Le plus grand derby du championnat, dans un stade aux dimensions internationales, avec 50.000 sièges loin des spectateurs mérite réflexion. La honte et rien que la honte pour un football qui vient de se «professionnaliser». Un derby moribond, froid, sans saveur ni passion. C'est la mode au Maroc où les rencontres de football se disputent à huis clos. Au championnat, le RCA, le WAC, les FAR, l'IRT et le MAT ont déjà joué sans public. Devant des gradins vides, personne ne sait comment les joueurs sont motivés et de quel spectacle il s'agit. Comme le cinéma et le théâtre ou comme le récital de piano ou de musique classique, le football a besoin de cette « chaleur humaine », d'un public qui apprécie et qui applaudit. Dans les arènes de la corrida des taureaux en Espagne, le jury évalue l'évolution du « torero » par le cri des « olé !olé » des spectateurs. Cette observation permet de conclure qu'il ne peut y avoir de match de toutes les disciplines sportives sans public. En plus, la nouvelle mode de huis clos nuit à l'image de marque de tout un pays dans la mesure où la retransmission en direct est présente surtout sur les chaînes internationales. Dans le monde entier, l'on se demande ce qui se passe au Maroc, la terre de stabilité politique et de sécurité. L'état d'alerte dans les stades est inquiétant et explique qu'il se passe des choses qui ne sont pas normales. Faire disputer des rencontres du championnat à huis clos en Irak, en Syrie, à Afghanistan, en Palestine, au Yémen, peut se comprendre et être toléré mais au Maroc, inconcevable. Maintenant, la sonnette d'alarme a déjà retenti dans la trésorerie des clubs. Les comités des formations sanctionnées pensent que faute d'argent, ils ne peuvent continuer. Peut-on concevoir le meilleur derby marocain RCA-WAC ou WAC-RCA sans public pour priver les Casablancais d'une recette de 300 millions de centimes soit environ le quart du budget du club de toute la saison. De leur côté, les sponsors et les parrains sont mécontents à ce sujet et souhaitent la résiliation du contrat d'accord avec les équipes. Ils exigent que la marque qu'ils représentent soit visible par les 30.000 ou 40.000 spectateurs du stade. Ce qui veut dire qu'ils ne donneront plus un centime au football si la situation actuelle persiste. Un avertissement a déjà été adressé au Raja. Est-ce ainsi que l'on contribue à l'essor du football professionnel ? Il est clair que les nouveaux membres de la FRMF sont dépassés et ignorent vraiment où est l'intérêt du football national. A vrai dire, la question suivante est posée : « Les plus grandes équipes du pays, les meilleurs joueurs professionnels du Maroc méritent-ils de jouer à huis clos ? ». La sonnette d'alarme de l'avenir du football est déjà sonnée. Le marketing va-t-il tourner le dos au sponsoring, parrainage ou publicité au championnat de Botola. Le 120ème derby RCA-WAC s'est déroulé pour la première fois dans l'Histoire du football marocain dans un terrain neutre et sans public. Le Grand Stade de Tanger constituait un bon choix certes, mais avec les guichets ouverts, le match le plus important du championnat aurait attiré au moins 45.000 spectateurs, ce qui aurait donné une bonne fête. Le 3-0 est un résultat jamais connu dans un derby de Casablanca. Les deux formations visent le titre avec un Wydad très fatigué et un Raja récupérant la forme après un faux départ. John Toshak et Rachid Taoussi ont aligné leur formation type pour gagner les trois points. Aucune tactique défensive, aucun béton, et le jeu était ouvert d'un côté comme de l'autre. En voyant les gradins vides, en remarquant qu'il n'y avait ni le rouge, ni le vert, couleurs casablancaises, les joueurs semblaient peu motivés. Un visiteur de marque dans les tribunes; le sélectionneur national Hervé Renard venu inspecter les installations du complexe Ziaten à quelques semaines du prochain Maroc-Congo qui aura lieu à Tanger. Lui-aussi, il était déçu par l'ambiance du « silence » qui régnait au stade. En dépit de ces circonstances dites « atténuantes », le choc était plaisant à suivre. Chaque équipe eut sa mi-temps. Dans le premier half, le Raja était supérieur avec un trio Hachimi-Hafidi-Erraki ayant fait le travail des « titans » en se multipliant tantôt en défense, tantôt en attaque.Une mention spéciale pour le demi-centre Erraki le meilleur de tous les « acteurs ». A la 19ème minute, un centre de Hachimi et un joli coup de tête de Ossagouna avec le ballon au fond des filets de Laâroubi qui ne pouvait rien faire. Le 1-0 motivait davantage les poulains de Rachid Taoussi : domination de la rencontre avec un danger permanent dans la surface de réparation du WAC où la défense était intraitable avec un grand duel des deux africains Fall et Ossagouna. A la 42ème mn, une offensive collective menée par toute l'attaque rajaouie permettait à Hafidi de tromper la vigilance du goal pour aggraver le score. Le 2-0 était un score fatal pour les aspirations du leader du championnat. En deuxième mi-temps, il y avait un changement total dans le « décor ». Le WAC était supérieur sur tous les plans. Une domination qui aurait pu donner un meilleur résultat. Plusieurs fois, Fabrice Ondama, Nakkach et même le défenseur Fall étaient sur le point de réduire le score. Mais en face, se tenait une défense sûre autour d'un keeper qui ne laissait rien passer surtout dans les balles aériennes. Avec deux changements effectués Nejmi et Keita à la place de Hadad et de Hajhouj, les hommes de John Toshak méritaient mieux. Avec un peu plus de chance et surtout de calme et de sang froid, ils auraient pu marquer un ou deux buts. Le Raja n'était pas replié en défense pour défendre les deux buts d'écart et ses contre-attaques étaient très dangereuses. A la 92ème mn, un coup franc tiré par le « maître » Issam Erraki donnait le troisième but à son équipe à la suite d'un tir magistral à la manière « Messi ». Bien qu'il y avait un peu plus de bonne volonté des Wydadis dans le second half, le Raja a mérité sa victoire. A signaler le bon arbitrage de l'arbitre international Bouchaïb Lehrech avec une expulsion Hachimi Raja pour double carton jaune à la 87ème minute.