Mais dès mon retour à Paris, nous avons obtenu (moi et Mahmoud) un contrat avec la maison Philips qui voyait en nous une vraie révolution artistique et culturelle à l'égard du monde arabe. De son côté, Younes avait signé avec Polydore. Le miracle étant accompli, car nous sommes devenus des idoles à tel point que nous fument invités à plusieurs reprises par feu le Roi Hassan II dans les festivités de la fête du Trône et de la fête de la Jeunesse, puis par le Président Bourguiba de Tunisie (1976). Entre temps nous avons participé au 1er Festival Panafricain au Gabon (1976) suivi d'une consécration bien méritée à l'Olympia. Ensuite, nous fumes sollicités par de nombreux Festivals internationaux, comme nous réalisâmes aussi des tournées en Europe, ce qui nous a donné plus de prestiges auprès de nos fans, de plus en plus nombreux. * Comment la jeunesse marocaine d'alors a-t-elle réagi envers ce succès ? Nous avons déclenché une véritable avalanche de réactions au sein de notre jeunesse maghrébine, surtout après l'apparition de notre premier 33 tours qui groupait des tubes comme « Sabbar, Galouli N'saha, Kellemtini, Hya Samra, Al Harib, Chaatiha nar, Ouroud u chouk, Ya Ma, Anti Sabab, Malak et Lili Touil qui avait obtenu le disque d'Or ». Nous étions les seuls artistes dont les chansons pouvaient être diffusées dans les chaines Nationales en français et en espagnol, à l'instar des stars de l'Occident. * Peux-on dés lors évoquer une véritable « Mégri mania » ? C'est un signe de réussite et de reconnaissance dans le monde de l'Art dans la société arabophone, où le « Luth » est souverain. Nous avons réellement influencé la jeunesse des pays arabes à tel point que la « Guitare » y a retrouvé ses lettres de noblesses. Ainsi, en créant une nouvelle culture musicale universelle, des chanteurs de renom (comme chb Khaled et bien d'autres) ont repris ou adapté certaines de nos œuvres en particulier « Lili Touil » qui a été plagiée par les Boney M. Or, dans toute l'Histoire de la musique du monde arabe Lili Touil est la première œuvre musicale à avoir été traduite en Anglais puis en Français, ouvrant une nouvelle ère de dialogue à l'échelle de la planète. C'est dire que la « Mégri mania » a bel et bien existé en espérant qu'elle vivra longtemps pour les générations futures (Inchallah). Et ce, avec le Flambeau des Mégri, Nasr, qui est déjà entré en lice en tant que nouveau Challenger talentueux de la World Music Arab, avec pour mission de pérenniser le Mouvement Musical Mégri. *Le « Rabab d'Or » s'est fait une place de choix dans la scène internationale. Quel est à votre avis son apport pour notre culture, sachant que vous en êtes l'instigateur en tant que Président fondateur du Comité National de la Musique ? Tout d'abord, le « Rabab d'Or » est parrainé par le Conseil International de la Musique (Partenaire Officiel de l'Unesco). Et comme nous sommes membre permanent de cet organisme de renommée mondiale, il est clair que ce Prix a hérité d'une notoriété internationale artistique et culturelle. Or, le « Rabab d'Or » a été créé pour consacrer les Stars du Monde arabe et jusqu'à présent plusieurs artistes de renom l'ont reçu depuis sa création en 2001. Donc, il a été octroyé en 2001 au moussiqar Abdelvvahab Doukkali, en 2002 au chantre à la voix d›or Abdelhadi Belkhiat, en 2003 au groupe international des Mégri (Hassan, Mahmoud, Younès et Jalila), en 2004 au légendaire groupe traditionnel des Nass El Ghiwane, en 2005 au âandalib Al Maghrib Abdou Chrif, en 2006 à la star-symbole de la Tunisie Lotfi Bouchnaq, en 2008 à la diva du monde arabe, Samira Said, en 2009 à la chanteuse syrienne Assala Nasri, en 2010 à la libanaise Nawal Zoghbi, 2011 à Najwa Karam, en 2013, au Roi du Rai cheb Khaled et en 2015 au leader de la musique Amazighe Idir. *Quel est son apport pour notre culture ? Je vous dirai qu'il met en valeur la richesse du patrimoine culturel de la chanson marocaine en consacrant ses Leaders au même titre que ceux des pays arabes. Par ailleurs, le Maroc sera dans l'avenir une référence fiable pour répondre aux attentes du CIM/Unesco sur le plan de la diversité culturelle à l'heure de la Mondialisation.