Cela fait cinq années que l'économie mondiale se trouve prise au piège de la croissance molle, avec une croissance faible qui, aux alentours de 3%, reste décevante. La croissance restant obstinément en dessous des attentes pèse ainsi sur les anticipations de production future, réduisant par là même les dépenses courantes et la progression de la production potentielle. Au niveau mondial, les échanges et l'investissement sont moroses, ce qui limite les gains de productivité de la main-d'oeuvre et la hausse des salaires qui sont pourtant nécessaires à une hausse durable de la consommation. Toutefois, les politiques budgétaires, déjà mises en oeuvre ou proposées, pourraient, pour autant qu'elles soient efficaces, agir comme catalyseur de l'activité économique et aider l'économie mondiale à croître à un rythme légèrement supérieur, qui pourrait ressortir à quelque 3 1⁄2 pour cent d'ici 2018. Sortir du piège de la croissance molle dépendra des choix opérés par les responsables de l'action publique, ainsi d'une mise en oeuvre efficace et concertée. Si, conformément aux hypothèses formulées dans ces prévisions, la future administration américaine engage de manière efficace une grande initiative budgétaire qui permettra de stimuler l'investissement et la consommation au plan intérieur, la croissance mondiale pourrait être supérieure de 0.1 point de pourcentage en 2017 et de 0.3 point en 2018. Si la relance budgétaire en cours en Chine continue de soutenir la demande, la croissance mondiale pourrait également s'en trouver accrue de 0.2 point de pourcentage par an en moyenne sur la période 2017-18. Un assouplissement budgétaire plus ample que celui actuellement prévu dans nombre d'autres économies avancées, notamment dans l'UE, conforterait encore l'activité nationale et mondiale. D'après l'analyse de la marge budgétaire effectuée par l'OCDE, l'UE a la possibilité de s'engager dans une action plus concertée. Dans ce contexte d'initiatives budgétaires, des progrès sur le front de la politique commerciale contribueraient à faire sortir l'économie mondiale du piège de la croissance molle et d'étayer le redémarrage de la productivité. À l'inverse, une aggravation du protectionnisme et la menace de mesures commerciales de rétorsion pourraient annuler une grande partie des retombées des initiatives budgétaires sur la croissance au niveau national et international, si bien que la situation budgétaire des pays s'en trouveraitégalement dégradée. Les tensions émanant des marchés du travail et des marchés deproduits ne se matérialisant que lentement, l'inflation devrait rester modeste dans la plupart des économies, même si des tensions sur les ressources pourraient se faire jour aux États-Unis. Si les anticipations de croissance à moyen et long terme s'éclaircissent, permettant ainsi une réorientation de la politique monétaire vers une plus grande neutralité aux États-Unis, certaines distorsions observées sur les marchés de capitaux, par exemple l'absence de primes d'échéance et de risque de crédit, pourraient en être atténuées. Toutefois, le risque de creusement des divergences entre les orientations de la politique monétaire dans les grandes économies au cours des deux années à venir pourraient constituer une source nouvelle de tensions sur les marchés de capitaux. De nouveaux défis ont également surgi avec la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, ouvrant potentiellement la voie à une longue période d'incertitudes, jusqu'à ce que l'on dispose d'éclaircissements sur la portée future des relations commerciales du pays avec le reste de l'Union européenne. Pour être sûr de mettre fin à cet équilibre de croissance faible, il est nécessaire que les pouvoirs publics déploient des efforts efficaces et collectifs pour soutenir la demande globale à court terme et rehausser la croissance potentielle à long terme. À cette fin, il convient de mettre en oeuvre une politique monétaire accommodante et, en complément, de faire un meilleur usage collectif des politiques budgétaires associées à des politiques structurelles plus ambitieuses, et d'éviter l'extension des mesures protectionnistes. Les distorsions existant sur les marchés de capitaux et les perspectives d'instabilité plus grande signifient que l'on ne dispose d'aucune marge permettant de procéder à un assouplissement monétaire allant au-delà des plans qui existent dans les principales économies avancées. Cela étant, les pays devraient examiner de près la marge budgétaire dégagée par la faiblesse des taux d'intérêt qui leur permettrait de favoriser le développement des infrastructures matérielles et immatérielles et d'intensifier d'autres dépenses propices à la croissance pendant quatre ans en moyenne tout en conservant les mêmes ratios dette-PIB (voir le chapitre 2). Une action collective dans ce domaine, notamment une réaffectation des dépenses publiques au profit de postes plus susceptibles de favoriser la croissance, permettrait de catalyser l'investissement des entreprises, et des gains de production supplémentaires pourraient ainsi être obtenus grâce aux effets d›entraînement entre pays. Les choix budgétaires ne peuvent être dissociés des politiques structurelles, faute de quoi il sera impossible de renforcer les gains de productivité et l'utilisation