Carrefour de plusieurs civilisations méditerranéennes, le Maroc a, tout au long de son Histoire, été sous l'influence de celles-ci et a interagi avec ses environnements en se constituant une identité culturelle plurielle. Son ouverture précoce sur le monde lui a permis de nouer des relations avec les pays du Nord et l'Afrique, interrompues certes par une période de repli sur lui-même suivie d'un redimensionnement sur les contrées les plus lointaines appuyé sur sa position géographique qui le place au carrefour des continents européen et africain. Cette ouverture qui se poursuit aujourd'hui prend appui également sur d'autres atouts du Maroc comme sa modération politique et religieuse qui lui a permis de jouer un rôle de médiateur privilégié et de pont entre le monde musulman et l'occident, sa sensibilité accrue aux questions globales. Les relations internationales du Royaume ont fait l'objet d'un rapport de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) qui est une « panorama du Maroc dans le monde » qui met en exergue les fondements de la politique étrangère du Maroc, tels qu'ils émanent de la Vision de Sa Majesté le Roi. Le schéma des relations de coopération et de partenariat, développé par le Royaume, le place, aujourd'hui, au cœur des grands enjeux internationaux, constate le rapport de l'IRES. Il requiert du Maroc de réadapter en permanence les outils de déploiement de sa politique étrangère aux mutations accélérées sur le plan régional et mondial. L'analyse de la politique du Maroc a permis de mettre en évidence trois espaces géostratégiques distincts, au sein desquels se nouent les relations internationales du Maroc : - Un espace de proximité qui représente les relations de voisinage du Maroc avec l'Algérie, l'Espagne et la Mauritanie. - Un espace complexe, constitué par les aires d'appartenance culturelle du Royaume : le monde arabo-musulman, l'Afrique et l'euro-Méditerranée. - Un espace global, enfin, qui est celui de la nouvelle échelle de la mondialisation : la planète. La doctrine marocaine en matière de politique étrangère s'appuie sur des approches globales qui sont d'ordre géopolitique, géoéconomique et géoculturel. Trois principes directeurs encadrent l'action diplomatique marocaine, à savoir le voisinage, la solidarité et le partenariat. Sous le Règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la réflexion et l'action sont conjuguées pour œuvrer inlassablement afin de dénouer le conflit artificiel du Sahara marocain, en proposant un projet original d'autonomie, de défendre de façon globale les intérêts du Royaume à l'extérieur, de consolider les liens traditionnels du Royaume, de nouer des partenariats stratégiques et d'inscrire le Maroc dans les nouvelles questions mondiales (changement climatique, Objectifs du Millénaire pour le Développement...). La détermination, le pragmatisme, le réalisme, la modération, l'anticipation, la fermeté, l'approche participative, la vision stratégique et la diversification sont, entre autres, des concepts ou des termes qui constituent les vecteurs qui structurent le nouveau mode opératoire, en matière de puissance attractive, développé par le Souverain. Mise en œuvre de la politique étrangère Le rapport de l'IRES note que le déploiement de la politique étrangère du Royaume du Maroc se fait à travers : -les Visites de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI à l'étranger, -les représentations diplomatiques à l'étranger, -les missions diplomatiques auprès du système multilatéral, -une diplomatie multiforme (économique, culturelle, spirituelle, climatique), mais aussi parlementaire et citoyenne, - la contribution des Marocains du Monde. Le Maroc dispose d'un réseau diplomatique et consulaire assez étoffé. Néanmoins, le Royaume est faiblement représenté en Afrique de l'Est et en Afrique Australe, en Asie centrale et en Océanie. Le Maroc possède 91 ambassades, de 53 consulats et de 75 consuls honoraires, selon le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération en 2013. Il dispose, aussi, de 4 missions diplomatiques à New York, Genève, Paris et Bruxelles. Le Maroc a toujours plaidé en faveur d'un ordre mondial multipolaire, prônant une gouvernance saine et responsable et où les intérêts des pays en développement sont équitablement pris en compte. Le Maroc est présent et actif au sein de : - l'Organisation des Nations-Unies : Le Maroc a toujours fait montre de dynamisme pour la défense des causes arabes et africaines au sein de l'Assemblée Générale de l'ONU. Outre l'aide