Lors de son fameux périple à Tindouf et à Alger, le Secrétaire général de l'ONU, outre l'utilisation du terme «occupation», son geste activiste du signe de la victoire et son inclinaison devant le drapeau de la fantomatique RASD, avait commis un autre impair navigant à contre-courant des décisions du Conseil de sécurité de l'ONU. Ban Ki-moon a en effet jugé malin de déterrer l'option du référendum alors que cette dernière n'est plus à l'ordre du jour depuis que l'instance onusienne a conclu, aux débuts de la dernière décennie, à l'impossibilité de l'application de la consultation référendaire pour des raisons tout aussi techniques qu'objectives et avait commencé à envisager une solution politique négociée. Dans le sillage de la crise provoquée par Ban Ki-moon avec les autorités marocaines, la question du référendum, ou plutôt de sa caducité, s'est imposée, avant-hier mardi, lors d'une projection-débat au Parlement européen tenue autour du développement du Sahara et de la proposition d'autonomie. De hauts responsables marocains ont, à l'occasion, pédagogiquement expliqué que cette option n'est et ne peut plus être à l'ordre du jour. «Le Maroc n'a pas peur du référendum et c'est lui qui l'avait proposé», a précisé, à juste titre, M. Samir Addahre, ambassadeur du Maroc en Belgique qui a expliqué que cette option a été abandonnée par l'ONU du fait de l'entêtement du Polisario et de l'Algérie qui s'opposent à tout recensement des populations concernées, un préalable nécessaire au référendum. Tout en fustigeant le très troublant refus de l'Algérie de permettre le recensement des populations des camps de Tindouf, M. Addahr a rappelé que sur les 65 conflits que l'ONU a eu à traiter lors de toute son histoire, quatre seulement ont été résolus par voie référendaire et qu'aucun de ces quatre conflits ne devait passer par la case de l'identification du corps électoral, d'où la complexité du cas du Sahara. L'on ajoutera à ces considérations opportunes et dûment argumentées, la logique sur le terrain où les populations, attachées à leur marocanité, participent activement à la vie politique, économique et sociale de leur pays et n'attendent que la levée des barrières imposées à leurs frères séquestrés à Tindouf pour jouer à l'unisson la partition de l'unité nationale. Le Maroc, faut-il le rappeler, avait récupéré ses provinces sahariennes il y a de cela quarante ans conformément à la légalité internationale, fort de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice reconnaissant l'existence de liens historiques et ancestraux entre les populations du Sahara et le pouvoir central marocain. Le royaume n'était à aucun moment obligé de se laisser enliser dans un processus à chaque fois entravé par ses adversaires. Si notre pays avait proposé un référendum, c'était uniquement pour mettre un terme, internationalement, à un conflit monté de toutes pièces par l'Algérie et confirmer aux yeux du monde entier la marocanité du territoire. Mais, devant l'inapplicabilité du référendum, notre pays n'a pas pour autant fermé la porte du dialogue et s'est montré très coopératif avec l'ONU en adhérant sans réserve à l'idée d'une solution politique qu'on avait appelé troisième voie. Un «accord-cadre sur le statut du Sahara» fut proposé en juin 2001 par James Baker préconisant la délégation par le Maroc de certaines de ses compétences juridiques à une autorité décentralisée, de manière à permettre à celle-ci de gérer ses propres affaires. Avec, toutefois, la nécessité de tenir compte de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Maroc ainsi que des spécificités de la région. Une perspective qui promettait, d'autant plus que Rabat affichait sa ferme résolution à poursuivre le développement et la mise en œuvre des principes démocratiques et de décentralisation sur l'ensemble du territoire national, dont bien entendu les provinces sahariennes. Seulement, fidèles à leur habitude à chaque fois que les choses se mettent à bouger, l'Algérie et le Polisario avaient rejeté l'accord-cadre et le plan Baker I et se sont ingéniés à les torpiller. L'opinion internationale avait même eu droit à une bizarroïde proposition algérienne de «partage du territoire». Proposition ridicule qui fut énergiquement critiquée par plusieurs officiels et observateurs internationaux acculant Alger à faire marche arrière sans se départir toutefois de sa fâcheuse tendance à vouloir, à chaque coup, faire ramener les choses à la case départ. Le dossier, miné ensuite par un plan Baker II aux antipodes du premier, a traîné jusqu'à ce que le Maroc, toujours entreprenant, présente en 2007 sa proposition d'autonomie élargie qui a reçu l'approbation de la communauté internationale en y voyant une initiative sérieuse et crédible. Malheureusement, au lieu d'inciter les parties à considérer cette proposition, la seule qui vaille devant la caducité du référendum, en en faisant une plateforme de réflexion et de travail, Ban Ki-moon l'a quasiment ignorée depuis son arrivée à la tête du secrétariat général de l'ONU pour choisir, en fin de mandat, le retour forcement stérile à la case départ, avec tout ce que cela suppose comme risques pour la sécurité et la stabilité des régions sahelo-saharienne et nord-africaine.