Va-t-on vers un tournant décisif dans la vie politique de la RD Congo ? La question mérite d'être posée après le discours prononcé par Joseph Kabila, le 15 novembre devant le Parlement, réuni en congrès à Kinshasa dans un contexte de report de la présidentielle qui était prévue initialement le mois prochain. Dans ce discours combatif de quarante-cinq minutes environ, le président congolais a non seulement dénoncé l'ingérence extérieure et fustigé ses opposants mais aussi a rassuré ceux qui s'intéressent à son avenir politique que la Constitution de la République sera respectée dans toutes ses dispositions. En effet, selon le Président Joseph Kabila, « la RDC est une démocratie constitutionnelle et toutes les questions sont réglées de manière satisfaisante par la Constitution », a-t-il souligné avant d'annoncer la nomination imminente d'un Premier ministre, conformément à l'accord politique issu du dialogue national inclusif. « Soucieux de mes responsabilités de garant de la nation, je ne peux permettre que la RDC soit prise en otage par une certaine frange de l'opposition et exposée à l'instabilité, aux risques de retarder les élections », a déclaré le Président de la République. Ce Premier ministre, a-t-il précisé, aura la mission première de conduire la population aux élections et d'œuvrer à l'amélioration de ses conditions sociales. Le Chef de l'Etat a, par ailleurs, invité les Congolais à œuvrer à la consolidation de la paix et de la jeune démocratie en RDC, relevant qu'« aucun agenda politique ne saurait justifier la violence et les pertes en vies humaines pour accéder au pouvoir ». Il a condamné tous ceux qui cherchent à accéder au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels et mis en garde les jeunes contre la manipulation des politiciens, en les exhortant à éviter de leur servir de « marchepied » et en les rassurant que les stratégies de leur réinsertion sont « en cours ». Toujours est-il que les prochaines semaines éclaires sur les vrais changements que compte apporter Kabila au processus politique dans son pays car il n'a pas encore dit s'il briguera un troisième mandat. Laissant entretenir le flou sur cette éventualité. Son dernier mandat, selon la Constitution, finit le 19 décembre prochain.