Les travaux de la première édition de l'Université d'été des pensionnaires des établissements pénitentiaires se sont ouverts, mercredi, à Salé sous le slogan "Citoyenneté, prélude à la réinsertion". Cette manifestation, dont les travaux se poursuivront jusqu'à vendredi au siège de l'établissement de rééducation et de réinsertion de la ville de Salé, profitera à environ 200 détenus les plus brillants et ayant décroché des diplômes d'études supérieures. Organisée par la Délégation générale de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion (DAPR), cette Université d'été constituera également un espace ouvert de débat et d'échange d'idées et d'opinions entre les détenus et un parterre d'académiciens, de responsables et d'acteurs associatifs. Dans une allocution lors de la cérémonie d'ouverture de cette manifestation, le Délégué général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, Mohamed Saleh Tamek, a souligné que la Délégation compte en faire un programme annuel constant qui permettra aux détenus des établissements pénitentiaires, notamment les universitaires d'entre eux, de disposer d'un lieu de débat, de communication et d'interaction avec des professeurs de renom et des acteurs dans les domaines pédagogique, culturel et cultuel, juridique et des droits de l'Homme. L'Université d'été constitue, de même, une opportunité à même de permettre aux détenus de mettre en exergue leurs capacités et potentialités intellectuelles, de capitaliser leurs efforts dans l'apprentissage et de les impliquer dans la vie publique en tant que citoyens agissants, dans le cadre des règles juridiques en vigueur, a-t-il ajouté. La Délégation générale a programmé l'Université d'été partant de sa conviction immuable du rôle central de la culture dans la consolidation du système intellectuel et éthique de la société et l'instauration d'un changement constructif, tout en réfutant le radicalisme et de l'extrémisme, a indiqué M. Tamek, relevant que cette initiative permettra l'ouverture et l'acceptation de la différence en vue de lutter contre l'ignorance et les idées obscurantistes par le truchement de la sagesse et la persuasion, surtout dans la conjoncture actuelle qui connaît une exacerbation de la pensée extrémiste et du terrorisme qui constituent, désormais, une menace à la stabilité et aux valeurs humaines basées sur la cohabitation et l'entraide. Grâce à la politique clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI, basée sur la promotion et le rayonnement des valeurs de la tolérance et de la modération et ancrée dans la culture et l'identité marocaine authentique, le Maroc figure parmi les pays avant-gardistes dans la lutte contre l'extrémisme et dans le bannissement de la haine, a-t-il fait remarquer. Évoquant la nouvelle stratégie de la Délégation générale en matière de réhabilitation et de préparation des détenus à l'insertion, M. Tamek a expliqué qu'elle se base, notamment sur le principe de diversification, du développement et de satisfaction des besoins des détenus. Grâce aux efforts conjoints entre la Délégation générale, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et les partenaires gouvernementaux concernés, la Délégation générale de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion est parvenue, au cours des six dernières années, à augmenter de 100 pc le nombre des détenus bénéficiaires des programmes d'alphabétisation, d'enseignement et de formation professionnelle, tandis que le nombre des détenus n'avait augmenté que de 26 pc, a noté M. Tamek, rappelant que l'année précédente avait connue la participation de plus de 22 000 détenus dans des programmes liés à des activités culturelles et sportives et à l'encadrement religieux. En outre, a-t-il ajouté, plus de 4255 détenus ont bénéficié d'un programme de formation dans le cadre d'ateliers de théâtre, de musique et d'arts plastiques étalés sur toute l'année. Dans l'élaboration de ses programmes éducatifs, la Délégation générale se base sur une approche scientifique, en plus des références juridiques et des droits de l'Homme, a-t-il souligné, précisant que son Administration a signé, dans ce cadre, une convention de partenariat avec l'Université Mohammed V de Rabat portant sur la mise en place d'un Centre au siège de cet établissement universitaire dédié aux recherches et aux études sociologiques dans les prisons liées aux différents phénomènes sociaux en relation avec les conditions d'incarcération des détenus et les programmes de leur réinsertion. Il a, dans ce cadre, cité la création d'un Master spécialisé permettant aux fonctionnaires des prisons de bénéficier de formation professionnelle en plus de la formation dans le domaine de la gestion de la chose pénitentiaire qui profite actuellement à plusieurs fonctionnaire dans l'Université internationale à Salé. La Délégation générale, a-t-il signalé, examine actuellement la possibilité de la généralisation de cette expérience à l'ensemble des Universités du Royaume et l'élargissement du domaine de la coopération avec l'Institut interrégional de recherches des Nations unies sur la criminalité et la justice et l'Office de l'ONU contre la drogue et le crime. Après avoir passé en revue les contraintes structurelles des établissements pénitentiaires, il a exposé les données concernant la population carcérale, notant dans ce cadre que 50 pc de cette population, environ 21.000 détenus, écopent des peines d'emprisonnement de moins de deux ans, 30 pc soit environ 12.000 détenus purgent une peine de moins d'un an. M. Tamek a, d'autre part, que les problématiques relatives à la situation sociale et psychologique de la population carcérale se caractérisent par la faiblesse et la précarité à tous les niveaux, ajoutant que 80 pc des détenus n'ont pas atteint le niveau d'enseignement secondaire et que 70 pc sont des chômeurs ou exercent des métiers très modestes qui ne leur permet pas de garantir une certaine stabilité financière et sociale. Par ailleurs, il a estimé que le renforcement de la confiance et de la crédibilité du rôle d'éducation et de réhabilitation de l'établissement pénitentiaire demeure impérativement tributaire d'une réforme globale du système de la justice pénale pour être au diapason des changements sociaux et économiques à l'échelle aussi bien nationale qu'internationale.