humanitaire, il a déployé des contingents militaires, en soutien aux opérations onusiennes de maintien de la paix. Le Maroc a été élu trois fois, en tant que membre non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. - la Banque Mondiale : Le Maroc a renforcé ses relations de partenariat avec la Banque Mondiale. Depuis 2001, trois programmes de coopération ont été mis en œuvre. - le Fonds Monétaire International : Les relations du Maroc avec le FMI sont anciennes. Le Royaume fait partie du Comité de développement de cette organisation qui compte 25 pays membres. - l'Organisation Mondiale du Commerce : Le Maroc a accueilli en 1994 la conférence ministérielle de Marrakech, ayant donné naissance à l'OMC le 1er janvier 1995. Il est signataire de tous les accords multilatéraux de l'OMC sur le commerce. Par ailleurs, le Maroc joue un rôle actif au sein de cette organisation, en favorisant le rapprochement entre les pays développés et les pays en développement. Le Royaume a présidé, en 2004, le groupe africain à l'OMC, au même titre que le groupe arabe. De par son engagement actif en faveur de la lutte anti-terroriste et de la promotion de la paix et de la sécurité au niveau régional et international, le Royaume du Maroc dispose d'un statut d'allié majeur non-membre de l'Organisation du Traité Atlantique (OTAN). Il est le premier pays du Dialogue méditerranéen à avoir obtenu un statut d'associé auprès de l'Assemblée parlementaire de cette même organisation. Le Maroc et l'OTAN entretiennent des relations de coopération multiforme. Le Maroc compte à son actif plusieurs réalisations dont notamment : -sa participation aux opérations de maintien de la paix, sous l'égide de l'OTAN, en Bosnie et au Kosovo, -sa contribution à l'opération Active Endeavour, lancée par l'OTAN pour sécuriser les routes maritimes en Méditerranée contre les actes terroristes, -l'association des Forces Armées Royales, à près d'une cinquantaine d'exercices et manœuvres militaires organisés par l'OTAN, -l'entraînement dans les centres de formation de l'OTAN. Le Maroc a toujours plaidé en faveur de la prise en compte, dans le cadre du nouveau concept stratégique de l'OTAN, des risques liés à la piraterie et aux trafics illicites, de l'élargissement de la coopération sécuritaire à certaines régions sensibles, en l'occurrence le Sahel et la façade atlantique sud ainsi que l'implication des pays partenaires de la Méditerranée aux processus décisionnels de l'OTAN. Diplomatie multiforme Le Maroc déploie une diplomatie qui revêt plusieurs formes : parlementaire, économique, culturelle, spirituelle, climatique et citoyenne. Diplomatie parlementaire : La Constitution de 2011 a conféré de larges prérogatives à l'institution législative qui joue, désormais, un rôle important dans la vie politique, mais aussi en matière de diplomatie que ce soit avec les parlements des pays étrangers ou avec les organisations parlementaires dont le Maroc est membre. Pour dynamiser davantage la diplomatie parlementaire, il faudrait : -opérationnaliser les nombreux groupes d'amitié parlementaires, -donner plus d'efficience à l'action de la commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains Résidant à l'Etranger, -instaurer des mécanismes de suivi et d'évaluation des actions de la diplomatie parlementaire, -renforcer la coordination entre les deux chambres du Parlement et entre celles-ci et le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération. Diplomatie économique : La diplomatie économique marocaine a acquis une expérience, en matière de négociations commerciales et a contribué à l'amélioration du positionnement stratégique du Maroc en Afrique et à sa visibilité sur la scène internationale. La forte impulsion donnée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'action diplomatique dans le domaine économique devrait favoriser la transition vers une diplomatie, au service du développement économique du Royaume et de la préservation de ses intérêts stratégiques prioritaires. Dans ce cadre, il est nécessaire d'adopter une approche rénovée, privilégiant la coordination et la mutualisation des moyens des différents acteurs composant le système de promotion économique du Maroc à l'étranger. Diplomatie culturelle : La diplomatie culturelle constitue, aujourd'hui, un des attributs de la puissance des Etats et un pilier central de projection de leurs capacités d'influence, à l'échelle internationale. De par son histoire, en tant que terre de brassage des civilisations, sa diversité culturelle et ses choix de