Il est révolu le temps où l'artiste peintre était seul maitre de sa discipline. Le temps où on se posait cette question clef qui ouvrait les portes de l'apprentissage au plus cartésien L'art est-il un don ou une pratique basée sur l'apprentissage ? Au fait, il n'est ni l'un ni l'autre, tant que la nécessité de créer n'a pas lieu. Comme l'a souligné le grand artiste Kandinsky, « Il n'y a pas d'art sans nécessité intérieure ; on ne peut développer un champ de créativité qui ne soit composé de contraintes, ce qui nous ramène à vouloir définir et s'approprier le mot « contraintes », sachant bien qu'en fin de compte ,ce sontces mêmes contraintes qui finissent par donner une forme à notre art. La liste des contraintes est longue et diverse, mais elle est réelle, ce qui met l'artiste dans une position sincère face à son art. Et c'est à ce niveau que toute l'approche change, et où l'artiste se dégage de l'apprenti et de l'artisan, malgré leur possible similitude au niveau de la pratique des métiers de l'art. Le processus de créativité prend sa valeur esthétique dans la manière, la démarche, la conception singulière et unique de transformer ses contraintes socioéconomiques, politiques et culturelles en produits artistiques. La pratique de l'art ne doit en aucun cas se limiter à des actions d'imitation et de reproduction. Cela dit, toute reproduction ou imitation est acceptable à sa juste valeur, car tout apprentissage passe par des canaux qui priment l'observation et les moments d'écoute comme base essentiel aidant à la constitution d'une mémoire clef qui développe l'imagination et la créativité. Un besoin indispensable à l'homme Apprendre est un besoin indispensable à l'homme et c'est grâce à la qualité de cet apprentissage que se dégage la grandeur de toute société, d'où, ce respect que porte telle personne à une autre ou tel groupe a l'autre ou telle société à telle société. De là, la pratique de l'art doit rentrer instinctivement dans la dimension de masse ce qui suppose une nouvelle démarche et un nouveau enjeux politique permettant de démocratiser cette pratique ,non pas dans le but de faire de tout le monde des artistes, mais de faire des membres de la société des individus capable de comprendre et de sentir l'art capable de mener une discussion simple et instinctive dans un domaine qui rend notre échange intellectuel basé sur la grandeur d'un discours qui mène à la paix de l'âme . On a toujours dit que la musique adoucie les mœurs, en fait c'est tout l'art qui adoucie notre comportement et rend notre communication fluide et digérable et c'est dans ce sens qu'on doit orienter notre apprentissage si on veut vraiment investir dans L'homme de demain et sans faire de distinction sociétale car avoir un peintre en bâtiments qui a le sens des couleurs est beaucoup mieux qu'un simple exécutant . Dans sa mutation, le Maroc connait un engouement positif au niveau de certaines pratiques jadis limitées aux hommes ou un groupe très restreint de familles aisées. Aujourd'hui, on voit hommes et femmes ,enfants et adultes ,riches et pauvres se partager les mêmes affinités ; faire du sport , prendre le temps de manger dehors ,en famille ou en groupe, se permettre des voyages pour le plaisir familial, former des groupe pour telle ou telle action caritative ou autres . Démocratiser la culture Heureusement, L'art n'est pas épargné dans cet engouement et on peut même dire qu'on est allé dans la quantité, un travail spontané de masse est en train de se former ,comme si un processus de prise de conscience s'est déclenché de lui-même, on est sur le bon chemin, reste à définir la qualité de notre art et de là, a encadrer de part et d'autres cette pénétration massive ,dans les domaines artistiques, et qui finira tôt ou tard par donner ses fruits. Comme on a besoin de soigner son physique, on a aussi besoin de soigner son âme. Nos communes doivent impérativement se pencher sur ce qui fait un environnement sain et valoriser une politique urbanistique de qualité, musée, salle de théâtre, salles d'exposition, des ateliers pour apprentissage des métiers d'arts doivent côtoyer les hôpitaux, les écoles et les mosquées. Les politiciens doivent penser à la masse comme une entité sociale complète, l'art est un indicateur fort qui nous oriente vers ce changement qui s'opère à notre insu. Prenons le train en marche tant que les choses se font en beauté et par la production de la beauté... Ne sous estimons en rien le produit immatériel, son impact sur l'économie national est d'une grande valeur car il est l'image même de notre culture. Aujourd'hui, le secteur de l'art connait une très forte progression. Depuis les années 2000, le nombre des peintres a triplé ou quadruplé, sinon il s'est multiplié par dix ! Tout le monde court derrière son chevalet, comme si la pratique de l'art se limitait au geste de peindre ,mais peindre quoi ,pour qui ,quand et ou ,beaucoup de questions cherchent réponse ce qui met la masse devant une réalité autre que celle de développer la pensée créative. Une autre réalité est en train de naitre, une autre manière de défendre son statut social et être présent dans la société comme acteur actif voit le jour- intellectuel et artiste- parfois sans aucune qualification, comme d'ailleurs est le cas pour plusieurs secteurs. mais ce que nos jeunes peintres ne savent pas ;c'est que de l'autre coté ,il y a un produit qui les cautionne et de qui dépend leur vraie qualification ,il y a d'autres personnes pour soutenir ce qu'ils font et qui parfois orientent leur créativité –entre l'artiste, l'œuvre et le spectateur, c'est toute une politique qu'il faut instaurer pour valoriser le domaine de l'art. De là, l'équation génération est à prendre au sérieux; des générations qui se nient entre elles ,par ignorance ou par orgueil ,les jeunes artistes qui ne reconnaissent pas les efforts de leur prédécesseurs .ils sont tellement dans la pratique pure et simple de la peinture ,ignorant tout les canaux qui mènent vraiment à la créativité pour ne se préoccuper que du titre d'artiste, comme quoi ;l'art est dans sa juste imitation. Même la masse à besoin d'un noyau qui lui serve de moteur de rotation, les idées ont besoin de respirer, et leur respiration ne peut s'opérer que dans un cadre professionnel permettant une mutation transcendante des idées. ainsi ; dans tout cet engouement, la présences de personnes qualifiées dans la scène culturelle et artistique est des plus demandé si on veut tirer un juste profit de cette attitude positive et donc ; galeries, musées, espace de créativité, restent les seule lieux privilégiés si on veut vraiment permettre a notre créativité de s'épanouir dans le sens naturel des choses. Ne faisant pas de notre culture un simple produit artisanal vendu par les commerçants ambulants. Revaloriser notre créativité tout en gardant cette approche de masse, demande un encadrement, un suivi et une remise en place, donc, une politique au même titre que tout autre secteur régissant notre statut social. Et là, on revient à la question clef : qui peint, pour qui et pourquoi ? *Artiste plasticien chercheur