Trois kamikazes ont fait exploser leurs bombes lundi près de mosquées dans trois villes d'Arabie saoudite, dont la ville sainte de Médine, une vague d'attentats suicide rare dans le royaume. Les autorités musulmanes ont condamné avec force l'attentat suicide sans précédent perpétré près de la Mosquée du Prophète, dans la ville saoudienne sainte de Médine, un lieu où toute violence est prohibée. Ces attaques, qui ont tué au moins quatre agents de sécurité, n'ont pas été revendiquées dans l'immédiat, mais leur mode opératoire rappelle celui du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué plusieurs attentats suicide meurtriers en Arabie saoudite depuis plus d'un an. En début de soirée, une attaque s'est produite devant la Mosquée du prophète à Médine (ouest), très fréquentée par les fidèles en ces derniers jours du ramadan, le mois de jeûne sacré, selon la chaîne de télévision à capitaux saoudiens Al-Arabiya. La télévision a montré des images de flammes se dégageant d'un parking proche de la mosquée, avec au moins un corps gisant à proximité. Médine est la deuxième ville sainte de l'islam après La Mecque. Quatre agents de sécurité ont été tués et cinq autres blessés dans cet attentat suicide, a annoncé un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur dans un communiqué. Quasi-simultanément dans l'est du royaume, un attentat suicide a été perpétré près d'une mosquée chiite dans la ville de Qatif, a ajouté le porte-parole, ajoutant que des restes humains appartenant à trois personnes avaient été découverts sur les lieux et qu'une enquête était en cours. "C'était un kamikaze, j'ai vu son corps déchiqueté", a indiqué l'un des habitants témoin de l'attaque dans cette ville de la Province orientale où vit la communauté chiite d'Arabie saoudite, pays sunnite. La vague d'attentats a commencé à l'aube à Jeddah (ouest) où un kamikaze s'est fait exploser près d'une mosquée qui est située à proximité du consulat des Etats-Unis. Deux agents de sécurité ont été légèrement blessés, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Aucun membre du personnel du consulat n'a été atteint, selon l'ambassade américaine à Ryad. Le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère, a indiqué dans un communiqué que le kamikaze était un Pakistanais de 30 ans, Abdallah Qalzar Khan, qui vivait depuis 12 ans à Jeddah où il travaillait comme chauffeur. L'assaillant était plus proche d'une mosquée située dans le secteur que du consulat des Etats-Unis, a-t-il dit. L'attaque, qui s'est produite le 4 juillet, jour de la fête nationale des Etats-Unis, a eu lieu à 02h15 heure locale lundi (23h15 GMT dimanche) sur le parking de l'hôpital Dr Suleiman Faqeeh, tout proche du consulat. Un homme a attiré l'attention des gardes de sécurité qui se sont approchés de lui. "Il a alors fait détoner sa ceinture explosive sur le parking" et il est décédé, a dit le ministère. Depuis fin 2014, les forces de sécurité saoudiennes et la minorité chiite du royaume sont souvent frappées par des attentats meurtriers revendiqués par l'EI. En mars 2015, l'ambassade des Etats-Unis a été fermée pendant plusieurs jours, de même que les consulats américains de Jeddah et à Dahran (est), pour des motifs de sécurité alors non précisés. En décembre 2004, le consulat américain à Jeddah a été la cible d'une attaque attribuée au réseau jihadiste Al-Qaïda. Des hommes ont ouvert le feu et lancé des engins explosifs sur le complexe, faisant cinq morts. C'était alors la première attaque contre une mission diplomatique dans le royaume. Le journal en ligne Sabq, proche des autorités saoudiennes, a qualifié ce qui s'est passé à l'aube à Jeddah d'"attentat manqué". Sur une photo diffusée par le journal, on peut voir une partie de corps humain gisant au sol entre un taxi et la portière ouverte d'une autre voiture, percée de multiples trous dus à des éclats. L'explosion s'est produite juste avant les prières de l'aube après lesquelles les musulmans entament leur jeûne quotidien pendant le mois sacré du ramadan. L'ambassade des Etats-Unis à Ryad a appelé les Américains à "prendre plus de précautions dans leurs déplacements" dans le royaume. L'Arabie saoudite, poids lourd régional, fait partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui mène la guerre contre l'EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites. Depuis plus d'un an, les autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d'islamistes radicaux. Elles ont annoncé en 2015 le démantèlement d'un groupe lié à l'EI avec