de la main-d'oeuvre, et la viabilité de la dette s'en trouvera menacée. Compte tenu du spectaculaire ralentissement des échanges, les grandes priorités de l'action collective des pouvoirs publics en matière structurelle vont consister à inverser les mesures protectionnistes prises depuis la crise et à élargir encore la portée des échanges internationaux, ainsi qu'à prendre parallèlement des mesures destinées à garantir un meilleur partage des avantages découlant du commerce. Une mise en oeuvre énergique et généralisée des mesures monétaires, budgétaires et structurelles devrait permettre de relever les anticipations de croissance et de réduire les perceptions de risques et, partant, de placer l'économie mondiale sur une trajectoire durable de croissance plus vigoureuse. La reprise pourrait reprendre de la vigueur selon les choix opérés par les pouvoirs publics Les perspectives d'une croissance anormalement faible persistent, malgré des taux d'intérêt très bas, reflétant la médiocrité des évolutions sous-jacentes du côté de l'offre, la modestie de la demande globale et le relâchement des efforts de réforme. Malgré un redressement au troisième trimestre de 2016, la hausse du PIB mondial devrait selon les estimations s'établir à nouveaux aux alentours de 3 % cette année, soit un niveau inférieur de plus 3⁄4 de point à la moyenne observée au cours des deux décennies ayant précédé la crise. Faute de mesures visant à corriger ce déficit de croissance persistant, il sera de plus en plus difficile aux gouvernements de respecter la totalité de leurs engagements implicites futurs envers la société, voire de répondre aux attentes actuelles de leurs citoyens. Si certains signes indiquent qu'après avoir connu un ralentissement prolongé, la croissance de la production a commencé à se stabiliser dans les économies émergentes et en développement, grâce à l'effet à court terme des mesures prises en Chine par les pouvoirs publics pour accompagner l'activité et à l'atténuation de la récession dans nombre de pays producteurs de matières premières, les économies avancées se sont à ce jour montrées incapables d'accélérer vraiment. Si l'on se fonde sur l'analyse de la presse, les indices d›incertitude économique liée à l›action publique restent élevés dans plusieurs pays, et au niveau mondial. Ceci ajoute aux risques de révision à la baisse des prévisions, avec des conséquences négatives probables sur l'activité si cette situation perdure. Malgré cela, les turbulences sur les marchés d'actions se sont atténuées, après la réaction initiale brutale observée à l'issue de l'élection aux États-Unis et du référendum au Royaume-Uni, même si la volatilité a augmenté sur les marchés obligataires. Dans de nombreuses économies, les rendements des obligations d'État se sont redressés par rapport à leur plus bas historique, grâce à l'orientation plus positive des anticipations des marchés concernant l'inflation à venir et, par conséquent, le rythme futur du relèvement des taux directeurs aux États-Unis. La croissance mondiale pourrait reprendre un peu de vigueur au cours des deux prochaines années, sans dépasser toutefois 3 1⁄2 pour cent d'ici 2018 et ce, dans l'hypothèse d'une orientation budgétaire plus favorable à l'activité aux États-Unis, avec les effets d'entraînement sur la demande qui pourraient s'exercer dans d'autres économies. Faute d'une concrétisation de ces évolutions aux États-Unis et en l'absence de l'effet estimé de l'assouplissement budgétaire prévu en Chine et dans la zone euro, la hausse du PIB mondial s'en trouverait amputée, par rapport aux prévisions, d'environ 0.4 point de pourcentage en 2017 et 0.6 point de pourcentage en 2018. Les résultats seraient encore plus médiocres en cas d'adoption de mesures commerciales restrictives, mais la mise en oeuvre de mesures de facilitation du commerce donnerait un coup de pouce à la croissance. Dans les économies avancées, la mise en oeuvre de politiques macroéconomiques propres à soutenir l'activité et la stabilité des prix des matières premières devraient continuer d'étayer l'activité, mais il faut encore que les salaires et l'investissement des entreprises s'orientent durablement et collectivement à la hausse pour affermir la croissance et amorcer une trajectoire de consommation durable. Dans la zone OCDE, la croissance du PIB devrait repartir pour dépasser légèrement 2 1⁄4 pour cent d'ici 2018, contre 1 3⁄4 pour cent cette année. En l'absence de soutien budgétaire aux États-Unis, la hausse du PIB dans la zone OCDE s'établirait en moyenne en deçà de 2 % par an sur la période 2017-18, soit un niveau légèrement différent de celui enregistré en 2015- 16. Les économies de marché émergentes vont probablement enregistrer des résultats contrastés, qui témoignent de leurs différences concernant les politiques mises en œuvre pour soutenir l'activité, la sensibilité aux variations des cours des produits de base, les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de réformes structurelles et les vulnérabilités financières. Globalement, la croissance devrait repartir lentement à la hausse au cours des deux prochaines années, aidée en cela par l'atténuation progressive des récessions observées au Brésil, en Russie et dans d'autres pays producteurs de matières premières.