« Ça suffit ». L'expression est du collectif d'association et des syndicats au Tchad appelant, purement et simplement, Idriss Deby à ne pas être candidat à un 5ème mandat le 10 avril prochain. C'est-à-dire ce dimanche où les Tchadiens se rendront aux urnes pour élire leur Président. Si l'alternance est le mot d'ordre scandé par les anti Idriss Deby, derrière cette mobilisation, on ne peut s'empêcher de voir dans cette démarche une manœuvre politicienne inavouée visant à déstabiliser le pays. Les 26 ans passés au pouvoir du chef de l'Etat tchadien ne peuvent constituer, en aucun cas, un argument fort pour réclamer le retrait de Deby dans la course à la magistrature suprême puisque la Constitution lui permet de briguer un nouveau mandat. Les partis d'opposition tchadiens étalent-ils à la face du monde, et au grand jour, leur incapacité à battre leur challenger Deby dans un débat démocratique à travers une élection présidentielle crédible et transparente ? La question mérite d'être posée quand on sait que les treize candidats en lice pour la présidentielle face à Deby, de ce dimanche, n'ont rien trouvé de mieux que de se répartir le Tchad en zones ethniques pour mener campagne là où telle région ou telle autre est favorable à tel chef de parti d'opposition comme si les Tchadiens ne votent pas en fonction des programmes mais selon leur appartenance tribale. C'est là où l'initiative du collectif d'association et des syndicats « Ça suffit » est dangereuse et inquiétante. Car elle est sectaire et donc condamnable, antidémocratique et contraire à l'esprit de fair-play. Elle mène tout droit le pays vers des violences qui peuvent déboucher inexorablement sur des conflits tribaux ou ethniques. N'ayons pas peur des mots. On n'en a vu ailleurs quand les politiciens se sont abrités derrière cette appartenance de clans. En effet, si ce mouvement voulait de l'alternance, pourquoi est-il aller en rang dispersé dans une élection présidentielle ? Pourquoi ne pas désigner une seule candidature face à Idriss Deby afin de le juger par le peuple tchadien sur son bilan durant les quatre de siècle de gestion de pouvoir ? On peut multiplier ce genre de questionnements...Mais la réponse est là : généralement, les partis d'opposition en Afrique ne sont d'accord que pour contester après un vote. Jamais ils n'ont su adopter une stratégie commune pour conquérir le pouvoir. Sinon comment demander à un chef d'Etat, constitutionnellement en place, de se retirer parce qu'il a duré au pouvoir, fut-ce de 26 ans ? L'argumentaire des partis d'opposition tchadiens ne tient pas la route. En réalité, c'est la peur des urnes, la peur du verdict populaire qui les hante. « Ça suffit » ne suffit donc pas. Il faut le prouver et pour ça le mouvement anti Deby n'as pas de réponse !