l'interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens. L'EI a été proclamé comme "ennemi de l'islam" par le grand mufti Abdelaziz Al-Cheikh, la plus haute autorité religieuse sunnite d'Arabie saoudite. Le groupe jihadiste Al-Qaïda, aujourd'hui rival de l'EI, s'était livré entre 2003 et 2006 à une campagne d'attentats sanglants dans le royaume contre les symboles du pouvoir, les installations militaires et pétrolières et les expatriés occidentaux. Mais ce groupe a été ensuite décimé en Arabie saoudite par une implacable répression. Des renégats qui ont violé tout ce qui est sacré Cet attentat a été l'un des trois ayant frappé l'Arabie saoudite lundi, à la veille de la fin du ramadan. Ils n'ont pas été revendiqués dans l'immédiat, mais leur mode opératoire rappelle celui du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a mené plusieurs attentats suicide meurtriers en Arabie saoudite depuis plus d'un an. Cette attaque a provoqué l'indignation générale des responsables sunnites comme chiites, jusqu'en Iran, grand rival régional de l'Arabie saoudite. Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, basée au Caire, a condamné cet acte avec force et rappelé la "sacralité des lieux saints, particulièrement la mosquée du prophète". Mahomet a passé les dix dernières années de sa vie à Médine où il est mort en 632 et où il est enterré dans cette mosquée située à l'est de la ville. Le comité des oulémas saoudiens, la plus haute autorité religieuse du royaume, a qualifié les responsables de l'attentat de "renégats (...) qui ont violé tout ce qui est sacré". De son côté, le président de Majlis al-Choura (Conseil consultatif), Abdallah al-Cheikh, a souligné que "ce crime répugnant ne peut venir d'une personne ayant la moindre foi". L'Iran a pour sa part condamné "fermement le terrorisme sous toutes ses formes et partout dans le monde" et appelé à "l'unité internationale et régionale contre ce phénomène", selon Bahram Ghassemi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pour Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, "il n'y a plus de ligne rouge pour les terroristes. Les sunnites et les chiites seront victimes à moins que nous soyons unis". L'Iran et l'Arabie saoudite ont des relations conflictuelles et s'opposent à propos de toutes les crises régionales, notamment en Syrie et au Yémen. Ryad a rompu en janvier ses relations diplomatiques avec Téhéran après l'attaque de son ambassade dans la capitale iranienne. Le mouvement chiite libanais Hezbollah a vu dans cet attentat "un nouveau signe du mépris des terroristes pour tout ce que les musulmans considèrent comme sacré". En Irak, théâtre d'une vague de violences sur fond de tensions confessionnelles, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ahmed Jamal, a estimé que ces attentats "témoignent de l'idéologie déviante que portent les bandes takfiries (extrémistes sunnites, ndlr)". comme Daech" (acronyme arabe de l'EI). "Le terrorisme ne fait pas de distinction entre les religion, les peuples et les valeurs sacrées", a pour sa part dénoncé le Premier ministre turc Binali Yildirim, dont le pays a également subi une série d'attaques ces dernières semaines. Pour le mouvement islamiste sunnite palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, ces attentats sont "un défi pour les musulmans de par le monde et une provocation à leurs sentiments". Dans l'est de l'Arabie saoudite, un autre attentat suicide a été perpétré lundi près d'une mosquée chiite de Qatif, une ville de la Province orientale où vit la communauté chiite du royaume. Le ministère de l'Intérieur a précisé que des restes humains appartenant à trois personnes avaient été découverts sur les lieux. La vague d'attentats avait débuté lundi à l'aube à Jeddah (ouest) où un kamikaze s'est fait exploser près d'une mosquée située à proximité du consulat des Etats-Unis, blessant légèrement deux agents de sécurité. Le kamikaze était un Pakistanais de 30 ans, Abdallah Qalzar Khan, qui vivait depuis 12 ans à Jeddah où il travaillait comme chauffeur, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. L'Arabie saoudite, poids-lourd régional, fait partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui mène la guerre contre l'EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites. Depuis plus d'un an, les autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d'islamistes radicaux. Elles ont annoncé en 2015 le démantèlement d'un groupe lié à l'EI avec l'interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens.