L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière allemande, Angela Merkel, a subi dimanche un nouveau revers électoral, enregistrant le pire résultat de son histoire aux élections régionales à Berlin. Le mouvement anti-migrants et islamophobe Alternative pour l'Allemagne (AfD) en était le principal, vainqueur, faisant son entrée dans le parlement local de la capitale allemande avec 14,2pc des voix, une première dans la vie politique allemande. Même si, globalement, les résultats du parti conservateur de Merkel n'ont pas surpris grand monde en Allemagne, tous les sondages d'opinions ayant montré un net recul de la popularité de la CDU et de sa présidente, ils ont tout de même constitué un choc pour la chancelière, qui a consenti de gros efforts pour convaincre les électeurs de la pertinence de sa politique dans nombreux domaines, notamment celui des réfugiés. Ces élections régionales ont aussi confirmé la montée fulgurante de l'AfD, qui a réussi, en l'espace de trois ans de présence sur la scène politique en Allemagne, à élire ses candidats dans les parlements de quatre lands, mais aussi au sein de l'hémicycle européen. S'appuyant sur un programme nourri par la peur et par les fondamentaux de l'extrême droite, dont le rejet de la politique de migration et d'asile ou l'interdiction du voile dans les universités et les établissements publics, l'Afd a été le grand vainqueur de toutes les élections, qui se sont déroulées ces derniers mois en Allemagne. En réaction aux résultats de son parti, Mme Merkel a reconnu, lors d'une conférence de presse, des erreurs dans la gestion du dossier des réfugiés, qui était une des causes du recul de la CDU. Elle a aussi indiqué renoncer à son slogan ‘'nous y arriverons'', un symbole de sa politique d'ouverture aux migrants depuis un an. ‘'Par moment, je pense que cette phrase a été un peu exagérée à un tel point que je préfère ne plus la répéter, elle est devenue un simple slogan, presque une formule vide de sens'', a-t-elle reconnu. Tout en jugeant ‘'totalement justifiée'' sa décision controversée d'ouvrir les frontières de son pays début septembre 2015 aux réfugiés fuyant notamment la guerre civile en Syrie, la chancelière allemande a promis de revoir sa politique dans ce domaine. Néanmoins, les aveux et explications de Mme Merkel suffiraient-ils à sauver son avenir politique ?, arrivera-elle à convaincre ses alliés politiques à conduire leur alliance ?, s'interrogent de nombreux observateurs, surtout que la CDU risque d'être rejetée de la coalition qui dirigera le gouvernement local de Berlin. Son principal allié, le parti social démocrate (SPD), qui reste la première force parlementaire à Berlin, a, lui aussi perdu des plumes lors de ce dernier scrutin et devra trouver des alliés pour former un gouvernement. Devant lui seule une alliance avec les verts et la gauche. Aussi, le vice-chancelier et leader des socialistes, Sigmar Gabriel, a-t-il considéré que le parti de Merkel et sa formation politique, qui constituent une alliance, ‘'ne sont plus suffisamment unis pour gouverner le pays à l'avenir''. Le SPD s'est adjugé la première place à Berlin en remportant 21,6pc des voix, suivi de la CDU (17,6pc), de Linke (15,6pc), des verts qui ont obtenu 15,2pc et de l'Afd (14,2pc).