Le paysage politique au Maroc, depuis les dernières élections législatives 2011 jusqu'à ce jour, demeure difficile à lire. Les citoyens marocains avaient des attentes, notamment, à la suite du Printemps arabe, qui donna naissance à la Constitution de 2011, une réforme constitutionnelle à la fois politique et sociale qui s'est avérée prometteuse avec la nomination du nouveau gouvernement. Comment s'apprêtent les Marocains aux élections 2016 prévues au mois d'octobre? Et quelles sont leurs attentes ? Le Maroc est un pays démocratique en voie de développement, avec quelque 30 partis politiques pour 33 millions de Marocains. Le multipartisme donne au citoyen une vision plus large, ainsi qu'un choix qui dépend le plus convenablement de ses convictions et de ses besoins. Un petit flash-back aux élections précédentes nous permet de mettre en relief une certaine déception, manifestée par un appel, même si peu conséquent, au boycott des élections en 2011. Le taux de participation n'étai, en effet, pas élevé, avec 37% aux législatives de 2007, passé à 45% en 2011. Trois grands partis conservateurs au Maroc : le Parti de l'Istiqlal (PI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM) et le Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui tient les rennes du gouvernement depuis les élections législatives 2011. Face à de grands enjeux, surtout d'ordre économique et social, voter aux élections devient une responsabilité nationale, qui déterminerait « qui fait quoi ?» et l'aspect global de la prise des responsabilités des élus. Les membres de la Chambre des Représentants sont élus pour cinq ans au suffrage direct, qu'ont-ils réalisé au profit du peuple marocain pour s'assurer de leur confiance aux prochaines élections ? Les citoyens marocains et le scrutin Rafiq, un fonctionnaire de 40 ans, affirme que les élections sont « un choix responsable d'un citoyen responsable » vis-à-vis de toute une nation, il a voté une seule fois et affirme qu'il faut encore plus de temps pour qu'un parti puisse réussir à appliquer son programme. Selon lui, on ne vote pas pour des partis, mais pour des personnes à qui on fait confiance et qui méritent le vote d'un citoyen. Il ajoute donc qu'il ne compte pas voter pour un parti qui ne défend pas les intérêts de la classe moyenne et de la classe ouvrière. Touria, femme au foyer, illettrée et âgée de 28 ans, a le regard très pessimiste et considère que les élections n'apportent pas de changements au fil du temps : « Je n'ai jamais voté et je ne voterai pas, rien n'avait changé depuis des années...l'enseignement, la santé et le pouvoir d'achat vont de pire en pire. Les députés sont censés représenter le peuple au lieu de s'attacher à leurs sièges pour plus d'abus de pouvoir ». Les députés ayant une faible influence sur les destinées du pays se trouvent incapables de cerner tous les problèmes dans lesquels baigne le peuple, notamment la classe pauvre, qui espère améliorer sa situation au biais d'un porte-parole capable de défendre ses revendications au parlement. Des revendications qui demeurent modestes, touchant généralement au vécu du citoyen lambda. Sachant que plus de 40٪ de la population marocaine adulte sont analphabètes, les femmes en grande partie, il en découle, par conséquent, une incapacité de voter en fonction des enjeux nationaux. Miloud, un épicier soixantenaire inscrit aux listes électorales, votait depuis toujours sans avoir beaucoup d'aspirations. Pour lui, le vote est un devoir national. Même cas pour une bonne catégorie de Marocains, qui sont à chaque fois déçus par la performance des députés qu'ils ont choisis, en dépit des écarts flagrants entre ce que veut la société et ce que ces derniers peuvent réaliser. Un analphabétisme flagrant Le citoyen marocain contribue au développement du pays, quelle que ce soit sa position, il est digne d'être représenté comme le dictent les lois. Avec le phénomène de l'analphabétisme très répandu dans la société marocaine, on ne peut qu'espérer un futur meilleur pour notre pratique politique, qui n'atteint toujours pas encore la satisfaction des attentes des uns et des autres. Choisir un député, c'est d'abord s'assurer de ses compétences et de s'informer sur ses capacités d'agir en fonction de ses pouvoirs. La conscience politique devrait s'imposer avant de faire ce choix civique, ainsi qu'une volonté collective à faire avancer le pays. Il est indispensable de réussir des élections législatives répondant aux besoins de tous les Marocains.