La question du niveau d'endettement public tolérable a été abordée dans plusieurs travaux de la littérature économique. Ainsi, des études récentes de l'OCDE ont conclu que les niveaux d'endettement tolérables dépendent du niveau de développement du pays, mais en général un ratio de dette publique élevé, va de pair avec une moindre croissance. De son côté, le FMI2 ne propose pas de limites spécifiques mais recommande néanmoins la conduite d'une analyse plus rigoureuse des vulnérabilités lorsque ce ratio dépasse un certain niveau. Les travaux de Reinhart et Rogoff (2010)3, Reinhart et al. (2012)4 et Pescaroti et al. (2014)5 ont montré que dans les pays avancés, la croissance se détériore manifestement lorsque l'endettement dépasse 90% du PIB. En revanche, d'autres travaux notamment ceux d'Herndon6 et al. (2013) avancent qu'il n'y a pas de point d'inflexion particulier ou d'effet de seuil. La méthode de Reinhart et Rogoff en particulier, consiste à analyser le lien entre la croissance et l'inflation d'un côté et le niveau de la dette de l'autre. Elle présente l'avantage d'être applicable au niveau d'un pays pris individuellement. Son application au cas du Maroc, sur la base des données de la période 1982-2015, indique qu'un ratio d'endettement du Trésor dépassant 70% du PIB va de pair avec une baisse du taux de croissance et une hausse importante de l'inflation. L'exercice de simulation de l'évolution de la dette du Trésor sur la période 2016-2022 se base sur les prévisions budgétaires de la loi de finances 2016 et les perspectives macroéconomiques de Bank Al- Maghrib pour 2017. Pour le reste de la période, il est supposé un solde primaire permettant de converger vers un déficit budgétaire autour de 3% du PIB et la croissance est considérée comme endogène dépendant de l'impulsion budgétaire. Il ressort des simulations que la dette devrait commencer à baisser à partir de 2017. Elle devrait passer de 64,1% en 2015, à 65,9% en 2016 avant de revenir à moins de 65,5% en 2017. Toutefois, un choc négatif de croissance de 1 point de pourcentage à partir de 2017 se traduirait par une augmentation moyenne de la dette de 2 points par rapport au scénario de base.