Les négociations pour éviter une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne entrent dans le dur vendredi, avec une visite de David Cameron à Bruxelles avant que les Européens ne mettent leurs propositions sur la table. Le Premier ministre conservateur britannique, réélu en mai 2015, a promis d'organiser d'ici fin 2017 un référendum qui pourrait déboucher sur un "Brexit", une sortie de son pays de l'UE, qui se traduirait par une nouvelle crise majeure au sein de l'Union. Cameron exige de ses partenaires européens des réformes dans quatre secteurs, dont la plus controversée vise à décourager l'immigration intra-européenne, en particulier des pays de l'Est ("le plombier polonais"). Les sondages donnent actuellement une courte avance aux partisans du "Brexit" (contraction de "British Exit", soit la "sortie britannique" de l'UE). M. Cameron a annoncé début janvier que les membres de son gouvernement -dont certains sont notoirement eurosceptiques- seraient libres de faire campagne pour ou contre. Cette consultation à haut risque pourrait être organisée dès le mois de juin, à condition que M. Cameron trouve un terrain d'entente avec les 27 autres chefs d'Etat et de gouvernement européens sur ses revendications - qui concernent aussi la zone euro ou la compétitivité - lors d'un sommet à Bruxelles les 18 et 19 février prochains. "La campagne référendaire (britannique) sera en fait sur l'Europe et dans toute l'Europe (?) On peut penser que Cameron peut avoir la plupart des choses qu'il demande mais il a lancé un processus qui est plus grand que celui qui va atterrir", observe une source diplomatique européenne. "on sait qu'en général, un référendum se fait sur un objet et se joue sur un autre. Ce que je crains c'est qu'en réalité, solution ou pas, la vraie question sera contre l'Europe", s'inquiète cette source. M. Cameron partage un déjeuner de travail vendredi à la mi-journée à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant de rencontrer le président du Parlement européen, Martin Schulz. -L'exécutif européen est à la manoeuvre pour trouver des solutions aux demandes de réforme de l'Union réclamées par M. Cameron - une "task force" présidée par un haut fonctionnaire britannique a même été mise sur pied pour mener les négociations -, mais celles-ci doivent être formulées en début de semaine prochaine, sans doute lundi, au nom des 28 par le président du Conseil européen, Donald Tusk. M. Tusk, ex-Premier ministre polonais, doit lui être reçu par M. Cameron au 10, Downing Street dimanche soir, signe que les tractations sont dans la dernière ligne droite. L'objectif ? "Discuter" avant que le président du Conseil européen "ne finalise sa proposition couvrant les quatre points" soulevés par M. Cameron, a expliqué un porte-parole de M. Tusk. "Nous aimerions avoir un accord en février, mais notre but ultime c'est d'obtenir le meilleur accord possible. Si on ne l'a pas en février, on attendra la prochaine fois", a nuancé jeudi un porte-parole de M. Cameron. Un autre sommet européen est prévu en mars. M. Cameron, qui a annulé une visite en Suède et au Danemark prévue cette fin de semaine pour venir à Bruxelles, se rendra également à Hambourg (Allemagne) le 12 février pour s'entretenir avec la chancelière Angela Merkel. Sa demande la plus controversée concerne les aides sociales aux immigrants issus de l'UE venant travailler au Royaume-Uni: M. Cameron voudrait imposer un moratoire de quatre ans avant tout versement, afin de décourager l'immigration économique intra-européenne. Cette exigence, jugée "discriminatoire", se heurte à la libre circulation des biens et des personnes, un principe fondateur de l'UE. Les tractations porteraient notamment sur un mécanisme de "frein d'urgence" dans le cas où les services publics britanniques sont débordés ou si la Sécurité sociale britannique est victime d'abus répétés. "Je suis ravi que d'autres en Europe prennent en compte cette question désormais, et examinent des alternatives fortes à ma proposition", a commenté jeudi soir David Cameron, lors d'une visite à Aberdeen (Ecosse). M. Cameron demande par ailleurs des garanties que le renforcement annoncé de la zone euro ne se fera pas au détriment des pays qui ne sont pas membres de ce club, et donc de l'omnipotente City de Londres. Il veut enfin relancer les chantiers pour améliorer la compétitivité de l'économie européenne et regagner en souveraineté en octroyant davantage de pouvoirs aux parlements nationaux.