Le soleil ne brille pas pour tout le monde. Ici, à Douar Bennacer,à Témara, il fait gris malgré le grand soleil. C'est étrange, il faisait bien beau avant de plonger dans cet univers couvert de murs métalliques. L'ambiance est morose, malgré le sourire tracé sur les visages de certains enfants qui jouent. Leurs mamans, assises auprès des portes de leurs baraques, les surveillent, portent un sourire qui aspire la misère, voire même la mélancolie. L'odeur, elle, est la plus puissante, elle rassemble un peu de tout, d'abord celle des égouts puis un certain fumet que dégagent les tagines. C'est à peu près midi. Ici, l'intimité n'a pas de place, de chaque baraque, les chuchotements et les cris de bébés sont saisis. Les portes des baraques, étant numérotées, semblent comme des cellules de prison. Les petites ruelles, étroites, ne sont pas seulement des chemins mais ont notamment la fonction d'une terrasse, d'un salon, d'une cuisine et d'une toilette. « Les conditions où nous vivons sont défavorables, elles nuisent à notre santé et à notre bien-être, mais on n'y peut rien», déclare Mohssine, un étudiant habitant à Douar Bennacer. Pourtant, plusieurs projets ont été menés au Maroc pour éradiquer l'habitat insalubre, le programme «Villes Sans Bidonvilles» en est le plus ambitieux. Lancé en 2004 avec une enveloppe de 25 milliards de dirhams, le programme lutte contre le phénomène des bidonvilles dans 85 villes marocaines. Ce programme consiste en effet à permettre aux ménages touchés par ce phénomène de bénéficier d'habitats salubres. Or, Karim, un plombier, déclare : « Nous ne voulons pas d'appartements, nous voulons des terrains. Après que les responsables ont éradiqué douar Sahraoua, ils ont offert des logements sociaux aux personnes concernées alors qu'ils leur avaient promis des terrains». Il ajoute : «Je préfère vivre ici que suffoquer dans un petit appartement de 50m2 avec 9 autres personnes, tout en payant les factures d'eau et d'électricité. » En effet, malgré les conditions néfastes où vivent les habitants de douar Bennacer, ils mènent une vie normale, voire même inspirante pour quelques-uns, comme le précise Badr, un étudiant : « Je me retrouve ainsi dans la pauvreté, l'intolérance et la criminalité et donc ça me permet d'être face à des actes extravagants. En même temps, ceci m'inspire à écrire et à transmettre des messages à travers le rap».