société, le Maroc dispose de plusieurs atouts pour faire de sa diplomatie culturelle un axe central de sa puissance attractive (soft power). Diplomatie spirituelle : La diplomatie spirituelle du Royaume tire sa substance des spécificités du modèle marocain de l'Islam. Celui-ci est basé sur le rite sunnite malékite et la doctrine achaârite qui promeuvent les vertus de la modération, du juste-milieu et du respect des opinions et des croyances. L'Institution de la Commanderie des Croyants, qui s'est forgée à travers douze siècles d'histoire, a établi des attaches spirituelles qui unissent séculairement non seulement les Marocains, mais aussi les populations africaines, en particulier celles relevant du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest. Le rôle de la diplomatie spirituelle du Royaume s'est davantage renforcé dans un contexte international, marqué actuellement par la prolifération des courants extrémistes violents. Outre son rôle reconnu de plateforme de dialogue et d'échange cultuel entre le monde musulman et l'occident, le Maroc s'érige, aujourd'hui, comme référence internationale, en matière de lutte contre le radicalisme religieux. Le Royaume a procédé, récemment, à la mise en place de l'Institut Mohammed VI de formation des Imams prédicateurs et des prédicatrices qui forme, aussi, des imams de Tunisie, du Mali, de Guinée, de Côte d'Ivoire et de France, mais aussi à la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas d'Afrique. Diplomatie climatique : Le Maroc est fortement concerné par le changement climatique. La vulnérabilité du pays à ce phénomène planétaire est perceptible à plusieurs niveaux : raréfaction des ressources hydriques, menaces sur la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire, fragilisation des écosystèmes, forte exposition du littoral aux risques climatiques, développement de la migration climatique... Face à cette vulnérabilité, la diplomatie climatique a aussi un rôle à jouer pour accompagner l'effort d'adaptation du pays au changement climatique. Elle devrait œuvrer en faveur d'un meilleur positionnement du Maroc dans le débat international sur le climat, tout en cherchant à faire bénéficier le Royaume des mécanismes de coopération, offerts au niveau bilatéral et multilatéral. Le Maroc accueillera la COP22 en novembre 2016. Afin d'assurer à cette conférence internationale le succès escompté, il devrait porter un intérêt particulier à la maitrise du processus des négociations sur le changement climatique et à ses enjeux politiques et économiques. En tant que pays facilitateur des négociations, le Royaume du Maroc se placerait, ainsi, au coeur des enjeux d'une nouvelle gouvernance mondiale du climat. Diplomatie citoyenne : Les acteurs de la société civile exercent, aujourd'hui, une influence croissante sur les relations internationales. La plupart des Etats associent ces acteurs dans leurs actions diplomatiques pour faire valoir leurs intérêts stratégiques. Conscient de l'importance de ces acteurs, le Maroc devrait encourager leur implication dans l'effort de promotion de l'image du Royaume à l'international et dans la défense de ses intérêts nationaux, particulièrement, la question nationale de l'intégrité territoriale. Pour ce faire, il importe : -de favoriser une appropriation effective par la société civile des enjeux des grands dossiers nationaux, -de mettre en réseau des ONG pour optimiser leurs actions et mutualiser leurs moyens, -de renforcer leur capacité pour tisser des liens étroits avec leurs homologues étrangers et d'en faire un levier d'influence, mettant en exergue les avancées accomplies par le Maroc, -d'exploiter les espaces de communication offerts à l'international pour diffuser une image du Maroc plus proche de la réalité, tout en impliquant les Marocains du Monde afin de faciliter la réalisation d'un tel objectif. Marocains du Monde : Les Hautes Orientations de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI ont toujours mis en avant la place de choix des Marocains du Monde en tant que citoyens à part entière, acteurs clés dans le processus de développement du Maroc et ambassadeurs du Royaume à l'Etranger. L'effectif des Marocains du Monde s'élève à 3,8 millions de personnes selon le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération. Le Maroc s'efforce de préserver des liens forts et réguliers avec ses ressortissants résidant à l'étranger dont les compétences peuvent être mobilisées, constituant ainsi un levier d'accélération de l'accumulation du capital humain du Maroc.