, et que chaque micro-réveil brutal provoque une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque. À long terme, les apnées sont associées à un risque accru de problèmes cardiovasculaires, tels que : hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde (crise cardiaque), troubles du rythme cardiaque (arythmie cardiaque) et insuffisance cardiaque. Enfin, en cas d'apnée importante, le risque de mourir subitement pendant son sommeil est accru. Cette problématique de santé très mal connue au Maroc, est un des thèmes principaux du 20ème congrès du Collège interdisciplinaire du cœur et des vaisseaux, qui a lieu à Skhirat-Rabat les 16 et 17 décembre 2016. Les dernières actualités sur l'insuffisance cardiaque, les accidents vasculaires cérébraux ainsi que les maladies des valves et des vaisseaux coronaires du cœur, sont les autres sujets qui seront développés lors de cette rencontre de formation médicale continue. Pour Dr Philippe Bordier, grande sommité internationale en matière de troubles du sommeil et maladies cardiaques, qui participe à ce congrès : « En raison de la forte prévalence de l'apnée (arrêt respiratoire) du sommeil dans la population adulte et de ses nombreuses conséquences, des médecins de différentes spécialités peuvent être confrontés à cette affection chez leurs patients. Cependant, l'appareil cardiovasculaire reste au premier plan des organes cibles de l'apnée. En effet, l'incidence des pathologies cardiovasculaires est forte chez les sujets avec apnée du sommeil. De plus, l'apnée du sommeil a sa propre morbidité et mortalité qui est principalement de nature cardiovasculaire. Par exemple, des adultes d'âge moyen, sans antécédent médical, chez qui une apnée obstructive est diagnostiquée ont, après 7 ans de suivi, une incidence de 37 % des événements - maladies cardiovasculaires, décès compris, contre 7 % pour des sujets comparables sans apnée la nuit. On peut estimer que l'apnée obstructive du sommeil multiplie par 2,5 à 4,5 fois le risque de survenue d'une affection cardiovasculaire. Un autre angle est la forte prévalence de l'apnée du sommeil chez les patients déjà suivis pour une pathologie cardiovasculaire. Quelle que soit cette pathologie, un minimum de 30 % des patients se voient découvrir un syndrome apnéique nocturne quand il est recherché ». Il faut rappeler que l'apnée du sommeil se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration, les « apnées », se produisant durant le sommeil. L'apnée du sommeil survient en général chez les personnes en surpoids, âgées ou qui ronflent de façon importante. Ces pauses respiratoires durent par définition plus de 10 secondes (et peuvent atteindre plus de 30 secondes). Elles se produisent plusieurs fois par nuit, à une fréquence variable. Les médecins considèrent qu'elles sont problématiques lorsqu'il y en a plus de 5 par heure. Dans les cas graves, elles surviennent jusqu'à plus de 30 fois par heure. Ces apnées perturbent le sommeil et se traduisent principalement par une fatigue au réveil, des maux de tête ou une somnolence pendant la journée. Elles peuvent aussi incommoder le conjoint, car elles s'accompagnent souvent de ronflements sonores. À long terme, si elle n'est pas traitée, l'apnée du sommeil a de nombreuses conséquences sur la santé, notamment l'apnée du sommeil augmente de façon importante le risque de maladie cardiovasculaire, par des mécanismes qui ne sont pas entièrement décodés. On sait toutefois que chaque pause respiratoire entraîne un déficit d'oxygénation du cerveau (hypoxie), et que chaque micro-réveil brutal provoque une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque. Par ailleurs, le manque de sommeil, la fatigue, le besoin de faire des siestes et la somnolence sont associés aux apnées du sommeil. Ils diminuent la qualité de vie des personnes atteintes, qui souffrent souvent de dépression et d'isolement. Une étude récente a même montré un lien entre apnée du sommeil et troubles cognitifs chez les femmes âgées. Le manque de sommeil induit par les apnées augmente le risque d'accident, en particulier d'accident du travail et de la route. Les personnes atteintes de syndrome d'apnées obstructives du sommeil ont de 2 à 7 fois plus de risque d'être victimes d'un accident de la circulation. L'apnée du sommeil, surtout si elle n'est pas encore diagnostiquée, peut être un facteur de risque en cas d'anesthésie générale. En effet, les anesthésiques peuvent accentuer le relâchement des muscles de la gorge et donc aggraver les apnées. Les médicaments antidouleur administrés après les interventions chirurgicales peuvent également augmenter le risque d'apnées graves.