La majorité des têtes d'affiches mondiales du golf ont boudé le tournoi olympique, qui s'ouvrait jeudi à Rio, pour la première fois depuis 1904, une désertion qui interroge sur la pertinence de ce sport aux JO, au lendemain du sacre de figures emblématiques des Jeux. Mercredi, des vétérans ont, en effet ,montré combien l'olympisme leur était cher, au soir de leur carrière. Le Suisse Fabian Cancellara, 35 ans, et l'Américaine Kristin Armstrong, presque 43 ans, se sont emparés des titres du contre-la-montre. A 27 ans, Kohei Uchimura est entré dans la légende de la gymnastique en devenant le premier à conserver le titre au concours général depuis Sawao Kato (1968-1972), après son sacre par équipes. Mais c'est un gamin de 18 ans qui a créé la sensation dans la piscine olympique. L'Australien Kyle Chalmers a remporté le très prestigieux 100 m nage libre. Quoiqu'il advienne jusqu'à la fin des JO, il restera l'homme le plus rapide du monde dans l'eau. Il règnera pourtant une ambiance étrange, une forme d'incongruité, sur les greens du tout nouveau parcours de Barra da Tijuca qui devra donner un nom au successeur du Canadien George Lyon. Il aurait aujourd'hui 158 ans. Car, seuls huit des 20 premiers mondiaux se sont déplacés, la plupart des autres prétextant la crainte du virus Zika, sans convaincre qui que ce soit. Les plus sincères ont reconnu le faible intérêt à leurs yeux d'une médaille d'or qui ne vaut rien à côté d'une veste verte du Masters d'Augusta ou d'un Claret Jug du British Open. En l'absence des quatre meilleurs joueurs du monde -Day, Johnson, Spieth et McIlroy- c'est donc le Suédois Henrik Stenson, N.5 mondial, qui s'avancera en favori théorique. S'il évite les caïmans, rongeurs divers, singes et autres boas constrictors susceptibles de montrer le bout de leur nez. Le triomphe annoncé de Biles Le vélodrome du Parc olympique n'a lui jamais craint ce genre de créatures. Mais il a accumulé retards et critiques au point qu'aucune épreuve de préparation n'a pu y être organisée. Pour autant, la piste en bois russe, du pin venu de Sibérie, est prête pour les ogres britanniques, imbattables à Pékin et à Londres, mais peut-être un peu moins conquérants malgré leurs stars Bradley Wiggins et Mark Cavendish. La vitesse individuelle, le titre phare, attise la convoitise française. L'école la plus souvent couronnée aux Mondiaux depuis deux décennies -dix titres!- s'en remet évidemment à sa star, Grégory Baugé. Mais Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Allemagne et Australie tenteront elles aussi de mettre le pied dans la porte. En gymnastique, Simone Biles viendra moissonner ce qu'elle sème imperturbablement depuis des années au concours général. Comme une esquisse de filiation, un adoubement virtuel, l'Américaine est la seule gymnaste dont la légendaire Nadia Comaneci ait retweeté des messages ces derniers jours. Seule une improbable perte d'équilibre semble de nature à enrayer son triomphe. La natation conservera encore sa primauté sur les Jeux, qui lui vaut de dominer les soirées de Rio depuis le week-end dernier. Où l'on reparlera de Michael Phelps, pour une énième tentative de médaille sur le 200 m 4 nages, ainsi que du 100 m nage libre dames. Ensuite, dès vendredi, les bassins partageront la vedette avec l'athlétisme. J'y vais pour faire le spectacle' Et lorsqu'on parle de piste, les regards se froncent et l'ambiance se durcit. Aucun sport n'est plus malade du dopage que ce sport, qui devra se passer des athlètes russes, exclus pour cause de dopage d'Etat organisé. Sebastian Coe, président de la Fédération internationale (IAAF), a alterné mercredi entre fermeté et ouverture en accablant Moscou tout en évoquant son nécessaire retour, à terme. «Je crains que la Russie ait abandonné de manière cataclysmique ses athlètes», a-t-il lancé. Pour autant, «la priorité est de réintroduire cette fédération», a développé l'ex-double champion olympique du 1500 m, même s'il n'existe pas encore de «cadre établi» qui permette cette réintégration. En marge de ces grands débats, les Jeux ont connu leur lot de petits scandales. Contrôlés positifs, le boxeur irlandais Michael O'Reilly et l'haltérophile taïwanaise Lin Tzu-chi ont été mis hors-jeu, comme le marcheur italien Alex Schwazer, dont le Tribunal arbitral du sport (TAS) a confirmé la suspension pour huit ans. Depuis l'Allemagne, le lanceur de disque allemand Robert Harting a reproché à la super-star Usain Bolt de ne pas s'engager assez dans la campagne antidopage. Le Jamaïcain a répondu qu'il laissait ça aux institutions spécialisées. «Moi, j'y vais pour faire le spectacle, a-t-il relevé. Notre sport va dans la bonne direction et dans quelques années, je pense que ce sera bon.»