La gestion des conflits entre détenus, ainsi que leur traitement et la garantie de la sécurité requièrent un recours particulier aux méthodes scientifiques et pédagogiques, a souligné mercredi à Marrakech, le Délégué Général de l'Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, Moulay Hafid Benhachem. M. Benhachem qui s'exprimait à l'occasion des journées d'étude organisées au profit des directeurs des établissements pénitentiaires sous le thème "la gestion des conflits et la médiation au service du management carcéral", a ajouté que les problèmes et les difficultés qui entravent l'activation du rôle de ces établissements ne se limitent pas uniquement aux contraintes financières et humaines, mais s'étendent à d'autres problématiques liées au milieu carcéral en tant qu'espace clos, ou encore à la population carcérale à travers ses diverses accumulations sociales et psychologiques. Et de poursuivre que cela n'est pas sans engendrer des conflits entre détenus, auxquels s'ajoute la mauvaise compréhension des règles juridiques organisant la vie collective au sein de ces établissements. Face à ces contraintes et en vue de réaliser une gestion optimale des conflits, il est nécessaire de concevoir une vision globale et de se doter d'une stratégie claire avec une définition des objectifs ainsi que du cadre juridique, outre une structuration sectorielle intégrée, a estimé M. Benhachem. Il a, dans ce contexte, mis en exergue la clairvoyance de SM le Roi Mohammed VI à travers la création de deux directions dans le cadre de la structuration de la Délégation Générale de l'Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, dont la première a pour mission la garantie de la sécurité des détenus, des personnes, des bâtiments et des installations et la gestion des conflits en sein de ces établissements. Quant à la deuxième direction, elle a pour tâche la promotion de l'action sociale et culturelle au profit des détenus et leur réinsertion, a poursuivi M. Benhachem, faisant remarquer que l'Administration pénitentiaire a élaboré une stratégie intégrée avec des objectifs complémentaires, tout en oeuvrant en vue de la modernisation de l'infrastructure des établissements pénitentiaires, à travers la mise en service de cinq nouveaux établissements, réunissant toutes les conditions de sécurité et d'insertion. Et d'ajouter qu'il sera procédé, dans les mois à venir, à l'ouverture d'un autre établissement pénitentiaire qui répond aux mêmes standards et dispose de salles de classe, ainsi que de plusieurs espaces dédiés à l'éducation et à la formation, et à la création de deux villages pénitentiaires à Meknès et à Marrakech (Loudaya), outre l'extension d'autres espaces carcéraux dans certaines villes du Royaume. Ces nouveaux établissements ne viendront pas s'ajouter à ceux déjà existants, dans la mesure où il sera procédé à l'abandon et la démolition de nombre parmi les plus anciens, a tenu à assurer M. Benhachem. Il a, en outre, mis en lumière les initiatives de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, notamment l'organisation de ce genre de rencontres visant la mise à niveau des ressources humaines et leur sensibilisation sur des questions importantes relatives au traitement des détenus et à la mise à la disposition du personnel de ces établissements, de moyens et méthodes scientifiques à même de les aider à transcender les difficultés rencontrées. Ces initiatives visent aussi à doter le personnel oeuvrant dans ce secteur d'une vision réformatrice, tout en conférant à leur mission une dimension humaine et éducative. La Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion oeuvre d'arrache-pied, par le biais de son ouverture sur les différents acteurs concernés, en vue de la consécration d'une méthode qui sera en parfaite adéquation avec les nouvelles orientations dans l'approche du rôle éducatif, pédagogique et sécuritaire des établissements pénitentiaires, a fait savoir M. Benhachem. Il a, dans ce sens, réitéré son engagement, dans le cadre de la coopération avec la Fondation Mohammed VI pour la Réinsertion des Détenus, à moderniser les méthodes d'action, à moraliser et promouvoir la rigueur, à humaniser l'espace carcéral et à préserver les droits et la dignité des détenus. M. Benhachem a appelé l'ensemble des parties concernées à se mobiliser autour du programme de réforme du secteur carcéral et à oeuvrer de concert en vue de lui garantir toutes les conditions de succès afin qu'il soit à la hauteur des attentes de SM le Roi Mohammed VI. Initiées du 14 au 16 avril courant à Marrakech, ces journées d'études sont organisées par la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, en partenariat avec la délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion, l'association pour la promotion de l'éducation et de la formation à l'étranger (APEFE) et "Search for Common Ground". "Présentation du bilan et des perspectives d'extension du dispositif de réinsertion socio- professionnelle des détenus", "la gestion des conflits dans la préparation à la réinsertion des détenus dans le milieu carcéral", "management carcéral, conjugaison du sécuritaire et de la réinsertion", "l'importance de communication interprofessionnelle dans le contexte carcéral" et "justice réparatrice du point de vue pratique : l'importance de la médiation entre le détenu et la victime pour favoriser la réhabilitation des détenus et l'apaisement des victimes" sont quelques thèmes à débattre lors de cette rencontre.