Les directions des cinq organisations syndicales : UMT, CDT, UGTM, FDT et SNE Sup, ont tenu hier au siège de la CDT à Casablanca un point de presse au cours duquel elles ont dévoilé le programme de lutte commun après que le gouvernement "ait affiché une fin de non recevoir" à leurs actions précédentes et à leurs revendications. Ce programme de lutte, étalé dans le temps et dont les étapes seront déclinées au fur et à mesure, débutera par l'organisation d'une marche ouvrière nationale qui aura lieu à Casablanca le dimanche 3 avril 2016, suivie de la commémoration en commun de la fête du travail le 1er mai prochain. D'autres formes de lutte seront ensuite mises au point par les directions et s'étaleront sur trois mois. Les cinq syndicats, qui estiment que les problèmes et les attentes de la classe ouvrière et de l'ensemble des couches populaires s'aggravent en raison de la hausse des prix, de la dégradation du pouvoir d'achat et du gel du dialogue social en tant que mécanisme démocratique à même de permettre la réalisation de la justice sociale, promettent une marche grandiose à la hauteur de la grogne ouvrière et populaire contre la politique de paupérisation de l'ensemble des citoyens. De même qu'ils estiment que leur action commune est l'expression même de cette grogne et de la profonde préoccupation du mouvement syndical national face à la situation sociale, économique et politique. Les cinq syndicats sont revenus sur la grève générale du 24 février dernier à laquelle tous les syndicats marocains ont adhéré, "à l'exception du syndicat affidé au gouvernement", ce qui est en soi un indicatif de son grand succès traduit par un taux de participation de 88, 4%. Pour plus de détails, les centrales syndicales protestent contre : - La dégradation du pouvoir d'achat des salariés et de l'ensemble des citoyens ; - Les augmentations ahurissantes des prix des produits alimentaires de base et des factures d'eau, d'électricité, des transports... ; - Les atteintes au secteur privé, son démantèlement et sa privatisation ; - L'occultation du dialogue collectif aux niveaux national et sectoriel ; - La faiblesse de la couverture sociale pour certaines couches sociales et son absence totale chez d'autres ; - La répression des libertés syndicales, les poursuites judiciaires contre les responsables syndicaux et leur licenciement ; - La non adoption d'une politique sociale propre à résoudre la problématique du chômage et de l'emploi, ajoutée à l'encouragement de l'emploi précaire et de la sous-traitance ; - Le non respect des engagements et promesses du gouvernement envers les travailleurs marocains ; - Les atteintes aux acquis sociaux, la Caisse de Compensation en tête, et l'entêtement à écorner les acquis en matière de retraite. Quant aux revendications, elles visent à : - Améliorer le revenu de tous les salariés, fonctionnaires, employés, artisans et professionnels de tous les établissements et administrations publics, semi-publics et privés, dans les secteurs agricole, industriel et commercial ; - Consacrer une augmentation générale des salaires, des allocations familiales, l'application de l'échelle mobile des salaires et l'augmentation des pensions de retraite ; - Faire baisser la pression fiscale sur les salaires ; - Mener une réforme globale du système de retraites et renoncer aux décisions iniques du gouvernement à l'encontre des salariés ; - Protéger les libertés syndicales ; - Veiller à assurer l'obligation de déclarer les salariés à la CNSS ; - Promouvoir et améliorer la situation de la femme et des jeunes ; - Satisfaire les revendications sectorielles et catégorielles et asseoir les bases des négociations au niveau des secteurs professionnels.